SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L'assiste, accompagné de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan et de SAR le Prince Moulay Rachid, a présidé, lundi au Palais Royal à Casablanca, la cinquième causerie religieuse du mois sacré du Ramadan. Cette causerie a été animée par Mme Widad Aidouni, membre du conseil local des ouléma de Tanger, sous le thème «Al Ijtihad entre les impératifs de la Charia et les nouveautés de l'époque» s'inspirant du verset : «S'ils la rapportaient au Messager (de Dieu) et aux détenteurs du commandement parmi eux, ceux d'entre eux qui cherchent à être éclairés, auraient appris (la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs du commandement)» (Coran). La conférencière a abordé quatre principaux axes dans son intervention : la définition de la notion de l'Ijtihad et les étapes de son développement jusqu'à l'apparition des doctrines islamiques, les techniques de l'Ijtihad et son évolution, la situation de l'Ijtihad au Maroc ainsi que les perspectives de l'Ijtihad à la lumière des développements de la société. Elle a souligné que la notion de l'Ijtihad signifie l'effort mental et intellectuel nécessaire pour parvenir à un jugement sur une affaire n'ayant pas fait l'objet d'aucun texte explicite du Coran ou de la sunna et d'aucune unanimité parmi les croyants, précisant que l'ijtihad est la voie idéale pour concilier entre religion et évolution de la communauté, suivant des critères et règles bien définis par les oulémas. Mme Aidouni a ajouté que la personne qui est investie de la mission de l'Ijtihad doit tenir compte de l'intérêt général et des besoins des croyants tant que la finalité de la chariaa est la réforme de la société et la lutte contre tous les méfaits et les manifestations du mal et de la dépravation. La mission de la personne chargée de faire l'interprétation des versets coraniques, a-t-elle dit, est d'en faire en sorte que l'intérêt de la société soit préservé, soulignant que tout ce qui est contraire à l'équité, à l'intérêt général et à la sagesse est aux antipodes de la chariaa. Selon Mme Aidouni, l'Ijtihad s'avère nécessaire pour éviter la stagnation qui met la religion dans une posture où elle ne peux plus satisfaire les besoins des croyants qui vivent dans une société en constante évolution et font face quotidiennement à des situations nouvelles, ainsi que pour mieux expliciter le message coranique et clarifier les questions qui peuvent surgir au gré de l'évolution de la communauté. La conférencière, qui a fait observer que le saint Coran compte plus de 300 versets qui incitent à l'ijtihad, a relevé que cette noble mission incombe uniquement aux érudits et aux ouléma qui sont bien au fait des questions doctrinales et qui jouissent des qualités intellectuelles requises pour appréhender les textes religieux. Elle a rappelé que plusieurs ouléma ont appelé à ouvrir grande la porte de l'Ijtihad depuis le 9ème siècle de l'hégire lorsque la communauté a senti le besoin de prendre position sur plusieurs nouvelles situations et comportements qui n'existaient pas auparavant. Selon Mme Aidnouni, les ouléma marocains n'ont pas été en marge de ce mouvement comme en témoignent les multiples livres d'histoire qui ont traité de cette problématique, citant plusieurs érudits marocains qui ont apporté leur contribution méritoire à l'interprétation des versets coraniques et à la compréhension du message divin. Le Royaume du Maroc, a-t-elle dit, s'est distingué par l'ouverture de la porte de l'interprétation devant les oulémas dans les domaines religieux, politique, judiciaire et administratif, mais dans le strict respect des préceptes de la chariaa aussi bien dans la Constitution que dans la bei'a, ainsi que les lois et conventions internationales en harmonie avec l'identité et l'évolution de la société marocaine. Cet effort d'interprétation s'illustre de manière éloquente dans les réformes introduites sur les règles constitutionnelles. Concernant les questions de la famille, elle a salué l'engagement de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, de veiller au respect de la dignité et des droits de la femme marocaine dans le plein respect des constantes et des préceptes de la religion musulmane, et dans le cadre de l'Ijtihad collectif, tant que les questions religieuses relèvent de la compétence d'Imarat Al Mouminine. Elle a rappelé dans ce cadre la décision de SM le Roi de mettre en place une commission chargée de réformer le Code de la famille qui a proposé les amendements nécessaires au statut de la femme, en mettant à contribution les érudits et les spécialistes, précisant que cet effort collectif a permis de surmonter plusieurs questions litigieuses. Elle a également évoqué la question de l'avortement, un phénomène inconnu durant les siècles derniers mais qui s'est posé devant la société marocaine, laquelle devrait clarifier sa position sur cette pratique sans renier son identité musulmane, soulignant que les ouléma et les spécialistes qui ont été associés à cet effort ont recommandé de criminaliser l'avortement sauf en cas de force majeure et dans certains cas qui présentent un grand danger pour la mère, la famille et le fœtus. Mme Aidouni a également relevé une autre manifestation de l'Ijtihad au Maroc, à savoir les fatwas émis par l'institution chargée des fatwa auprès du Conseil supérieur des oulémas, créée par SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, et qui émet des avis religieux sur plusieurs questions contemporaines en harmonie avec les finalités de la chariaa et les constantes de la religion musulmane, se félicitant dans ce cadre de la haute sollicitude dont SM le Roi, Amir Al Mouminine, accorde à l'Ijtihad et aux éminents érudits et alem qui s'en chargent, pour que la législation dans le domaine religieux reste à l'abri des désaccords et des conflits. A l'issue de cette causerie, SM le Roi, Amir Al Mouminine, a été salué par les professeurs Abdelkader Mbacké (Sénégal), professeur à l'institut Cheikh Ahmed des sciences religieuses, Mohamed Ninoui, l'un des ouléma des Etats-unis à Washington, Adelhadi Henricamp, professeur des études islamiques à l'université de Géorgie aux Etats-Unis, Nafaa Peres Ourila, de la jamaa islamiya à Mexico, Abdellah Ben Ali Salem, magistrat et ancien président du Conseil constitutionnel en Mauritanie, Mohamed Al Hafed Ould Salek, alem et poète, de la famille alaouite en Mauritanie, Cheikh Ahmed Ben Omar Tijani, l'un des ouléma du Ghana, le professeur Chouaib Abou Bakr, l'un des ouléma du Ghana, et Anas Mahmoud Khalaf Issaoui, professeur à l'université de Bagdad, et imam à la mosquée Cheikh Abdelkader Jilani à Bagdad.