Avant même la proclamation des résultats du baccalauréat prévue le 26 juin prochain, l'orientation en matière d'études supérieures se pose déjà pour les futurs bacheliers. Quelle filière auront-ils à suivre pour assurer leur avenir professionnel à un moment où le chômage fait des ravages? Telle est la grande équation à résoudre. Au Maroc, il y a un véritable problème d'orientation pour les études post-baccalauréat, notamment dans les établissements publics. C'est là une des raisons des difficultés, voire des échecs lors des premières années d'études universitaires pour un grand nombre d'étudiants. Certes, l'élève, durant l'année du Bac, est focalisé sur la préparation de l'examen, et est exclusivement préoccupé par l'obtention du fameux diplôme. Donc, il est du rôle des établissements de veiller à fournir aux élèves le maximum d'informations sur les diverses filières d'études post-bac, afin de mieux les orienter. Cela devrait être une mission essentielle de ces établissements, au même titre que celle de la formation. De nos jours, l'offre de formations post-bac est très variée, notamment avec la prolifération des établissements privés qui, plutôt que de verser dans la bonne orientation, font surtout du marketing, notamment lors du Forum de l'étudiant qui se tient régulièrement à Casablanca. Désorientation totale Selon Saoudi Noureddine, professeur universitaire, «le problème qui se pose c'est que les élèves ont très peu d'informations sur les études supérieures. Il leur faut des séances d'orientation bien avant la fin de la terminale. Du coup, c'est la désorientation totale. Que choisir ? Comment opter pour telle ou telle formation et à quelle prix ? Autant de questions qui surgissent au moment d'une orientation qui s'annonce cruciale pour toute la vie». Et d'ajouter : «il arrive que nombre de lauréats décrochent le bac sans vraiment savoir où ils vont, alors que certains ne sont pas vraiment faits pour des études assez longues. Le choix n'est pas aussi vaste : la fac pour ceux qui ont peu de moyens financiers, le privé pour les autres. Or puisqu'il n'y a pas de bonne formation professionnelle pour ceux qui ne souhaitent pas opter des études universitaires, le bachelier se trouve en fait devant le fait accompli : accepter ce qu'on lui présente». Selon Ali Kaouani, inspecteur pédagogique principal du second cycle des Mathématiques à l'AREF du Grand Casablanca, DESA en Ingénierie de l'Education et techniques de la formation, «l'orientation des élèves doit se construire tout au long de la scolarité des élèves, grâce à un dialogue régulier entre les élèves, les parents, les enseignants, les conseillers d'éducation, la direction des établissements et les conseillers d'orientation et les psychologues. C'est une démarche de conseil et d'accompagnement des futurs étudiants par les universités, leurs enseignants-chercheurs, en coordination avec les proviseurs de lycée et leurs équipes éducatives». Dans ce cadre l'information est cruciale, car, selon Kaouani, «pour permettre aux lycéens de faire des choix d'orientation réfléchis, ils doivent être bien informés sur les contenus des formations, les taux de réussite aux examens, l'existence de passerelles et les débouchés. Il s'agit, là en effet, de conforter l'élève dans son choix initial, ou de lui conseiller des filières mieux adaptées pour favoriser sa réussite». Un semblant de système d'orientation existe, mais reste incomplet. Comme l'explique Ali Kaouani : «dans nos lycées, les académies programment une campagne dite d'orientation en trois phases. La première, entre les mois novembre et décembre, vise la sensibilisation avec la présentation du rôle de conseiller pédagogique, le système d'évaluation pratiqué au lycée. Au mois de février c'est la phase «d'information» où on présente les filières les ouvertures après le bac. La dernière phase, c'est le choix proprement dit de la filière par l'élève. Comme vous pouvez le constater, il y a absence totale de plusieurs acteurs principaux dans notre système d'orientation. Pour une orientation efficace, on devrait faire des tests de psychométrie pour détecter le profil de l'élève. Il ne faudra pas se limiter aux notes mais plutôt aux capacités cognitives de chaque élève. Les parents doivent être informés dans ce sens». Un choix embarrassant Selon Selma, étudiante à la faculté des sciences, «le champ des choix est très limité au Maroc. Je n'ai pas assez de moyens pour continuer mes études à l'étranger ou de faire une école privée. J'ai eu seize de moyenne au bac sciences économiques dans une école publique, je me suis inscrite pour passer un concours d'une grande école de commerce, et j'ai raté l'oral. Du coup je me suis retrouvée à la fac, je n'avais pas d'autre choix, c'est malheureux de subir une telle chose.» Choisir son école après le bac n'est pas souvent facile. Le candidat n'arrive pas à trancher quant à la voie à suivre. D'ailleurs, il est difficile de penser au projet professionnel avant ou juste après l'obtention du bac. Le manque d'idées est un véritable souci, souvent partagé par les parents. Ajoutons à cela que le choix doit être effectué selon la moyenne obtenue. Pourtant cette étape est d'autant plus importante qu'une mauvaise orientation est difficile à rattraper, d'où la nécessité de créer des Centres d'information et d'orientation (CIO) et de sensibiliser les jeunes bacheliers à la recherche par eux-mêmes de l'information, à travers la prise de contact direct avec les grandes écoles, de faire des recherches via le net sur les différents secteurs dans le but de se faire une idée sur les tendances du marché de l'emploi et mieux se projeter dans l'avenir avant de choisir ses études.