“Nous avons un besoin fondamental de former un lobbying censé défendre le rôle primordial de la culture, dans le cadre des politiques publiques, et d'élargir le champ de diffusion du livre dans les différents espaces sociaux”, a affirmé le président de l'Association marocaine des professionnels du livre (AMPL). Dans une déclaration à la MAP, Abdelkader Retnani, également directeur de la maison d'édition “La croisée des chemins”, a indiqué que les efforts dispersés des organismes de l'industrie du livre au Maroc ne permettent pas la concrétisation d'une force de pression nécessaire afin que le livre trouve la place qui lui échoit. Il a, dans ce cadre, souligné l'importance de se regrouper dans le cadre d'un front culturel qui permettra de communiquer avec les instances exécutive et législative, dans le but de réaliser des acquis avancés dans ce secteur vital. La représentativité de l'industrie du livre est répartie sur trois associations, mais l'essentiel est d'opter pour le même chemin, à savoir promouvoir le livre et le mettre entre les mains d'une plus large couche sociale, particulièrement les couches populaires, a-t-il ajouté. M. Retnani a évoqué, dans ce sens, les efforts déployés par des universitaires, éditeurs et écrivains qui œuvrent pour mettre en œuvre le programme: la lecture pour tous et méditer collectivement pour résoudre la problématique d'une lecture limitée au sein de la société marocaine. Il a mis l'accent sur la nécessité d'intégrer le livre au cœur de la culture nationale, puisque les expériences modernistes à travers le monde ont démontré que le culturel est une façade de support qui alimente le tissu économique et productif. Pour l'éditeur, les autorités de tutelle doivent assurer des bibliothèques pour la lecture des ouvrages dès l'enseignement primaire. Tout se fait à la base, a-t-il dit, indiquant qu'un enfant qui va évoluer, “soit il aura un rejet, soit il aura un amour pour le livre”. Il a appelé à rompre avec les discours théoriques relatifs à la désaffection des Marocains pour la lecture, estimant que l'importante affluence qu'a connue quotidiennement le dernier Salon international de l'édition et du livre infirme tous ces discours. “Nous voulons de la pratique. Nous voulons une suite rapide” , a relevé Retnani, qui a souligné qu'il est temps d'intervenir dans certaines écoles et certains quartiers déshérités . Le livre est un vecteur pour que la société se modernise encore plus, a-t-il affirmé, avouant que le livre permet de rêver, de fantasmer et de voyager même dans l'absence de moyens. En ce qui concerne les défis que présente le livre numérique pour les éditeurs au Maroc, le président de l'AMPL a indiqué que les professionnels sont prêts à en faire face mais refusent de l'accepter en tant qu'effet de mode. La technologie s'impose et il faut s'y adapter. Il y a des institutions marocaines en phase avec cette vogue technologique, mais nous devons faire face à d'autres problèmes prioritaires, qui consistent essentiellement en un manque d'espaces de lecture et qui sont liés à l'acte de lecture en lui-même, a-t-il dit. D'après cet éditeur, il faut prendre les choses par étape parce que l'important est d'inculquer la culture de la lecture dans la famille, l'école et les espaces publics. L'imprimante de Gutenberg est venue répondre à un besoin fondamental de l'être humain, un besoin qui existe toujours et qui ne peut être dépassé par la technologie, a-t-il précisé. Il y a beaucoup de cafés (...) et peu de librairies ou de bibliothèques, a-t-il conclu, estimant que les élus et les autorités publiques sont responsables de la création de bibliothèques municipales qui feront le bonheur des enfants, de l'auteur, de l'imprimeur, de l'éditeur et du libraire.