Abou Mazen joue sa survie De simple «entité observatrice», la Palestine demandera, le 29 novembre prochain, l'élévation de ce statut à celui d'Etat non membre des Nations Unies. Nul doute que cette qualité lui sera attribuée, car elle suppose un simple vote majoritaire à l'Assemblée générale de l'ONU, où 133 Etats, sur les 193 membres que compte l'ONU, ont déjà reconnu l'Etat palestinien. La qualité d'Etat membre à part entière de l'ONU étant, elle, du seul ressort du Conseil de sécurité, les Palestiniens y ont provisoirement renoncé, car leurs chances d'avoir ce statut sont quasi nulles, pour les raisons de «veto» que l'on sait. Avec ce nouveau statut, la donne dans les rapports israélo-palestiniens va complètement changer. D'une part, la Palestine deviendrait automatiquement, de jure et non plus de facto, un «Etat occupé», en lieu et place de «territoires occupés». D'autre part, le processus de paix ne pourra plus se faire hors du cadre des frontières de 1967, avec Al Qods-Est comme capitale palestinienne, sauf accord sur des échanges de territoires mutuellement consentis entre les deux Etats, la Palestine et Israël. Mieux, les Palestiniens, face aux massacres quotidiens dont ils sont victimes, comme lors de la récente et énième agression contre Gaza, auraient désormais le droit de saisir la Cour pénale internationale (CPI), qui sera obligée dans de telles conditions d'appeler les éventuels criminels de guerre israéliens à la barre, pour répondre de leurs actes. On comprend dès lors les énormes pressions qui pèsent ces jours-ci sur le président palestinien en vue de le dissuader de concrétiser la seule initiative diplomatique qui lui reste, après l'enterrement quasi définitif du processus de paix par les Israéliens. A part les Américains qui ont essayé, en vain, de conditionner la trêve à Gaza au renoncement de Mahmoud Abbas à son option onusienne, le ministre israélien des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, maintient, lui, sa menace de faire «effondrer l'Autorité palestinienne» en cas d'aboutissement de sa démarche à l'ONU. Pas de quoi intimider le président palestinien, qui sait pertinemment qu'il joue désormais sa survie politique. Car entre le choix de se faire tomber par les Israéliens ou par son peuple, il optera sûrement pour le premier.