Personne ne s'oppose à l'instauration de bonnes relations entre le Maroc et le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) comme il n'existe non plus de consensus dans les médias concernant la question de son adhésion à cet ensemble régional, a déclaré à Al Bayane Cheikh Abdallah Ben Zayed al Nahyane, ministre des affaires étrangères de l'Etat de Emirats Arabes Unis (EEAU). Dans une déclaration exclusive à Al Bayane à Abou Dhabi, en rapport avec la question de l'adhésion du Maroc au CCG, le chef de la diplomatie émiratie a indiqué en ces termes : «je précise qu'il n'existe personne qui s'oppose à l'instauration de relations extrêmement particulières entre les Etats du CCG et le Maroc (et la Jordanie). Toutefois, il se trouve qu'il n'y ait pas de consensus actuellement concernant l'adhésion de ces des deux pays frères au CCG en tant que membres de plein droit». Cheikh Abdallah Ben Zayed, qui se félicite des bons moments que traverse l'entente entre le Maroc et les Etats membres du CCG, a invité à « faire une distinction entre les relations exceptionnelles avec le Maroc et la Jordanie et la question de pleine intégration au CCG, puisqu'il s'agit à ce niveau d'une grande différence ». Après avoir cité les grands chantiers de coopération entre le Maroc et l'EEAU, il a considéré que «les Etats membres du CCG envisagent d'attribuer aux deux pays les meilleures opportunités en vue d'instaurer de fructueuses et exemplaires relations». Il a dans ce sens soutenu qu'il «fallait tirer la leçon de l'expérience de l'Union Européenne, qui avait ouvert ses portes à plusieurs Etats, et les conséquences de cette adhésion précipitée sur le futur de l'euro. Nous ne souhaitons pas que le CCG connaisse une situation pareille». Le ministre émirati a cependant confié à Al Bayane que les pas accomplis jusqu'à présent dans ce sens sont «appropriés et sages». D'autant plus, les pays du Golfe arabe aspirent à préserver «les relations effectives» existantes avec le Maroc, et aussi avec la Jordanie, en vue de garantir la stabilité économique et politique. En optant pour l'adhésion du Maroc au CCG, plusieurs facteurs objectifs ont été pris en considération, a signalé le chef de la diplomatie émiratie, citant particulièrement «la stabilité permanente des relations entre Rabat et les Etats membres du CCG», ainsi que «la stabilité de la situation aux plans économique et politique du royaume». Il a par ailleurs signalé le rôle que joue le CCG dans l'apaisement de la situation actuelle que traverse le monde arabe. «Le CCG assume un rôle central dans la solution des crises politiques que connaissent certains pays arabes». Toutefois, a-t-il signalé, il existe un consensus quant à la création d'une commission arabe pour examiner la situation dans les pays limitrophes de la Syrie et les incidences des sanctions arabes à son égard. L'EEAU ne fait pas partie de cette commission, a-t-il dit. S'agissant des relations avec l'UE, Cheikh Abdallah Ben Zayed a appelé les européens à ne pas laisser perdre l'opportunité de signer l'accord relatif à une Zone Franche avec le CCG dont les négociations durent depuis 22 ans. Il a cependant mis en garde que l'UE pourrait se convertir en «la grande perdante» au cas où la dilatation de ces négociations persiste eu égard à la disposition de nombreux groupements économiques régionaux, dont les asiatiques et pays tels la Chine, l'Inde ou l'Australie qui manifestent une réelle volonté de le faire. Le chef de la diplomatie émiratie a d'autre part apporté des précisions sur le projet de développement de l'énergie nucléaire par l'EEAU dont «la nécessité obéit aux besoins en énergie dans la réalisation des programmes de développement qui augmentent annuellement de 9%». Le programme du nucléaire et des énergies renouvelables a pour double objectif de garantir «nos engagements d'approvisionnement en gaz et pétrole à l'égard des marchés internationaux» et de l'appliquer à la désalinisation de l'eau de mer pour répondre aux besoins de la population en eau potable, a-t-il expliqué. Il s'agit, a dit le chef de la diplomatie émiratie, d'un «projet nucléaire pacifique pour démontrer qu'il est possible d'aboutir à une énergie propre» qui soit mise en application «à des fins économiques». D'autant plus, l'EEAU s'engage à n'«admettre ni l'enrichissement de l'uranium, ni le dépôt ni le recyclage des déchets nucléaires dans son propre territoire». Dans une autre déclaration à Al Bayane relative à la politique de l'emploi en EEAU, le ministre du Travail Saqr Ghabbach, a expliqué que son pays applique une politique en matière de développement humain en prenant en considération trois facteurs essentiels. Il s'agit des disponibilités en ressources pétrolifères, la conception de l'élément humain et la politique de l'emploi. Dans ce contexte, il a précisé que l'engagement de la main d'œuvre étrangère