50e anniversaire de la création de l'OUA «L'esprit de Casablanca», qui a imprégné le rendez-vous historique des leaders africains en janvier 1961, constitue le premier pas d'une solidarité effective et activée entre Africains unis contre les dangers communs, économiques, militaires, culturels, ou de toute autre nature, écrit Samirat Ntiaze dans un éditorial du magazine "Hommes d'Afrique", édition mai 2013 (hors-série). «C'est à Mohammed V, Roi du Maroc, que revient le premier, l'honneur d'avoir insufflé l'esprit de Casablanca», souligne le magazine, publié à l'occasion du 50ème anniversaire de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), créée à Addis-Abeba le 25 mai 1963 et muée en Union Africaine (UA) en 2002», rappelant que dès août 1960, bravant l'intimidation et les menaces colonialistes et impérialistes, SM le Roi Mohammed V reçoit Patrice Lumumba à Rabat et l'assure du soutien de l'Etat marocain dans le combat pour la liberté au Congo. Mais le grand événement, selon la publication, c'est la conférence de Casablanca que le Souverain marocain organise dans le grand port et principale ville du Maroc, à Casablanca, du 3 au 7 janvier 1961, à un moment où une large partie du continent est encore sous la férule du colonialisme qui «cherchait à perpétuer l'assujettissement de nos peuples», comme en témoignent le régime honni de l'apartheid, alors à son paroxysme en Afrique du Sud et dans toute l'Afrique australe avec les massacres de Sharperville, le 21 mars 1960. Et d'ajouter que malgré la modicité de leurs moyens face à la force de l'adversaire, «cinq grands Africains décident de s'unir pour l'inflexible liberté des Africains: Kwame Nkrumah, Jamal Abd-el Nasser, Modibo Keita, Sékou Touré et Mohammed V». A travers la publication de ce numéro hors-série, en ce 50e anniversaire de la création de l'OUA, écrit l'éditorialiste, «le magazine rend un très respectueux hommage à nos pères fondateurs qui dépassèrent leurs clivages, déjouèrent l'allégeance aux forces et idéologies non-africaines, pour créer le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, une organisation tout entière tournée vers l'émancipation de l'Afrique». «La volonté d'Addis-Abeba, c'est la capacité ainsi démontrée des Africains de se mettre ensemble pour trouver les solutions à leurs problèmes, malgré les divisions, malgré les frontières que les colons, en 1884 à Berlin, tracèrent pour dépecer l'Afrique et encore plus diviser et affaiblir les Africains», poursuit la publication. Par ailleurs, le mensuel +Hommes d'Afrique+ publie un dossier sur «l'esprit de Casablanca», intitulé «Remember Casablanca», notant que le premier élan d'une union d'Africains réellement libres fut donné à Casablanca. C'est dans cette ville emblématique, ajoute la même source, que fut «lancée ce qui, à ce jour, reste la seule vraie tentative d'une Afrique confiante en elle-même, debout, exigeant du reste du monde le même respect qu'elle a toujours accordé aux autres». «L'histoire a retenu que du 3 au 7 janvier 1961, à l'invitation du Roi Mohamed V du Maroc, cinq leaders de pays indépendants d'Afrique se sont réunis à Casablanca, pour former le groupe dit de Casablanca: Kwame Nkrumah du Ghana, Jamal Abdel Nasser d'Egypte, Modibo Keita, du Mali, Sekou Toure de Guinée, et bien sûr Mohammed V du Maroc», pour adopter et proclamer à l'issue de leurs travaux, «la Charte Africaine de Casablanca». En vertu de cette charte, les cinq chefs d'Etat africains affirment unir «leur volonté de conserver et de consolider une unité de vue et d'action dans les affaires internationales pour sauvegarder l'indépendance chèrement acquise, la souveraineté et l'intégrité territoriale de nos Etats et de renforcer la paix dans le monde en pratiquant une politique de non alignement». Ils soulignent, en outre, la nécessité pour les Etats africains indépendants d'orienter leur politique économique et sociale dans le sens de l'exploitation des richesses nationales au profit de leurs peuples et d'en assurer une distribution équitable entre tous les nationaux et affirment leur volonté d'intensifier les efforts en vue de créer une coopération effective entre les Etats africains dans les domaines économique, social et culturel. Ils proclament aussi leur volonté de «libérer les territoires africains encore sous domination étrangère, leur prêter aide et assistance, et liquider le colonialisme et le néocolonialisme sous toutes leurs formes». Illustré de photos, ce numéro de +Hommes d'Afrique+ renferme des articles et des interviews d'éminentes personnalités africaines, portant sur différentes questions de fond, déterminantes pour le prochain demi-siècle du continent africain, en premier lieu l'intégration continentale.