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SAR la Princesse Lalla Salma préside la cérémonie d'ouverture du Festival de Fès des musiques sacrées du monde : Concert inaugural : «Sois heureux un instant»
Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma a présidé, vendredi soir à Fès, la cérémonie d'ouverture du 18-ème festival de Fès des musiques sacrées du monde, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, autour du thème “Ré-enchanter le monde”. SAR la Princesse Lalla Salma a rejoint la tribune officielle, d'où Son Altesse Royale a suivi le concert inaugural du festival, une sublime scénographie intitulée “Sois heureux un instant”, en hommage au poète spirituel et homme de science perse Omar Al Khayyam. Conduite par le réalisateur français Tony Gatlif, connu pour sa musique de films débordante d'émotions, cette création a réussi, de la plus belle des manières, à mettre en scène des artistes d'Asie centrale, des mondes oriental et occidental. Une belle manière de refléter les principes de tolérance et de respect, chers au Festival de Fès des musiques sacrées du monde, et de restituer quelques-uns des enseignements légués par le personnage exceptionnel d'Omar Al khayyam. Après cette authentique entrée en la matière, les multiples sites qui accueillent les activités du festival viendront, simultanément ou tour à tour, nourrir et enrichir le regard de tout un chacun sur le monde et sa capacité à le transformer et à le ré-enchanter. Que ce soit sous le chêne pluri-centenaire du musée Al-Batha, entre les murailles témoins de siècles de la vie des Riads et maisons traditionnelles de la médina ou encore dans les théâtres à ciel ouvert de Bab Al-Makina ou de la place Boujloud, ce sera la même quête de spiritualité, la même recherche du ré-enchantement du monde, tout au long des neuf jours que dure le Festival. Depuis son coup d'envoi en 1994, le Festival des musiques sacrées du Monde, continue d'être un véritable appel à la paix des âmes et à l'harmonisation dans la diversité des cultures spirituelles, qui se donnent rendez-vous en un seul espace. Cet espace n'est autre que la ville millénaire de Fès, considérée depuis toujours par les hommes de la culture et des lettres comme l'un des plus importants centres de la culture islamique. La poésie une parole libératrice perçue différemment selon les cultures Belle entrée en la matière pour le forum de Fès, qui a offert, samedi matin au musée Batha, une sublime agora sur la fonction de la poésie et sa conception chez les différentes civilisations et cultures, depuis la nuit des temps. Source d'émerveillement pour les uns. Moyen de préservation de la mémoire pour les autres. Alibi de bousculement des conformismes, aussi. Autour du thème “poésie et cité”, une brochette de chercheurs, réunis par le Festival des musiques sacrées du monde, se sont essayés à s'aventurer sur le terrain miné de la définition de la mission de l'expression poétique. Un exercice ardu au regard des spécificités culturelles, sociétales, voire communautaires. Aux yeux des Occidentaux exaspérés par le malaise des sociétés industrialisées, la parole du poète est représentée comme un salut pour les personnes en quête d'émerveillement et de beauté. Dans l'hémisphère Sud, la poésie est pensée différemment : les poèmes sont des “textes d'exaltation qui nous renvoient à nos origines : la générosité, le culte de la beauté, un hymne à la vie”, a dit la sociolinguiste nigérienne, Salamatou Sow. Une vision que ne partage forcément pas l'essayiste français Frédéric Ferney. “L'art n'est pas au service de la morale. Il est la morale ou rien. Il transforme notre regard”, estime Ferney, qui s'est demandé comment des films violents, comme “Orange mécanique” et “Apocalypse now” peuvent receler de la beauté, “là où l'on ne s'attend pas”. Le poète utilise un langage qui est le contraire même du politique. “Alors que la poésie renvoie à l'émerveillement du monde, la politique consiste à trouver une forme pour dire cette vérité qui fait mal”, considère encore Ferney. Younès Ajarrai, enseignant-chercheur marocain établi en France, est allé scruter tout une autre problématique qui marque le rapport de la poésie à la cité, à comprendre dans le sens de “société”. L'état de la poésie est mis très à mal car la place de la poésie et de la culture, en général, est de moins en moins importante dans les médias, constate le natif de Kénitra, qui pointe également du doigt l'impact néfaste de “la loi de l'économie”, parce que le poète “n'est pas vendeur”. Cet avis de détresse trouve un écho chez Salamatou Sow qui défend l'idée que le “monde a besoin du sens de l'écoute que seule la poésie peut lui offrir, en étant une expression de l'oralité à l'origine”. La parole poétique peut, ainsi, “montrer la voie pour sortir de cet enfermement et de ce désenchantement”, renchérit Frédéric Ferney, qui a animé pendant 12 ans la célèbre émission littéraire de France 5 “Le Bateau livre”. Le Forum de Fès “une âme pour la mondialisation”, sorte de Davos spirituel du festival des musiques sacrées du monde (8-16 juin), réfléchit cette année sur les “causes profondes des mutations qui traversent le monde actuel, tant sur un plan idéologique que politique et social”. Au fil des journées du Forum, qui a invité des intellectuels de divers horizons, la thématique centrale sera décortiquée en sujets aussi poétiques que profonds portant, entre autres, sur le Printemps arabe, spiritualité et entreprise, crise financière ou crise de civilisation et enfin la voie vers une politique de civilisation.