Au service de la compétitivité des deux économies A première vue, l'université n'est pas au centre des rapports de coopération entre le Maroc et la France. Pourtant, des universitaires français avaient constitué une base importante des ressources humaines du corps enseignant marocain. Et des générations marocaines ont fait leurs études et décroché leurs diplômes au sein d'universités françaises. En réalité, des formes de coopération universitaires existent quoique peu médiatisées car considérées, à tort, comme ne concernant qu'un cercle fermé de matières, d'enseignants et d'étudiants. Les deux pays entendent renforcer leurs liens dans ce cadre. Ainsi, le Roi du Maroc, lors du discours prononcé le mercredi 3 avril 2013 à l'occasion du dîner officiel offert en l'honneur du président français François Hollande, a «(...) formul(é) le vœu de voir l'éducation et la formation se situer et s'inscrire, d'une manière durable, au cœur de notre partenariat». Lorsque, au début des années 2000, le Maroc avait entamé la refonte de son système d'enseignement supérieur, la France avait décidé de l'accompagner dans la mise en place de cette démarche. En 2001, un projet d'appui à la réforme de l'enseignement supérieur marocain fut élaboré et proposé par les deux conférences des présidents d'universités dans les deux pays. Il est devenu opérationnel depuis 2004. Il faut dire que l'initiative est venue répondre au choix du Maroc d'harmoniser son système d'enseignement supérieur avec la pratique en vigueur au sein de l'espace européen, dans la perspective de l'accord d'association avec cet espace. Le programme s'était assigné pour objectif primordial de renforcer l'autonomie des universités marocaines et d'améliorer la gestion des ressources humaines et des flux d'étudiants. Il entendait également adapter les filières et cursus en pratique dans les universités marocaines avec les besoins du marché de l'emploi et du développement socio-économique du pays afin de favoriser les conditions d'une adéquation entre l'offre en matière de formation et les besoins en ressources humaines exprimés par les secteurs public et privé. Sur ce dernier point, le programme a permis d'encourager la professionnalisation de certaines filières de formation portant à titre d'exemple sur le tourisme, les nouvelles technologies ou l'environnement. Au niveau de l'administration, le programme a permis une certaine modernisation via la mise en place et la généralisation du logiciel APOGEE dans la plupart des universités marocaines. Celles-ci ont par ailleurs réussi à expérimenter le système LMD (Licence, Master, Doctorat), à créer des écoles doctorales et à adopter la charte de la thèse. A mois d'octobre de l'année 2012, le Maroc et la France ont signé un nouvel accord de renforcement de leur coopération universitaire. Une des priorités de cet accord est de faciliter le déploiement d'établissements universitaires français au Maroc, en particulier ceux actifs dans le secteur de formation des ingénieurs. Il est également question de renforcer les formes et les cadres de coopération en matière de recherche scientifique entre les universitaires des deux côtés. L'idée essentielle dans ce sens est de forger un partenariat équilibré, une formule gagnant-gagnant où les deux parties contribuent à la coproduction scientifique. Ceci dit, il s'agirait aussi de mettre cette coopération au service de la compétitivité des économies des deux parties et de leur rayonnement dans leur espace régional. *Professeur à la faculté de droit de Meknès Conseiller auprès du Centre d'Etudes Internationales