Le nationalisme et le militantisme ne sont pas du seul ressort de la politique, ils peuvent s'étendre à tous les domaines, a fortiori celui de la création, de la communication, bref, de l'art. Nombreux sont les comédiens qui ont investi la scène artistique avec comme seule ambition la célébrité. Aspiration légitime s'il en est. Toujours est-il que de par le monde, depuis la création du 7e art, les célébrités n'ont dû leur succès qu'à leur sueur, sacrifices et abnégation. Au Maroc, l'un des artistes types de cette frange, est feu Hassan Essakali. Sa carrière en dit beaucoup sur sa détermination à participer, avant toute autre considération, au décollage de l'industrie cinématographique dans notre pays. Pour ce faire, il n'a cessé de militer pendant toute sa carrière. Nationaliste et militant pour les causes nobles, c'est au «Al Masrah Al Oummali» qu'il débute et dont il est l'un des fondateurs, sous la férule de l'Union marocaine du travail (UMT). Cette troupe théâtrale a constitué, à vrai dire, aux côtés d'autres, le noyau de l'activité théâtrale au Maroc. Mais Hassan Essakali n'était pas le genre à se confiner dans une seule expression artistique, fût-elle le théâtre qu'il chérissait beaucoup. En fait, il a montré des prédispositions, dès son bas âge, pour le théâtre et le cinéma. Ce dernier n'a pas manqué d'emballer le jeune Hassan Essakalli, qui avait plus d'un atout : talentueux, beau, fort, athlète, il présentait toutes les qualités requises en plus de sa formation parfaitement bilingue. Faut-il souligner au passage qu'il était aussi poète, réalisateur et écrivain. L'histoire retiendra son refus d'interpréter le rôle joué par Omar Charif dans «Lawrence d' Arabie» en raison de l'image que le film donne des Arabes et des Musulmans. Dans ce sens, il était si engagé que les meilleures offres ne pouvaient l'appâter. Aussi, a-t-il dû s'éclipser complètement pendant des années lorsqu'il avait estimé que le théâtre déviait de sa mission. Et pour honorer cette mission, il fut également l'un des premiers à tenter de participer à l'organisation de l'activité théâtrale, en créant, en 1992, la Chambre des comédiens marocains. Après un passage à vide, il avait repris du poil de la bête grâce notamment à l'ouverture de la télévision sur la production nationale et la dynamique que connait le cinéma marocain ces dernières années. Il a ainsi pu étaler l'étendue de son talent et prouvé qu'il était l'un des meilleurs acteurs de son époque Maria Naciri La musique de tout cœur La scène musicale marocaine s'est beaucoup enrichie ces dernières années grâce à l'avènement d'une génération aussi talentueuse qu'inspirée; une génération qui a en plus su mettre à profit les nouvelles technologies. Mais avant l'arrivée de cette génération, d'autres chanteurs qui ont fait leurs preuves il ya plus de deux décennies ont plus ou moins réussi à se maintenir et, contre vents et marées, ils ont pu garder le cap et figurer, aujourd'hui, comme non seulement des vétérans, mais surtout des artistes qui ont sacrifié beaucoup de choses pour pouvoir être toujours aux devants de la scène. Maria Naciri fait partie de cette catégorie, elle, qui avait crevé l'écran dans les années 80 et qui n'a cessé, depuis, de se frayer son propre chemin mettent de côté toute autre considération. C'est dans l'émission «Musica» qui passait sur la première chaîne que Maria Naciri fut remarquée. Elle avait remporté le premiers prix et continué sur sa lancée d'interprétation de chansons occidentales. Mais le timbre de sa voix va lui imposer un autre itinéraire, l'itinéraire du blues, jazz, gospel, soul, disco, rock. Sauf que ces genres de musique, très élaborés et très compliqués, imposent un exercice de style ininterrompu et c'est ce qui a donné à Maria Naciri une force et une capacité d'adaptation remarquables. «Je suis pleinement satisfaite de mon parcours, car je pense avoir assez bien orienté mes choix, précise-t-elle. J'ai ciblé mon auditoire et ma façon de me produire. Je suis devenue, au fil des événements, une référence». En effet, Maria Naciri est une référence pour les agences d'événementiel qui mesurent parfaitement le succès de toutes ses apparitions à l'aune de la réaction du public. Et justement Maria peut se targuer d'avoir forgé son propre public et qu'elle s'est donné beaucoup de temps pour ce faire. Sa présence sur scène est imposante, sa voix veloutée, ses gestes mesurés, enfin tout ce qu'il faut pour conquérir le public le plus exigent. Seulement, pendant toute cette période là, Maria n'a jamais franchi le seuil de l'identité musicale et ne fait qu'interpréter, certes avec beaucoup de brio. Elle surfe avec beaucoup d'aisance sur toute la musique noire américaine, sur le rock et d'autres styles. Cette richesse se dresse, paradoxalement, comme un élément qui bloque car Maria ne peut s'aventurer sur quelque chose de personnel tant il est vrai que son professionnalisme la pousse à mettre la barre très haut. A cet égard, elle explique : «il y a toujours un point d'agacement, comme si je dormais sur mes lauriers et que je ne manifeste aucune ambition de sortir de l'ombre de la voix d'une vedette et que je me cantonne dans mon trip d'interprète ! » Et pourtant, explique-t-elle, «interpréter est un exercice de style, un vrai métier et un renouvellement sans cesse de répertoires pour ne pas lasser, arriver toujours au top vocal et mettre l'accent sur le répertoire qui conviendra à un concert, à une soirée caritative ou une soirée à thème.» La question de la production aussi pose un grand problème même pour Maria Naciri qui n'arrive pas un trouver un producteur qui sache investir dans des créations taillées à son tempérament et sa couleur vocale.» Je n'ai pas encore fait la rencontre musicale qui aura un aboutissement. J'ai passé, rappelle-t-elle, plein de castings à l'étranger. On m'a proposé des titres mais rien de percutant qui me corresponde vraiment. Alors au lieu de faire un bide, je préfère maintenir ma notoriété». En effet, Maria Naciri ne peut et ne pourrait avoir le droit à un faux pas, elle, qui occupe une place bien particulière dans le cœur des amateurs de bonne musique. Elle a eu à faire un choix et elle l'a fait et l'assume parfaitement bien. Il va sans dire que la vie est ainsi faite et il est dit qu'il est impossible de tout avoir. La satisfaction de soi, l'épanouissement et le succès pourraient demander bien de sacrifices.