Oeuvrer pour un Maroc équitable et égalitaire Présidente du groupe de travail chargé des relations internationales, de la coopération et du partenariat au sein du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et présidente du Forum Maroc Alternatives (FMAS), Houria Esslami est connue aussi pour sa lutte inlassable au sein du groupe des familles des disparus. Militante féminine, elle se bat aussi pour un Maroc équitable et égalitaire, auxquels les femmes et hommes contribuent à l'édification sur le même pied d'égalité. Al Bayane : Que signifie pour vous la journée mondiale des droits de l‘Homme ? Houria Esslami : C'est d'abord l'occasion de mettre en avant la dignité humaine, mais aussi une occasion de faire le bilan des avancées, et surtout de pointer les manquements et les imperfections, afin de pouvoir y travailler. Quelles avancées en matière des droits humains avez-vous noté au Maroc en tant que membre du CNDH ? Au niveau institutionnel, nous avons une Constitution qui est une véritable charte des droits humains, un Conseil national des droits de l'Homme conforme aux principes de Paris, des commissions régionales avec de larges prérogatives de protection et de promotion et une Délégation interministérielle des droits de l'Homme. Au niveau de l'impact, la culture des droits de l'Homme commence à investir tous les secteurs, étatiques et non étatiques, mais surtout une prise de conscience de la part des citoyens de leurs droits et qui revendiquent aujourd'hui la protection et la mise en œuvre de ces droits. Dans quel domaine le Maroc reste-il à la traîne, sinon devrait mieux faire ? A mon sens, c'est le volet de l'égalité entre les hommes et les femmes, la levée des réserves faites dans ce sens sur les conventions pertinentes, mais aussi l'harmonisation de la législation nationale avec les conventions et protocoles ratifiés par le Maroc. De même, les droits socio-économiques, culturels et environnementaux constituent toujours un défi pour tous les secteurs étatique et privé : droit à l'éducation, accès à la santé, accès au travail, le respect des droits humains dans les entreprises, la bonne gouvernance et la protection de l'environnement. Vous êtes l'une des militantes les plus dynamiques sur le dossier des disparitions forcées. Où est-on en la matière ? Le Maroc a mené un processus de justice transitionnelle et de réconciliation et vient de ratifier la Convention de protection de toutes les personnes contre la disparition forcée sans aucune réserve, c'est une avancée considérable. Néanmoins, certains dossiers des plus emblématiques, dits en suspens, demeurent non résolus. La vérité est un pilier incontournable dans tout processus de justice transitionnelle. Les familles demandent toujours que la vérité soit faite sur ces dossiers sombres. Que pensez-vous de la chaîne humaine organisée par le «Printemps de l'égalité» ? C'est une initiative louable de mobilisation et de sensibilisation à la question de la violence à l'égard des femmes et de l'égalité et qui cadre très bien avec le slogan des Nations unies, de cette année, pour la journée mondiale des droits humains : «Ma voix compte !». Il est inconcevable qu'aujourd'hui au Maroc, on continue à avoir des textes et des pratiques discriminatoires vis-à-vis des femmes et qui constituent un obstacle au développement.