Le Collectif Autisme Maroc tient une session de formation jusqu'au 26 janvier à Rabat au profit des professionnels de la santé et de l'éducation de toutes les régions du Maroc. Au cours de cette session, plusieurs thématiques sont abordées, notamment le système de communication par échange d'images et le comportement verbal, les stratégies d'apprentissage et le développement des habiletés des personnes autistes, l'analyse appliquée du comportement, les stratégies d'enseignement et les programmes éducatifs individualisés. Al Bayane : Dans quel cadre s'inscrit cette session de formation organisée par le Collectif Autisme Maroc ? Soumia Amrani : Le Collectif autisme Maroc est un réseau national de 32 associations de parents de personnes autistes. Nous travaillons sur les droits des personnes autistes, apportons le soutien à leurs familles à travers l'orientation, l'écoute et la formation et faisons un plaidoyer pour que l'autisme soit une question visible dans les politiques publiques, les budgets publics et les lois. En effet, cette session de formation s'inscrit dans la continuité de la campagne nationale de l'autisme que nous avons inaugurée en avril 2014 et qui avait pour ambition de plaider en faveur d'un plan d'action national de l'autisme. En 2015, nous avons organisé une campagne de communication et de sensibilisation sur l'autisme. Nous avons bénéficié du soutien de plusieurs institutions, en l'occurrence du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), du Ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Dernièrement, nous avons signé une convention de partenariat avec le ministère de la santé et la Délégation Interministérielle des Droits de l'Homme qui nous a soutenus dans l'organisation de cette session de formation. A côté de cela, la société Petromin a financé une partie de cette session. Cette session s'inscrit dans le cadre des efforts de la société civile pour renforcer les capacités des intervenants professionnels de l'éducation et de la santé des personnes autistes, favoriser l'accès à une éducation de qualité inclusive. L'objectif étant que les enfants autistes ne soient plus exclus du système éducatif ordinaire, qu'ils aient leurs places à l'école et qu'ils aient des enseignants formés et avertis qui connaissent l'autisme, les thérapies comportementales et les techniques d'apprentissage. Dans le cadre de cette session, nous travaillons aussi avec des professionnels de la santé et du domaine paramédical parce qu'ils sont en contact direct avec l'enfant autiste. Comment se porte l'enfant autiste marocain ? Très mal. L'enfant autiste au Maroc a beaucoup de mal à trouver sa place à l'école, dans les espaces de loisirs. Il y a un effort à faire de la part de toutes les parties prenantes pour que les enfants autistes soient pris en compte, pour que personne ne reste à l'écart par défaut de moyens financiers ou par éloignement régional. Tout doit être fait pour la mise en œuvre des droits de personnes autistes. Quelles sont les recommandations du collectif dans ce cadre ? Notre première recommandation est relative aux approches comportementales. Nous souhaitons que l'analyse appliquée du comportement et la communication alternative soient basées sur des approches institutionnalisées et officielles en matière de formation des professionnels de la santé et de l'éducation. L'objectif étant que toutes les personnes autistes aient accès à des services de qualité dans toutes les régions. La deuxième recommandation consiste à travailler avec les acteurs politiques et gouvernementaux pour que ce secteur soit structuré et réglementé et qu'il n'y ait plus des personnes qui s'autoproclament thérapeutes sans maitriser les techniques comportementales, sans avoir de certificats et sans respecter la déontologie des thérapies comportementales. Nous voulons que nos enfants soient protégés par la loi dans leur accès à leurs droits. Notre troisième recommandation est relative à la reconnaissance du métier d'auxiliaire de vie scolaire comme personne nécessaire dans l'autonomisation et l'inclusion des personnes autistes. Le collectif Autisme Maroc organise du 23 au 26 janvier une session de formation sur les stratégies d'apprentissage et de gestion du comportement des personnes autistes. L'inauguration de cet évènement a été donnée samedi dernier à Rabat en présence de plusieurs professionnels des secteurs de la santé et de l'enseignement. L'occasion de se pencher sur les différentes approches et méthodes ayant trait à l'enfant autiste au Maroc. Au menu de cette formation, plusieurs ateliers thématiques ont ouvert le débat sur les champs de l'éducation, de la santé, du paramédical et de l'associatif. «Ces sessions sont très intéressantes dans la mesure où les professionnels œuvrent pour la mise à jour de leurs compétences en matière d'accompagnement de l'enfant autiste», confie Jihane Zbadi, infirmière en psychiatrie. « A titre d'exemple, moi, je suis infirmière en psychiatrie mais je n'avais jamais reçu une formation sur la maladie, ni sur l'approche et la pédagogie relative à l'enfant autiste. Il faudrait que les programmes soient adaptés afin d'accompagner les changements», enchaine t-elle. «L'enfant autiste au Maroc n'a pas encore tous ces droits. Il doit y avoir des structures d'accueil. Des accords doivent être été signés sur l'accompagnement de l'enfant autiste et mis en œuvre». La session de formation intervient dans le cadre de la campagne nationale de l'autisme 2016. Elle s'inscrit dans le sillage du travail accompli par le Collectif ayant pour objectif l'implémentation des stratégies efficaces et efficientes dans le domaine de l'autisme. Cette session de formation vise également à croiser les idées et les expériences en matière d'autisme au Maroc.