... et du poisson ! Le Maroc présente trois façades maritimes et totalise 3500 kilomètres de côtes environ. La circulation des masses d'eau, aussi bien en Atlantique qu'en mer d'Alboran, permet l'existence d'un potentiel halieutique reconnu et exploité, même s'il reste encore beaucoup d'efforts à développer pour ces deux aspects. Une meilleure connaissance du potentiel du secteur des pêches, dans son ensemble, et la mise en œuvre d'une politique permettant son développement afin qu'il réponde à la demande, aussi bien du marché intérieur que du marché mondial, tout en préservant la ressource et son environnement sont les principaux défis de l'exploitation halieutique au Maroc. Il faut souligner que le Maroc ne démarre pas de rien dans ce domaine mais l'effort consenti reste marqué par «des faiblesses et des contraintes» sans la correction et le dépassement desquelles le secteur des pêches restera limité dans sa participation à l'augmentation de la richesse nationale et à l'amélioration de l'alimentation des Marocaines et des Marocains. C'est là non pas un choix mais une nécessité, car la persistance des limites du système d'exploitation actuel risque de le faire évoluer vers une source à problèmes. L'histoire de l'exploitation de la sardine est éloquente à ce propos. (Alose où es-tu ?). Si le Maroc est le premier producteur mondial de Sardina pilchardus, la valorisation de la production dans sa totalité reste, pour le moins, à améliorer ; sans parler des conséquences de la migration de la ressource vers le sud! Sur les 500 espèces qui constituent l'essentiel de nos ressources halieutiques, seules six d'entre elles (le poulpe, le calamar, la seiche, la crevette, la sardine et l'anchois) constituent nos exportations sous forme de produits en conserve ou congelés et qui se concentrent essentiellement sur l'Espagne et le Japon. La diversité des espèces pêchées ne se retrouve pas à l'export. Le frais reste faible dans sa contribution et les pays consommateurs de poisson ne sont pas tous investis par nos produits. S'ajoute à cela des coûts d'exploitation qui ne facilitent pas la compétitivité et un déphasage certain à répondre à la demande et à respecter les normes de qualité, de sécurité sanitaire et de traçabilité des produits. Si la demande mondiale, particulièrement celle des pays riches, s'accroît pour la consommation des produits de la mer, la demande intérieure reste frustrée par le prix à l'étal et la variabilité de la qualité. Les améliorations apportées au circuit de la vente du poisson restent jusqu'à présent fragmentaires, localisées et non pérennes. La bonne connaissance des stocks halieutiques, celle des conditions de leur développement et de leur réponse aux changements du climat océanique doit s'accoupler avec une bonne gestion de leur exploitation pour mieux répondre à la diminution de la ressource et à son épuisement suite essentiellement à une surpêche destructrice. Le développement de l'aquaculture reste une option fondamentale et stratégique pour le Maroc où les sites favorables à cette activité sont nombreux. Malgré ses exigences en moyens financiers et en maîtrise du savoir faire, l'aquaculture, dans toutes ses formes, constitue un levier de développement important par son implication dans la recherche scientifique, le transfert de technologies, l'aménagement du territoire et le développement durable. Si «Halieutis» il y a, il faudrait profiter du non renouvellement de l'accord de pêche avec l'Union européenne (c'est eux qui ne le veulent pas !) pour mettre à niveau nos moyens à la mer, instaurer la chaîne du froid du bateau de pêche au souk le plus reculé, consolider le consensus avec les opérateurs concernés en prenant en considération l'élément humain, de sa formation à l'assurance d'une vie meilleure, afin que la mer nous comble de ses richesses.