en version montagnarde La 15e édition du jeudi media organisé les 21 et 22 février derniers à Ifrane par la coordination nationale de l'INDH a le mérite de donner un coup de projecteur sur les besoins et les conditions de vie des populations en zone de montagne et sur la spécificité des actions à mener par l'INDH . On parle désormais de «l'effet Ifrane». Comme pour faire vivre aux journalistes participant à ce jeudi media de l'INDH les conditions dans lesquelles vit la population de cette région, la ville d'Ifrane s'est drapée, le temps de cette rencontre, de son manteau blanc habituel bien conservé grâce à une bise glaciale et une température au dessous du zéro. Mme Nadira El Guermai, gouverneur-coordinatrice nationale de l'INDH ne manquera pas d'ailleurs de souligner que le choix d'Ifrane n'est pas un hasard mais un « choix assumé » pour « apprécier l'impact des actions de l'INDH et définir quelles sont les perspectives pour l'avenir dans les régions à climat pénibles.» Seulement un paradoxe. La province d'Ifrane est exclue, au grand dam des journalistes et représentants associatifs présents à cette rencontre, de la liste des provinces montagneuses devant bénéficier du nouveau programme de l'INDH : la mise à niveau territoriale initiée pour la deuxième phase 2011-2015. Doté d'une enveloppe budgétaire de 5 milliards de dirhams, cet ambitieux programme cible un million de bénéficiaires vivant dans 3300 douars relevant de 503 communes rurales se trouvant dans 22 provinces montagneuses. Cinq axes d'interventions ont été retenus pour ce programme notamment l'appui à la santé, l'électrification rurale, l'eau potable, l'appui à l'éducation et les routes et pistes rurales. Ce fut d'abord une énorme surprise mais le lancer des chiffres des réalisations de l'INDH par Mme El Guermai, visiblement gênée par les résultats du poids d'Ifrane sur le trébuchet des indicateurs, n'a pas empêché de poser les questions sur les critères de sélection des communes bénéficiaires. D'autant plus que la visite effectuée sur le terrain, à Azrou, Siddi Addi et à Oued Ifrane et les rencontres spontanées avec habitants locaux légitiment toutes les interrogations et les inquiétudes mais aussi les appels à repenser voire élargir le panier des composantes entrant dans la définition de la précarité. Appui aux populations autochtones, protection du milieu naturel montagnard et notamment la précarité énergétique... Les faits supplantent les indicateurs et la réalité du terrain a été une bonne conseillère. Ifrane, victime des indicateurs Réagissant aux sollicitations et aux propositions des journalistes, le chef de file de l'INDH, s'est montré enthousiaste à « examiner la possibilité d'intégrer la précarité énergétique dans la vision de l'INDH », rappelant au passage que le chauffage, constitue dans des régions montagneuses, « un besoin élémentaire pour les ménages » au même titre que l'accès à l'eau ou à l'électricité. La précarité énergétique serait-elle alors la prochaine cible de l'INDH ? Mme Nadira El Guermai ne tranche pas certes mais elle ouvre une fenêtre d'espoir. Notamment pour des régions comme Ifrane dont les ménages précaires sont victimes de moyens de chauffage toujours plus chers et qui reviennent telle une antienne dans les doléances des populations montagneuses. Rappelons que jeudi media à Ifrane organisé sous le thème «Amélioration de l'accès aux services de base » s'est caractérisé par la présentation du bilan des réalisations de l'INDH à la province d'Ifrane qui se résume, d'après M. Jelloul Samsam , le gouverneur de la province d'Ifrane, en 325 projets pour la période 2005-2010 pour une contribution de l'INDH de 37,1 millions de DH avec un effet de levier avoisinant les 60% . M. Jelloul Samsam, s'attardera également sur le programme de la province d'Ifrane pour 2011-2015 d'un montant de presque 89 millions de DH. Au niveau national, durant la première phase 2005-2010, les réalisations de l'INDH ont donné lieu à 29000 projets au profit de 5 millions de personnes, selon Mme El Guermai qui affirmera par la même occasion que pour la seconde phase 2011-2015 « aux moyens renforcés et aux domaines élargis » qu'une enveloppe budgétaire de 17 milliards de centimes a été allouée aux différents programmes arrêtés. Au-delà des annonces et des chiffres, et à l'image des flops enregistrés dans les projets de la première phase de l'INDH à la province Ifrane, il s'agit aujourd'hui de faire bon usage de l'argent mobilisé et donner davantage de sens aux actions de l'INDH. Car plutôt qu'un événement, l'INDH est un processus. Un chantier de règne.