Aux yeux de tous, Ramadan est considéré comme un mois sacré, où l'on doit saisir l'occasion pour se rapprocher un peu plus de Dieu. Entre prières, bonté, solidarité et générosité, toute personne confondue essaye à sa guise de faire preuve de bon sens afin de dissimuler ce qu'elle peut, en cette période bénie par notre seigneur. (A lire dans l'édition du 12/07/2013 dans le journal)Le ramadan est aussi une occasion pour les fumeurs et les drogués, mais aussi les alcooliques, de cesser ces pratiques ou du moins de réduire leur consommation. Cette période peut être considérée comme une purification, survenant d'année en année. L'introspection va de soi, en renforçant les liens familiaux, focalisant la vie des musulmans autour de la mosquée, épurant notre corps des impacts que nous lui infligeons tout le long de l'année. Subtilité invraisemblable ! A l'instar des marchés de produits alimentaires, la règle de l'offre et la demande régit le marché des stupéfiants qui, souvent, connaît également des perturbations en matière d'approvisionnement durant le mois de Ramadan, conduisant ainsi à la pénurie et donc automatiquement à la flambée de leurs prix. La consommation des drogues lors de ce mois sacré subit paradoxalement une montée en flèche. La pluralité des drogues laisse aux consommateurs un large choix. Entre «Zetla», appelée plus communément hashish, le karkoubi, le crack ou encore la cocaïne, l'alcool est le seul élément manquant à cette chaîne en cette période dite de continence. Le hashish, ce légendaire «joint» qui passe par toutes les bouches malsaines, reste la drogue la plus consommée au niveau national. La sensation recherchée par le consommateur désigne son degré de consommation durant le Ramadan. De nos jours, rouler un joint et le fumer entre amis est devenu une chose banale. Tellement banale, qu'elle mène beaucoup d'adolescents à en faire un bien de consommation jouant dans la même cour que le tabac. Pendant le ramadan, la consommation d'alcool diminue fortement, pratiques religieuse obligent. Mais la religion ne constitue pas un véritable souci pour les drogués. Ils s'accommodent d'une panoplie d'arguments, bien en harmonie avec leurs intentions. «L'alcool ? Jamais je n'en consommerais durant le mois de Ramadan. C'est ''Hram''». Ce laisser-aller conduit les jeunes d'aujourd'hui à s'engouffrer dans d'autres pratiques L'alcool est donc remplacé par des drogues de substitution. Parmi ces poisons, utilisés par certains après la rupture du jeûne pour se «défoncer», il y a aussi les psychotropes. Les psychotropes, connus sous le nom de «karkoubi» ou encore « Bola Hamra», désignent des médicaments en vente en pharmacie pouvant être prescrits dans un but thérapeutique. Mais ces produits se retrouvent souvent entre les mains de certains dealers, se procurant leurs marchandises auprès des circuits algériens, où sont fabriqués ces palliatifs dans des laboratoires clandestins, suivant bien entendu un circuit informel. Dans le monde de la consommation des drogues en ce mois de Ramadan, il y a aussi l'incontournable narguilé autrement dit la pipe à eau. Plus connu sous le nom de «Chicha», ce phénomène attire aujourd'hui la majorité des jeunes marocains. La consommation de ce tabac parfumé est prisée par les jeunes des deux sexes qui se retrouvent dans des cafés, salons de thé ou encore cabarets qui en servent. Même durant le Ramadan ces accros s'adonnent à cette pratique très nuisible après la rupture du jeûne, ce qui permet aux cabaretiers de continuer à fonctionner sans se soucier du mois sacré. Face au laxisme des autorités, les cafés «Chicha», sis particulièrement au niveau des grand boulevards, et ouvrent leur portes de l'heure de la rupture du jeûne jusqu'à une heure tardive. Ce qui est tragique, c'est de voir que ce commerce a pris une inquiétante ampleur lors de ces dernières années. Les dealers peuvent continuer à écouler leur marchandise empoisonnée dans tous les coins et recoins des grandes villes, mais surtout aux abords des cafés, des boîtes de nuit, comme en pleine rue. Ces dealers proviennent le plus souvent des quartiers populaires. A Casablanca par exemple, ils viennent de Derb sultan, Bou Chentouf, l'ancienne médina, Derb kabir... Partout où vous allez, vous trouverez ces dealers de tous âges, hommes et femmes, et de toutes catégories sociales.