Alors que les dirigeants de l'Union européenne et les représentants du Maroc, dont le ministre des Affaires étrangères Salahhedine Mezouar, se sont rencontrés lundi 16 décembre à Bruxelles, pour la 11e session du Conseil d'Association Union Européenne-Maroc, le futur Accord de Libre-échange Complet et Approfondi (ALECA), en négociation entre le Maroc et l'Union européenne (UE), donnera un élan plus fort au processus de réformes engagé par le Royaume. L'étude d'impact réalisée par le cabinet néerlandais Ecorys estime que l'ALECA, que négocient le Maroc et l'Union européenne, n'aura pratiquement qu'un « effet économique » limité pour l'Europe. Le Maroc, en revanche, devrait gagner plus de 1,3% de PIB. L'accord aura donc un effet positif d'un peu plus de 830 millions d'euros pour l'Union européenne à court terme. Ramené au PIB de l'UE (plus de 11.000 milliards d'euros), cela représente une goutte d'eau imperceptible. Pour le Maroc, dont le PIB est d'environ 88 milliards d'euros, l'effet serait plus marqué : 1,3 point de PIB à court terme (soit 1,1 milliard d'euros de PIB additionnel). L'analyse d'impact prévoit même 1,6 point de PIB à long terme. Le 11e conseil d'association UE-Maroc, réuni lundi à Bruxelles, a adopté formellement le nouveau Plan d'action de mise en œuvre du Statut avancé qui définit les objectifs et les actions prioritaires du partenariat privilégié entre le Maroc et l'Union européenne pour la période 2013-2017. Cette session a été coprésidé par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar et son homologue lituanien, Linas Antanas Linkevicius, dont le pays assure la présidence semestrielle de l'UE. Cette réunion a permis aux deux parties d'évaluer le bilan d'une année de coopération dans les domaines politique, stratégique, économique et social depuis le précédent conseil d'association qui s'est tenu le 23 avril 2012 au Luxembourg. Elle a été également l'occasion pour le Maroc et l'UE d'examiner la vision future de leurs relations et de donner un nouvel élan à leur partenariat. Une feuille de route Le nouveau plan d'action, finalisé fin 2012 et mis en application depuis janvier 2013 sur une base provisoire, sera l'outil de référence essentiel qui guidera les relations entre le Maroc et l'UE au cours des quatre prochaines années. Il fournit donc une feuille de route pour parvenir à une association plus poussée entre le Maroc et l'UE et un cadre plus large pour le renforcement des relations bilatérales afin de parvenir à un degré élevé d'intégration économique et d'approfondir la coopération politique. Le nouveau Plan d'action constitue de ce point de vue une étape importante du processus continu de renforcement des relations entre le Maroc et l'UE qui mobilisera tous les leviers, les mécanismes et instruments du Statut avancé. Concrètement, cet instrument favorisera la conception et la mise en œuvre de politiques et mesures visant à promouvoir la consolidation de l'Etat de droit, de la démocratie et des droits de l'Homme, la croissance économique, l'emploi et la cohésion sociale, la réduction de la pauvreté et la protection de l'environnement, contribuant ainsi à l'objectif à long terme du développement durable escompté. Le processus de préparation à la conclusion d'un accord de libre-échange complet et approfondi avec le Maroc a été très fructueux et l'UE espère que les négociations, lancées le 1er mars 2013 et qui sont aujourd'hui au 2e round, seront efficaces, ont affirmé les 28 Etats membres de l'UE dans la déclaration finale sanctionnant le 11e conseil d'association UE-Maroc. L'UE a rappelé dans ce cadre que l'ALECA vise à faciliter une intégration progressive du Maroc au marché intérieur européen, à travers l'harmonisation d'une manière graduelle de la législation marocaine avec l'acquis communautaire dans des domaines prioritaires, tels le commerce des services, les marchés publics, la concurrence et la protection des investissements. Un plan de convergence réglementaire Les membres de l'UE se sont félicités de "l'effort considérable" du Maroc dans le rapprochement règlementaire avec l'UE et exprimé leur souhait que le Maroc puisse élaborer, avec l'appui de l'UE, d'un Plan national de convergence réglementaire qui orientera ce processus de rapprochement législatif de manière stratégique. Mettant l'accent sur les améliorations intervenues dans le climat des affaires, chose qui conforte la création d'emplois par le secteur privé, ils se sont félicités de l'accroissement continu des échanges commerciaux entre le Maroc et l'UE. L'UE reste, de loin, le principal partenaire commercial du Maroc et continue d'occuper une place de choix dans ses relations extérieures. Depuis la mise en œuvre de l'Accord d'Association en mars 2000, les échanges commerciaux entre les deux parties ont connu une évolution positive passant de 13,5 milliards à 25,4 milliards d'euros en 2012, soit un taux de croissance annuel moyen de 7 %. La part de l'UE dans le commerce extérieur du Maroc au titre de 2012 est de l'ordre de 50,2% (47,3% au niveau des importations et 56,1% au niveau des exportations). Les investissements de l'UE au Maroc ont également enregistré une hausse de 21 % au titre de l'année 2012, en totalisant 1,6 milliard d'euros contre 1,3 milliard un an auparavant. Selon une étude menée par un cabinet de conseil privé pour le compte de la Commission européenne, l'ALECA devrait à long terme accroitre le PIB du Maroc de près de 1,6%, les exportations de 15 % et le pouvoir d'achat des Marocains de 1,6 à 1,9%. 2013 année de coopération remarquable Les douze derniers mois de coopération entre le Maroc et l'Union européenne ont été riches en réalisations faisant de 2013 une année remarquable, a affirmé, lundi à Bruxelles, le Commissaire européen en charge de l'élargissement et de la politique de voisinage, Stefan Fule. "Si je regarde les derniers douze mois de coopération entre le Maroc et l'UE, je peux dire que l'année 2013 était remarquable eu égard aux réalisations et aux résultats obtenus", a souligné M. Fule lors d'une conférence de presse à l'issue du 11ème conseil d'association Maroc-UE. Le commissaire européen a ajouté que les exemples qui illustrent cette belle réussite du partenariat Maroc-UE ne manquent pas, citant à ce propos le nouveau protocole de pêche adopté par le Parlement européen la semaine dernière, l'accord sur le Partenariat pour la mobilité signé en juin dernier et le mandat octroyé à la Commission européenne pour entamer les négociations avec le Maroc sur un accord de facilitation d'octroi des visas. M. Fule a fait remarquer à ce propos que l'accord sur la facilitation de délivrance des visas dénote de la relation particulière qu'entretient l'UE avec le Maroc, "le premier partenaire du sud avec lequel l'UE s'engage à conclure un tel accord". Le lancement des négociations sur un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) et les progrès enregistrés dans les négociations relatives à la protection des indications géographiques pour les produits agricoles sont autant de réalisations importantes, a-t-il dit. M. Fule a également affirmé que le Maroc reste l'un des plus grands bénéficiaires de l'assistance de l'UE dans la région avec plus de 708 millions d'euros d'engagements pour la période 2011-2013, notant qu'une partie importante de ces financements provient du programme SPRING (Soutien au Partenariat, à la Réforme et à la Croissance inclusive) en reconnaissance aux progrès réalisés par le Royaume dans le cadre des réformes démocratiques. "Notre objectif aujourd'hui consiste à renforcer et à approfondir nos relations bilatérales sur la base du Statut avancé à travers notamment le nouveau plan d'action commun 2013-2017 que nous venons d'adopter", a-t-il dit.