Les effets de la pluie A chaque fois que la pluie fait irruption, le fléau fait rage. Heureusement (en fait, malheureusement pour la vie !), elle se fait rare, dans une zone connue pour son aridité. Le Souss, l'une des régions les plus menacées par les précipitations diluviennes dénonce la précarité des infrastructures. A l'entrée de Taroudant, ville impériale de tous les temps, le pont qui enjambe la route nationale 10 est constamment dans l'incapacité de contenir les flots d'eaux qui débordent le lit de l'oued Souss. Chaque année, le même problème se répète, sans qu'on ne prenne la peine de mettre un terme au calvaire des usagers de cette voie routière, finalement fermée plusieurs journées durant. Tout au long de ce célèbre cours d'eau, aux nombreux affluents en amont des versants de montagnes environnantes, les détritus de toutes dimensions sont charriés à brides abattues pour aller échouer sur la plage d'Agadir. En effet, d'après des sources dignes de foi émanant de l'Agence du bassin hydraulique du Souss Massa, le débit culminant dépasserait 700 m3/s. Pour endiguer cette réelle menace qui resurgit à chaque saison hivernale, on croit savoir que le chantier des travaux du nouveau pont en construction serait clos dans trois mois. La corniche d'Agadir sur laquelle on avait édifié, il y a un peu plus de deux ans, une somptueuse promenade sur cinq kilomètres de long, est actuellement en piteux état. En moins d'une semaine, elle a été cruellement malmenée par les déchets convergeant de toutes parts. Jeudi dernier, la carcasse d'une grosse vache a été projetée par les vagues rougeâtres devant la prestigieuse marina d'Agadir, alors que les détritus et les projectiles de toutes sortes envahissaient la jetée de fond en comble. Plus de six petits oueds, notamment le Souss, Lghzoua, Lahouar, Tildi, Tanaout...qui proviennent des piémonts au sud-est d'Agadir, de Taroudant, d'Oulad Teima, d'Inezgane, de Temsia, d'Ait Melloul, viennent jeter leurs diverses contenances dans l'une des plus belles baies du monde. Face à ce désolant spectacle, les citoyens et les visiteurs, aussi bien nationaux en ces jours vacances de l'Aïd et étrangers adeptes de la douceur de l'hiver dans la capitale du Souss, n'ont que les yeux pour pleurer cette déchéance déconcertante. A cela s'ajoute une autre démission irritante, longtemps imposée à une métropole résolument tournée vers un tourisme potentiel. Effectivement, on ne cessera jamais de déplorer le déversement direct dans le sable doré et la plage limpide d'Agadir, des eaux usées non traitées desquelles s'échappent des odeurs nauséabondes au grand des baigneurs présents à longueur d'année. Une situation des plus écœurantes qui sévit encore sans qu'on ne réagisse pour épargner à la première station balnéaire du pays cette honte qui ne dit pas son nom. Il est vraiment condamnable de continuer à avilir l'une des destinations phares du Maroc, alors que les projets structurants ne cessent de mettre à niveau cette ville émergente. Il s'agirait, en fait, d'édifier ou d'activer l'édification, comme il était prévu auparavant, des barrages collinaires aux amonts des oueds dévastateurs en période de crue, afin de collecter des millions de m3, fort utiles à des fins agricoles, et d'éviter de tels gâchis hydriques et pollutions marines. De même, il s'avère urgent et vital de mettre en place des stations de traitement et d'assainissement des eaux usées en vue de faciliter leur évacuation dans le large. Il y va de l'intérêt des citoyens résidents et des touristes qui prennent d'assaut cette belle ville qu'est Agadir.