Université marocaine L'enseignement de la langue française et de la communication fut intégré dans les curricula à l'occasion de la réforme universitaire entamée en 2003. Cet enseignement, avant cette date, était exclusivement réservé aux établissements supérieurs, à accès régulé. A s'en tenir aux descriptifs relatifs au module de langue et de communication, on comprend que ledit module s'assigne comme finalité de faire doter l'étudiant de compétences axées sur la communication orale et écrite. Le démarrage de ce module ne fut pas exempt de tâtonnements, d'autant plus que les établissements à accès ouvert étaient amenés à vivre une expérience inédite. Il a fallu quelques années d'expérimentation pour que des voix courageuses s'élèvent et procèdent à une évaluation objective de ce module et de son rendement. Partant d'une approche critique réaliste, il s'est avéré que l'enseignement/ apprentissage de la communication versait dans des généralités théoriques, ne répondant nullement aux véritables besoins des étudiants marocains, arrivant à l'université avec un certain déficit en matière de langue française. Le plan d'urgence a tenté de remettre les pendules à l'heure, et ce en renforçant et en harmonisant les contenus et les compétences de ce module transversal à toutes les filières, via un manuel universitaire, Cap université. C'est un document de travail destiné à mettre de l'ordre dans les pratiques pédagogiques et à assurer une cohérence didactique, inspirée en large partie du cadre européen commun de référence pour les langues. C'est grâce à cette méthode que la progression pédagogique semble être assurée du moment qu'elle répond aux descripteurs d'un niveau déterminé. Or, force est de souligner que l'efficience de cette méthode demeure hypothéquée par une panoplie de contraintes. Rares, en effet, sont les établissements qui, au moment de l'inscription pédagogique des bacheliers, procèdent à un test de positionnement. Lequel est censé permettre de dégager les différents niveaux et notamment pointer les difficultés des apprenants. Cela étant, les étudiants reçoivent, dans la majorité des cas, le même cours, sans prise en compte des besoins spécifiques de chaque catégorie d'étudiants. L'enseignant, quant à lui, se trouve dans une posture très compliquée. S'il choisit de travailler uniquement avec les étudiants justifiant d'un certain pré-requis, il démotivera, à coup sûr, ceux éprouvant de sérieuses difficultés. Outre le problème lié à l'hétérogénéité du public, il y a lieu de souligner le problème des classes aux effectifs surélevés. Dans certaines facultés- et c'est une honte !- le cours de langue est bien ancré dans la verticalité. Du coup, la réalisation d'une vraie interactivité s'avère quasi-impossible. Il va de soi que l'apprentissage d'une langue étrangère (sa maitrise, son investissement dans différentes situations de communication) déploie des stratégies d'animation appropriées. Les séances de travaux dirigés se confinent malheureusement à des séries d'exercices, transformant ce moment en une corvée ! Aussi, les étudiants s'entassant au début dans des salles non équipées en matériel audio-visuel, finissent-ils par déserter la classe. Ceux justifiant d'un niveau en langue, découvrent, progressivement, que le cours de langue et de communication n'a rien d'attractif, mais reprend, jusqu'au ressassement, des difficultés de langue étudiées lors des cycles collégial et secondaire. Dans la représentation des enseignants de disciplines scientifiques, c'est au professeur de langue et de communication qu'incombe la tâche de pallier, en urgence, les défaillances linguistiques des étudiants. Autrement dit, dans leurs cours, aucun effort n'est consenti en matière d'adaptation linguistique. Les polycopiés, mis à la disposition des étudiants, ne reflètent pas, à vrai dire, le souci d'adaptation attendu que ces mêmes documents sont susceptibles d'être utilisés avec les natifs de la langue française. Il est certain que l'étudiant scientifique s'améliorera en langue si les professeurs de spécialité consentent de faire simple et de prendre en considération l'handicap linguistique du public. Dans ce sens, il est primordial de revoir la matière de traduction au lycée, d'en faire un véritable enseignement à même de préparer la transition lycée/ université. Le programme de français, articulé autour de l'œuvre intégrale est certes important en ce sens qu'il permet à l'élève d'apprendre le français, langue étrangère et de développer une sensibilité littéraire, artistique et culturelle, mais, ne serait-ce que pour les options scientifiques, il serait opportun de compléter ce programme par des activités reposant sur ce que l'on appelle le français sur objectif spécifique. De cette manière, le bachelier marocain débarquera à l'université avec des compétences linguistiques qui lui permettraient de suivre ses cours, de prendre des notes, d'analyser et d'interagir avec ses professeurs. Autrement dit, si la baisse du niveau en français est de nos jours décriée, il est prioritaire de traiter le problème à la base, c'est-à-dire depuis le primaire. Tant que ce travail colossal au demeurant n'est pas entrepris, l'enseignement de « langue et de communication » achoppera sur des difficultés de taille, le rendement sera en- deçà des moyens dédiés à ce module, en termes de budget, de salles, de vacations, de formation continue....