Dans l'exercice du noble art que représente la médecine, il y a un ensemble d'éléments qui confèrent à cette pratique la respectabilité, la considération, l'estime et une émanation spirituelle qui entoure le praticien, une sorte d'aura en quelque sorte. Fort de ces valeurs et de ces qualités qui sont autant de mérites, la profession médicale les entretient depuis des siècles pour que cette image soit toujours vivante. Le meilleur exemple qui peut aujourd'hui schématiser les valeurs que nous venons de citer est sans conteste la relation malade- médecin. Que pouvons – nous dire de cette relation ? Quels sont les éléments qui influencent cette relation ? Quelles sont les limites dans la relation malade –médecin ? La relation entre le médecin et son patient est l'un des contrats les plus extraordinaires dans la société et dans l'histoire humaines. Deux étrangers se retrouvent dans un cadre confidentiel et privé, la consultation médicale. Un lien intense y est forgé dans un but thérapeutique. Nous avons tous notre propre expérience concernant la relation malade–médecin, celle-ci découle directement de notre propre vécu en tant que malades directement concerné ou en tant que parents. Le regard que chacun de nous porte sur cette relation est particulier, il est propre à chaque expérience, il est fonction de plusieurs éléments qui peuvent intervenir au moment de l'accueil par le médecin, lors du déroulement de la consultation, des compétences, du savoir, de la dextérité dont fera preuve le médecin à l'égard du malade. Aujourd'hui nous avons tendance avant d'aller chez un médecin pour un problème de santé, de nous enquérir à l'avance de ses capacités, de ses compétences mais aussi de son comportement, de ses agissements, des relations qu'il entretient avec ses malades. Finalement, ce qui prévaut dans le choix du malade, c'est un tout. C'est pourquoi, nous pouvons dire que la relation malade-médecin est une relation de confiance et de respect mutuels, qui s'instaure sur le long terme, par le biais du dialogue et d'un processus de maturation. Elle permet au patient de déléguer une partie de la gestion de sa santé au médecin et de prendre des décisions conjointement avec lui. Dans la relation médecin - patient, on peut distinguer trois aspects qui lient le patient et le médecin. Il y a d'abord la relation inter-individuelle, qui est la relation humaine entre le médecin et son patient basée sur le savoir-vivre et constitutive ou non de chaque individu. Vient ensuite la relation commerçant-client, qui est la relation de celui qui a la connaissance à celui qui la demande, le médecin ne devant pas abuser de la crédulité de son client. Enfin, il y a la relation d'expert à patient, dans laquelle le médecin utilise et applique son savoir pour répondre au problème de son patient, et dont les missions les plus importantes sont l'explication et la vulgarisation. On peut voir cette relation médecin-patient comme une relation d'entraide et de partage, d'accompagnement et d'échange de savoir, le contraire d'une relation de pouvoir. L'influence de la société sur la relation médecin – patient Le cabinet médical est l'un des rares endroits où existe, pour certains patients, une relation d'aide à autrui qui est quasiment désintéressée. En effet, nombreux sont les médecins qui reçoivent quotidiennement des malades qui sont suivis pour une pathologie connue, mais qui désirent parler avec leur médecin d'autre chose, qui veulent se confier, qui désirent tout simplement qu'on les écoute au moment où ils n'en peuvent plus. Le médecin traitant dans 90 % des cas répond présent à cette demande sans contrepartie. Pour le médecin, l'acte médical est un acte dont la dimension humaine est primordiale, ce n'est pas seulement une question d'honoraires, de coûts. La relation médecin – malade c'est avant toute chose la rencontre de deux individus autour d'un diagnostic, d'une stratégie, d'une prise de décision et d'une gestion de la santé sur le long terme. Mais dans cette relation malade - médecin, il arrive que le médecin dont la première responsabilité est de tout mettre en œuvre pour promouvoir la guérison complète , rapide et sans douleur de son malade, est contrarié dans sa tâche par des facteurs qui rendent cette guérison difficile voire impossible. Au bout du compte, le pire peut arriver. Ce qui aboutit dans certaines situations à des conflits, la presse s'en mêle, le médecin est directement mis en cause. La société ne cherche même pas à comprendre les réelles causes de telle ou telle situation, elle juge, elle condamne. Au bout du compte c(est la relation médecin - malade qui ressort fragilisée de cette expérience douloureuse certes, mais pas inévitable, surtout quand le médecin a entreprit tout ce qui est humainement et médicalement possible au