L'égalité de genre dans les pays arabes, à l'heure du printemps arabe en cours est le thème d'un colloque international, dont les travaux ont débuté lundi à la faculté de Droit d'Agdal-Rabat, à l'initiative de l'Ecole pluridisciplinaire d'été sur les rapports sociaux de sexe. Destiné surtout aux étudiants, mais également à des chercheurs et décideurs, le colloque, qui va se poursuivre jusqu'au 6 juillet, réunit notamment des conférenciers marocains, français et canadiens. L'Ecole pluridisciplinaire d'été est en effet ouverte aux étudiant-e-s de niveau Master, doctorantes et jeunes chercheur-e-s issue-e-s des pays partenaires du projet (Maroc, France, Canada) et de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, et engagé-e-s dans des études de genre, notamment en sciences humaines et sociales, selon les organisateurs. Cette première édition de L'Ecole pluridisciplinaire d'été sur les rapports sociaux de sexe s'inscrit dans le cadre du programme de recherche « Travail, Femmes et Villes du Maghreb » (TRAFEMVIL). Initié en janvier 2012 avec l'appui du dispositif du Programme d'excellence pour l'enseignement et la recherche au Sud (PEERS) de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), ce programme triangulaire "Maroc, France, Canada" institutionnalise des collaborations plus anciennes entre la Faculté d'études juridiques, économiques et sociales de l'université Mohammed V Agdal-Rabat, l'Ecole de développement international et mondialisation de l'université d'Ottawa et l'UMR Développement et Sociétés (Paris 1/IRD) et l'IEDES-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il s'appuie également sur un partenariat récemment noué avec le Centre Nord-Sud du Conseil de l'Europe. De facture multidisciplinaire et organisée sous forme de colloque, l'école d'été se veut la prolongation des réflexions sur «féminisme et multiculturalisme», amorcées à l'occasion du 5e Congrès des recherches féministes dans la francophonie qui s'est tenu à Rabat en octobre 2008 et renouvelées dans le sillage des événements de 2011 dans le monde arabe. Regroupant des chercheurs et des militantes féministes chevronnées, elle s'intéresse aux enjeux et défis de la pleine participation des femmes dans les reconfigurations consécutives aux réformes et révolutions qui secouent l'Afrique du Nord et le Moyen Orient (région ANMO). Par-delà la forte implication des femmes dans les manifestations, réseaux sociaux et blogs, il importe d'examiner comment celles-ci peuvent mettre à profit les transformations actuelles pour atteindre l'égalité de genre dans la région. Cette quête de l'égalité de genre, définie comme l'égalité de droit, de condition sociale, de pouvoir décisionnel et de responsabilité entre hommes et femmes dans tous les domaines de l'espace public et privé, réaffirme l'urgence d'un débat éclairé sur l'exercice d'une pleine citoyenneté à l'image du slogan lancé par les Tunisiennes « Pas de démocratie sans égalité ». Ce colloque vise plus spécifiquement à explorer les questions suivantes: Les réformes et révolutions en cours offrent-elle une opportunité pour faire avancer les droits des femmes ? Quelles sont les revendications des féministes (laïques et religieuses) de la région ANMO et comment se traduisent leurs résistances au quotidien ? Quelles actions politiques et législatives s'imposent pour y répondre? Comment rendre compte des pratiques du changement social et de la réappropriation de l'espace public et privé dans une perspective de recherche féministe? Sur le plan institutionnel, l'école pluridisciplinaire d'été sur les rapports sociaux de sexe promet en outre d'apporter un appui scientifique et technique au projet PEERS, en termes de recherche et de formation initiale (étudiant-e-s) et continue (chercheur-e-s), tout en favorisant le maillage à long terme avec les communautés scientifiques des pays partenaires et de la région de l'ANMO. Elle s'appuie sur la participation des étudiant-e-s du Master « Genre et politiques publiques » de l'Université Mohammed V Agdal-Rabat.