La sélection espagnole de football a remporté, dimanche à Kiev, la coupe d'Europe des Nations 2012 (euro 2012) grâce à une victoire sur son homologue italienne sans précédent dans l'histoire du football moderne de quatre buts à zéro. Loin d'analyser la manière avec laquelle chacune des deux équipes avait joué, il suffit de méditer sur les rasions qui ont conduit les «rouges» au sommet du football mondial avec trois titres gagnés en l'espace de quatre ans (2 euro-coupe et un mondial). Ceci invite aussi à établir un parallèle avec d'autres sélections qui sont encore en quête de leur identité. D'abord, «la Roja» est placée aux commandes d'un entraîneur national, Vicente Del Bosque, un ex-joueur et entraîneur talentueux du Real Madrid, un homme pondéré au tempérament calme et réflexif. Ensuite, la quasi-totalité des joueurs sélectionnés sont issus des clubs de la ligue nationale. Sur les internationaux alignés, dimanche lors de la finale, six étaient du FC Barcelone (Piqué, Xavi, Iniesta, Busquets, Cesc et Pedro) et quatre du Real Madrid (Casillas, Arbeloa, Ramos et Xabi Alonso), de deux clubs qui dominent sans partage le football espagnol. Silva, du Manchester City, était le seul titulaire émigré appelé à renforcer les rangs des nationaux. Fernando Torres et Mata (Chelsea) ont fait leur entrée à la fin du match. L'ossature de l'équipe se composait ainsi de joueurs des clubs évoluant au sein de la Liga et se connaissant parfaitement. Autre observation, le coach national a élu le style qui convient le mieux à cet ensemble en faisant de la sélection nationale une réplique du Barça. Ce club, qui a remporté 14 titres en l'espace de quatre durant l'ère de Pep Guardiola, se nourrit de sa propre pépinière, l'école de la Massia, une grange pédagogique qui s'est convertie en la Harvard du football pour former des génies de la balle ronde. Les statistiques révèlent que le meilleur Barça et la meilleure sélection espagnole ont eu une progression triomphale parallèle grâce à une génération de footballeurs formés par des techniciens nationaux. C'est le football de base, les clubs sains à l'abri de toute sorte de mercenariat ainsi que des entrepreneurs compétents et désintéressés qui sont en réalité à l'origine des succès aussi bien des clubs que de la sélection nationale en Espagne. Après l'ère de l'Allemagne, des Pays-Bas, de l'Italie et de la France, vient le tour de l'Espagne qui a finalement acquis ses lettres de noblesse comme puissance footballistique mondiale à l'issue de plusieurs décennies de patience, de recherche de son propre style de jeu mais aussi grâce au travail sérieux au sein des clubs.