Je vous propose de découvrir le roman de Philippe Bordas, Chant furieux, paru chez Gallimard. Photographe, Mémos est contacté par un éditeur pour suivre Zinedine Zidane jour et nuit, pendant trois mois, afin de réaliser un livre sur le champion en pleine gloire. Une connivence immédiate s'établit entre les deux hommes. Issus des quartiers difficiles, ils parlent la même langue. Par-delà le tourbillon de la vie de Zidane, prince des stades et idole médiatique, le roman raconte surtout la quête de Mémos, venu du parler rudimentaire et rageur des cités, parti à la conquête de la haute langue de Chrétien de Troyes, Rabelais, Saint-Simon et Céline. Tissé à l'intention d'un ami aveugle admirateur de Zinedine, qui n'a jamais vu son visage ni ses dribbles virtuoses, le récit de Mémos prend une dimension épique et flamboyante, pour devenir une chanson de geste moderne. Faisant revivre la bande de gamins dépenaillés débarquant jadis à la gare du Nord comme des barbares, il ne se contente pas de rendre hommage à ces êtres que personne ne défend, il leur offre une existence de pleine lumière et invente pour eux un français riche et vivant, réconciliant la langue d'en bas et celle d'en haut, autour de la figure mythologique et solaire de Zinedine Zidane. Philippe Bordas signe ici une œuvre littéraire d'une puissance exceptionnelle.