Mort «définitive» d'Ariel Sharon Les fils d'Ariel Sharon étaient tellement conscients de l'infernal destin qui attendait leur père dans l'au-delà, qu'ils ont misé gros pour retarder au maximum sa mort. Cela fait en effet huit ans et 7 jours chrono que le monde attendait l'annonce, d'un moment à l'autre, de la mort d'Ariel Sharon. Depuis l'attaque cérébrale qui l'a cloué à un lit d'hôpital le 4 janvier 2006, il était resté maintenu mordicus en situation de mort clinique. Finalement, face à un corps qui commençait à donner des signes de décomposition avancée, la mort «définitive» du boucher de Sabra et Chatila, il a été finalement décidé d'annoncer sa mort le plus rapidement possible. Ce qui fut samedi dernier à la non surprise générale. Un non événement peut-on dire, puisqu'Ariel a totalement «disparu» de la scène, 13 mois seulement après avoir assassiné le leader de la résistance palestinienne, Yasser Arafat. Mais Pour Sharon, comme à l'occasion de toute mort d'homme, certains hommages ne se sont pas fait entendre. Surtout du côté des grands de ce monde (pays occidentaux, Russie et ONU), qui ont grosso modo salué la mémoire d'un militaire «courageux» et d'un politique «pragmatique». Leur appel aux actuels dirigeants à s'inspirer d'Ariel Sharon pour aider à la création d'un Etat palestinien peut aussi paraître comme un non-sens, puisque justement le non regretté disparu était un fervent défenseur du Grand Israël, un slogan qui dénie tout droit des Palestiniens à un Etat. Pour les dirigeants palestiniens Ariel Sharon, et puisqu'il faut appeler un chat un chat, était un criminel dont ils regrettent qu'il n'ait jamais été traduit en justice pour ses crimes contre l'humanité. Non seulement pour avoir massacré, en 1982 à Beyrouth, plus de deux mille refugiés palestiniens dont des femmes, des enfants et des vieillards, mais aussi parce que, comme l'a déclaré Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, «Sharon était un criminel, responsable de l'assassinat d'Arafat, et nous espérions qu'il comparaisse devant la Cour pénale internationale (CPI) en tant que criminel de guerre». De son côté, le mouvement Hamas, au pouvoir à Gaza, a estimé que le décès d'Ariel Sharon était un "exemple pour tous les tyrans (...) Notre peuple vit un moment historique avec la disparition de ce criminel aux mains couvertes de sang des Palestiniens et de leurs dirigeants», a affirmé le porte-parole du Hamas, dont le fondateur et chef spirituel, cheikh Ahmad Yassine, a été assassiné en 2004 sur ordre d'Ariel Sharon. Human Rights Watch (HRW, une ONG américaine) a également jugé «regrettable que Sharon aille vers sa tombe sans répondre devant la justice de son rôle à Sabra et Chatila.»