regard des meilleurs techniques et procédés existants. Je connais beaucoup de médecins qui hesitent avant de vouloir prendre en charge certains patients dont l'état de santé n'augure pas d'une évolution positive et dont le pronostic est très réservé, ils préfèrent dire à la famille de garder leur malade chez lui. La relation médecin-patient s'est modifiée progressivement sous la pression des diverses composantes de la société. Jadis, cette relation était basée sur ce que l'on appelle le principe de bienfaisance. Les malades s'adressaient aux médecins des hôpitaux publics, le privé n'avait pas encore atteint le niveau qui est le sien aujourd'hui, l'AMO c'est quelque chose qui n'existait pas et donc le malade s'en remettait au médecin sans devoir payer quoique ce soit en contre partie. De patient, le malade devient aujourd'hui client. Aujourd'hui, cette relation est confrontée au principe de l'autonomie du patient, qui suppose la liberté de choix, la participation à la décision et entraîne de droit le consentement du patient. Ce consentement éclairé du patient présuppose, bien évidemment, une information du patient aussi complète et loyale que possible par le médecin. En fait, le principe qui fonde le devoir d'information du patient est tout simplement celui du droit à la liberté de l'individu et donc le respect de la personne, repris dans la déclaration universelle des droits de l'homme. C'est l'universalité qui permet à la législation pratique d'être une loi, tandis que subjectivement c'est dans la fin que réside le principe de la moralité. Les attentes du médecin et du patient Pour ce qui est des patients, ils attendent avant tout d'être pris en considération et aidés en tant qu'individus, avec leurs faiblesses, leur maladie. Ils veulent être écouter, ils attendent du médecin une explication sur ce qu'ils ont et sur la marche à suivre. Ils ne souhaitent pas forcément un traitement ou des investigations mais savoir, comprendre et être rassurés. Les malades, en se rendant chez le médecin attendent aussi d'être examinés, auscultés, d'être touchés, même de façon symbolique, car le médecin, est le seul dans la société à qui l'on accorde ce droit. Les patients attendent d'être écoutés, informés, soulagés et respectés. Quant aux médecins, leur désir d'être médecin renvoie probablement à certains motifs récurrents qui sont l'altruisme, la peur de la mort et le fantasme de la dominer, le désir de réparation, la soif de pouvoir, la quête d'un statut social, la curiosité,…». De ce fait, la relation médecin- patient est dépendante de l'individu médecin, (et de sa personnalité qui est susceptible de changer avec le temps au contact des patients), de la manière dont on l'a formé (ou non) à la relation de soin, de ses valeurs et de la conscience qu'il a (ou non) de son rôle. On parle très souvent de la relation de confiance qui doit exister entre un malade et un médecin, c'est un élément essentiel dans la relation médecin –malade car sans confiance, il n'y a pas de relation d'aide. Or confiance vient du mot foi, «fides» ; bien sûr, consulter un médecin, demander une aide est un acte de foi. De même il est prouvé que la confiance est essentielle dans la relation entre le patient et les professionnels de santé (médecins-infirmières..) et peut avoir un impact sur le bien-être général du malade, la confiance qu'un patient accorde à son médecin a un effet sur sa capacité à aller mieux, indépendamment de son traitement , c'est quelque chose qui est couramment enregistrée , c'est pourquoi si vous avez un bon médecin avec lequel vous vous entendez bien, déjà vous allez mieux . Il est donc conseillé de sauvegarder cette relation et d'éviter au maximum le nomadisme médical qui consiste à aller de médecin en médecin , de cabinet en cabinet , ce qui peut se révéler a la longue très coûteux mais surtout très dangereux et la relation malade – médecin s'en trouve entachée. En résumé, la période actuelle est marquée par les évolutions de la médecine elle-même qui est de plus en plus pointue, qui fait appelle à la haute technologie, au robot mais aussi par celles de la société qui est devenue de plus en plus exigeante, de plus en plus individualiste où des repères se perdent ou le terme confiance ne signifie plus rien. La diversification des identités et des attentes des patients retentit indéniablement sur la relation thérapeutique. Les différentes manières de faire ou d'avoir confiance en son médecin sont loin d'être exhaustives, mais elles reflètent en partie l'hétérogénéité des attitudes profanes à l'égard du monde médical. La définition objective du bon professionnel s'en trouve alors d'autant plus difficile, sans compter que la confiance du malade en son médecin n'est pas nécessairement synonyme de soins de qualité. C'est à méditer.