obéit aux besoins du développement et s'opère selon des paramètres bien précis relatifs aux conditions d'accueil et à la qualité de la main d'œuvre à solliciter. Pendant les dix dernières années, le nombre des travailleurs étrangers à l'EEAU est passé de 1,28 million en 2001 à 4,08 millions en 2008avant de chuter à 3,88 millions en 2010. A la suite du grand développement du secteur des infrastructures de base, qui avait nécessité une abondante main d'œuvre économique, a dit le ministre émirati, la politique de l'emploi se concentre désormais sur la meilleure manière de passer d'un modèle de développement en matière d'accueil de la main d'œuvre à un autre basé sur la cooptation des meilleures compétences. Les besoins actuels en main d'œuvre étrangère sont ventilés selon le niveau d'éducation avec une préférence pour les universitaires et détenteurs de diplômes de formation qualifiée. Toutefois, il a justifié le grand nombre de travailleurs peu qualifiés en EEAU par la création de besoins du collectif des immigrés économiques. «Chaque catégorie de travailleurs étrangers a besoin d'un type spécifique de services qui correspondent à leur pouvoir d'achat et à leurs ressources», a précisé Ghabbach. En matière de coopération économique et financière, ont indiqué pour leur part à Al Bayane des sources émiraties proches du ministère du développement économique et de la banque centrale que le Fonds de Développent d'Abou Dhabi a opté pour la contribution à divers projets au Maroc. Selon le rapport annuel de cette institution, le Maroc a été le grand bénéficiaire des actions entreprises en 2010 puisque sur les 11 prêts accordés, il en a obtenu trois dont celui de la contribution au financement du Train Grande Vitesse (TGV) Tanger – Casablanca. De même, cinq entreprises marocaines figurent parmi les 13 participations effectuées en 2010 par ce fonds. Encadré : L'EEAU célèbre, en ce début de décembre, le 40ème anniversaire de sa fondation, un évènement qui constitue l'opportunité d'exposer les grandes réalisations entreprises, la place qu'il occupe aux plans politique, financier, humain et économique dans la région et dans le monde ainsi que les grandes lignes de la politique de développement pour les prochaines décennies. Grâce à l'exploitation des potentialités naturelles, dont le gaz et le pétrole, il a été mis sur pied une impressionnante infrastructure qui a permis à l'EEAU de s'ériger en tant que grand pôle mondial d'affaires. C'est dans ce cadre qu'a été institué, en 2006, le projet de la «ville Masdar», comme une initiative stratégique en vue d'appliquer les solutions et techniques propres à l'environnement pour la production d'énergies renouvelables. Il s'agit d'une expérience pionnière destinée à appuyer l'économie de l'EEAU à travers la diversification des recettes et le passage au modèle économique du savoir tout en préservant les ressources naturelles. Il est désigné comme la «première ville zéro-carbone du monde» dans le désert d'Abou Dhabi. La Commission de l'Environnement Abou Dhabi est une autre institution qui veille à la protection des espèces animales, de l'écosystème, des espaces verts et du développement durable. Ses objectifs visent à réduire la consommation de l'eau. C'est dans un discours solennel, jeudi à Dubaï en présence des jeunes émiratis et de la presse internationale, que Cheikh Mohamed Ben Rashed Al Mektoum, vice-président de l'EEAU, président du gouvernement et Gouverneur de Dubaï, a parlé de la genèse de l'EEAU, des grandes étapes qu'a parcourues cette union et les phases de développement accomplies durant les quatre dernières décennies. Il a particulièrement insisté sur la place de la jeunesse, qui forme la majorité de la population, indiquant que le modèle émirati a atteint «sa maturité» dans la mesure où d'autres pays l'admirent et aspirent à l'appliquer. «Les plus importantes et significatives réalisations de l'EEAU concernent fondamentalement l'homme, particulièrement les jeunes», a-t-il dit en substance. Il a également repassé quelques moments difficiles qui avaient précédé la signature du traite de constitution de l'Union des émirats arabes unis, rappelant que feus cheikh Zayed et Rashed, s'étaient réunis sous une tente à Agroub Sdira à la frontière entre Abou Dhabi et Dubaï, en dépit des réserves des dirigeants du reste des émirats (Ach-Cahrika, Ajmane, Ras Al Khaima, Oum Quiouine, Alfoujaira. La constitution provisoire a été finalement conclue par les sept émirats le 2 décembre 1971, a-t-il précisé. En dépit de la crise économique mondiale, l'EEAU se situe au 18ème rang parmi les grands importateurs en acquérant en 2010 près de 170 milliards de marchandises (1,4% des importations mondiales). Contrairement à son image de producteur de carburants, le développement économique a permis aux activités non pétrolières de contribuer au PIB à hauteur de 70%