Ramadan Le mois sacré de Ramadan est une période propice dans l'année pour le recueillement et la prière. Les lieux de culte ne désemplissent pas. Toutes les mosquées affichent complet, surtout lors des très prisées prières du soir d'"Attarawih". A longueur de journée, certains - et ils sont chaque jour de plus en plus nombreux - passent le plus clair de leur journée dans les mosquées. Un moment de communion avec le très Haut, un temps de réflexion sur cette existence éphémère, un temps partagé entre les prières, l'écoute des prêches, la lecture du coran et les discussions à bâtons rompus sur les questions religieuses essentielles. Partout, à Mohammedia, c'est le même constat : Une ruée vers les mosquées qui commence juste peu après la rupture du jeûne pour certains et ce, pour pouvoir avoir le privilège de prier juste derrière l'Imam. A quelques différences près, toutes les mosquées débordent et dépassent largement leur capacité d'accueil. Particularité de cette grande affluence, la présence visible des jeunes et des enfants. Expliquant à la Map ce phénomène, Houcine Mifrah, Président du Conseil Local des Oulémas, trouve tout à fait normal cet attrait croissant pour les mosquées, disant que le mois de Ramadan occupe une place privilégiée dans le cœur des Marocains tant sur le plan religieux qu'en celui des traditions et rites populaires. C'est, poursuit-il, le mois où les Marocains et les musulmans en général, expriment leur profonde foi et cherchent à s'approcher davantage de Dieu en demandant son pardon pour tous les péchés commis auparavant et en faisant le serment de ne plus en commettre. Tout en se disant fort touché par l'intérêt grandissant des jeunes et des adolescents pour la prière en ce mois béni, encouragé en cela par l'émulation en voyant les vieux et les adultes du quartier prendre, tapis de prière sur l'épaule, le chemin de la mosquée, il a indiqué que des efforts ont été déployés pour permettre aux pratiquants de s'acquitter de leurs obligations dans des conditions correctes avec notamment une amélioration de l'éclairage et l'aménagement autour des mosquées de certaines extensions. Au total, la ville de Mohammedia ainsi que ses cinq communes (Aïn Harouda, Chellalate, Beni Yakhlef, Sidi Moussa Al Majdoub et Sidi Moussa Ben Ali) comptent 167 mosquées dont 50 accréditées pour la prière du vendredi (Al Joumouaâ) et ce, selon les statistiques de la Délégation du ministère des Habous et des Affaires Islamiques. Cette grande affluence vers les mosquées n'est pas seulement dictée par le besoin d'être encore plus près du créateur mais également par la déclamation de l'Imam. Un facteur déterminant qui fait la différence. Pour M. Mifrah, les fidèles apprécient les beaux déclamateurs du coran, ce qui détermine leur choix d'une mosquée par rapport à l'autre. Tout en rendant un hommage posthume au Fkih Al Marrekachi qui a été pendant de très longues années l'imam et le déclamateur préféré dans la Mosquée Mali au quartier El Alia, il ne cache pas son admiration pour les jeunes déclamateurs qui ont pris la relève aujourd'hui, entre autres, Ahmed Adlal à la Mosquée Al Ridouane (Marsa), Hassan Al Barhoumi qui officie dans une salle de prière "Park Fedala" dans le quartier Errachidia ou encore Abdellah Arif, qui lui, déclame et dirige la prière d'Attarwih dans les sous-sols d'une résidence huppée située -contraste flagrant- juste devant les derniers baraques en résistance du bidonville Chehaouatta dans le quartier Al Hourya, non loin de la colline. Par centaines, les pratiquants, hommes, femmes et enfants, venant de toutes parts investissent très tôt les lieux, priant à même le sol près du trottoir. Ce jeune homme, âgé d'à peine 20 ans et qui a appris par coeur le coran à l'âge de 14 ans après cinq années d'études dans une école coranique à Tinsghrat près de Marrakech, attire chaque jour les foules frappées par la beauté de sa déclamation et sa puissance émotionnelle. Pour se perfectionner encore aux sciences de la Charia et à l'exégèse, le jeune Imam Arif qui a été pendant longtemps l'élève d'un fkih renommé, Mokhtar Chemsi qui dirige une école coranique dans la mosquée +Al Ikhlass+ au quartier Hay Al Mohammedi à Casablanca, poursuit depuis une année des études islamiques dans la Grande Mosquée Hassan II et ce, en sus d'une année de formation à la Mosquée Omar Ibnou Khattab à Tanger qu'il a quittée à contrecœur en raison de problèmes de santé liée au climat de la vile du détroit. Depuis déjà trois, Abdellah Arif, qui se déplace toujours en compagnie de son père, un sexagénaire à l'allure altière, une taille et une barbe imposantes, engrange les succès et la sympathie des fidèles ainsi que la générosité des mécènes qui lui assure le gîte et le couvert. Et en parlant de jeunes, ce sont eux qui représentent la grande majorité des prieurs pendant ce mois de ferveur et ce sont justement eux - en tout cas un nombre non négligeable qui abandonnent si vite les prières dès la dernière nuit de Ramadan et désertent les mosquées. Ce qui pousse l'imam à lancer cet appel alarmant en voyant dernière lui que les rangs des pratiquants se sont réduits à la portion congrue : Où êtes-vous chers fidèles de la mosquée ? Pourquoi avez-vous quitté la maison de Dieu ?