Du rififi au sein du Conseil de la ville de Casablanca Rien ne va plus au sein de la majorité du Conseil de la ville de Casablanca. Les graves accusations de Mustapha Lhaya à l'encontre de son «collègue», Mohamed Sajid, concernant l'attribution du marché de la station de prétraitement des eaux usées de Sidi Bernoussi à la société Degremont, continuent de défrayer la chronique. Le maire de la ville, qui n'a nullement apprécié la sortie de son 5e vice-président, et plutôt que de se mettre à la table et clarifier cette affaire à l'opinion publique, a choisi la fuite en avant. Ainsi, et selon des sources concordantes, le maire de Casablanca aurait signé une décision, en vertu de laquelle il retire toute délégation au conseiller trublion du PJD. Nos sources affirment que cette décision est entrée en vigueur à partir du lundi 10 juin et qu'une réunion de la majorité aura lieu prochainement pour une nouvelle distribution des rôles. Si Sajid, que nous avons essayé de contacter, était injoignable, Mustapha Lhaya, qu'Al Bayane a pu avoir au bout du fil, n'a ni confirmé ni infirmé l'information, soulignant qu'il n'a pas été officiellement informé par une telle décision. Notons dans ce sens que le conseiller PJDiste a accusé le maire UCeiste d'avoir privilégié l'entreprise française, en induisant en erreur les membres de la commission des marchés, tout en soulignant que la procédure de la passation du marché en question est entachée de vices de fond. Pour preuves à ses accusations, Mustapha Lhaya a indiqué que, par exemple, la capacité d'épuration des eaux usées à été réduite de 11m3/s à 7m3/s. Ce qui constitue, selon lui, une véritable violation de la loi. De même, le vice-président a révélé une autre information d'une extrême gravité, à savoir que le coût initial du projet a été estimé à 170 millions de DH. Un montant qui a été avancé par Mohamed Sajid lui-même lors d'une réunion, alors que la transaction finale s'est chiffrée à 400 millions de DH, a-t-il déclaré à la presse. Il a donc appelé à ouvrir une enquête dans cette affaire, en demandant une intervention du ministère de l'Intérieur. Sans nul doute, cette affaire témoigne de la façon dont les intérêts de la ville sont sacrifiés pour d'autres considérations ambigües. Faute d'une politique de communication claire et transparente autour de la gestion de la ville, les citoyens vont de plus en plus se désintéresser de la gestion de la chose publique, estiment nombre d'observateurs. Pour Abderrahim Bensar, secrétaire régional du PPS à Casablanca, le clash entre les membres du bureau du Conseil de la ville de Casablanca est un indicateur fort révélant le degré de l'immobilisme dans lequel sont englués les élus locaux. Aussi, ajoute-t-il, un tel constat illustre les limites d'une démocratie délégataire absolue. Le secrétaire régional du PPS plaide dans ce sens pour une refonte de la charte communale. «Le législateur doit mettre en place les mécanismes d'une démocratie permettant aux citoyens de retirer leur confiance aux élus au cours de leur mandats au cas où des dérapages ou mauvaise gestion sont constatés... », conclut A. Bansar.