Les trois grandes priorités de la présidence marocaine Trois grandes priorités liées aux questions arabo-africaines et à la consolidation de la paix dans le monde marqueront la présidence marocaine du Conseil de Sécurité de l'ONU qui constitue un moment fort du mandat du Royaume au sein de l'Organe exécutif. La présidence du Conseil pour le mois de décembre «est un moment fort de notre mandat de deux ans au sein du Conseil de sécurité de l'ONU», a affirmé l'ambassadeur du Maroc, Mohamed Loulichki, expliquant que cette présidence donnera la possibilité au Maroc de «jouer un rôle catalyseur sur un certain nombre de questions prioritaires pour le Royaume». En définissant les priorités de la présidence marocaine, «nous avons veillé à être fidèle à notre appartenance arabo-musulmane -- notamment la question du Moyen Orient, particulièrement Al Qods Asharif qui demeure au cœur de nos préoccupations -- et africaine tout en tenant compte des sujets dictés par l'urgence de l'heure au plan international», a poursuivi l'ambassadeur qui présentait les grandes lignes du programme dans une déclaration à la MAP. Dans ce programme «très chargé», en raison notamment de nombreux mandats de missions onusiennes qui arrivent à échéance à la fin de ce mois, la crise multidimensionnelle au Sahel et la situation préoccupante au Mali retiendront l'attention des Quinze au cours de la présidence marocaine. Une réunion ministérielle, présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saad Eddine El Othmani, est prévue le 10 décembre en présence du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon et de l'Envoyé spécial pour le Sahel, l'ancien Chef du gouvernement italien, Romano Prodi ainsi que de plusieurs ministres et hauts responsables d'organisations internationales. Ce débat pourrait être sanctionné par une déclaration présidentielle préparé par le Maroc, souligne une source proche du secrétariat du Conseil de sécurité. Cette réunion est le «point culminant de notre présidence», a souligné le diplomate, précisant que la gravité de la situation au Sahel et au Mali en particulier, requiert la mise en place d'une «stratégie internationale concertée et coordonnée». Â Â La crise au Nord du Mali conjuguée à une situation d'instabilité potentiellement dangereuse pour l'ensemble de la région appelle non seulement l'attention du CS de l'ONU mais aussi une action rapide et énergique qui doit être menée en coopération avec les sous-organisations régionales concernées en particulier la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest» (CEDEAO), indique-t-on auprès de la représentation diplomatique marocaine. La crise au Sahel montre aussi la «nécessité de renforcer la coopération au sein des sous-régions mais également entre elles», ajoute-t-on, préconisant l'adoption d'une approche «inclusive, transparente pour le seul bénéfice des populations concernées». En effet, l'un des aspects sera consacré à la sécurité, l'assistance humanitaire et au développement. Le Maroc entretient des «relations multiséculaires privilégiées et multiples avec le Mali et il est tout à fait logique que lorsque l'intégrité territoriale de ce pays est menacée, le Royaume soit parmi les premiers à demander à la communauté internationale de répondre de manière très énergique à ce défi», a dit M. Loulichki. A noter qu'en prélude à cette réunion, les Quinze se pencheront le 5 de ce mois, dans le cadre de consultations, sur un rapport du Secrétaire général sur le Mali. Une autre thématique qui figure en bonne place dans l'agenda de la présidence marocaine du Conseil est le maintien et la consolidation de la paix. Le Maroc qui a une longue tradition de contribution aux opérations de maintien de la paix à l'ONU, en particulier en Afrique, a souhaité mettre toute «l'expérience cumulée et toute son énergie au cours de sa présidence en vue de contribuer à faire avancer la réflexion» à ce sujet. Un débat est prévu dans ce sens le 12 décembre, l'objectif étant de réfléchir à l'amélioration de la coopération entre les différentes opérations de maintien de la paix en cours. En effet, explique-t-on au sein de l'ONU, la coopération inter-mission a montré sa pertinence et son utilité sur le continent africain. Le Maroc veut à présent aller «plus loin dans la réflexion et proposer des idées concrètes pour renforcer cette coopération» et c'est dans cet esprit qu'une déclaration présidentielle à l'initiative du Maroc sera préparée en vue de son adoption par les Quinze, a confié le diplomate. Si le maintien de la paix est au cœur des activités phares des Nations Unies, il est important de garder une attention soutenue sur les efforts à entreprendre en matière de reconstruction de la paix. Dès lors, a estimé l'ambassadeur, la Communauté internationale doit disposer des outils nécessaires pour accompagner les pays sortants de conflits vers le chemin de la stabilité, la démocratie et le développement durable. C'est pourquoi, le Conseil sera saisi d'un rapport du SG de l'ONU à ce sujet et le Maroc organisera un débat public, le 20 du mois en cours, pour faire le point sur cette question «afin de faire avancer la réflexion sur le rôle des Nations Unies en matière de reconstruction de la paix». Mais au-delà des sujets identifiés dans ce programme, l'on souligne auprès de la représentation marocaine, que le CS de l'ONU gardera au cours de cette présidence une attention soutenue sur les situations de crise actuelle, notamment en République Démocratique du Congo (RDC) et en Syrie.