La ville de Tétouan, cité touristique et culturelle par excellence, figure parmi le Top 5 des villes marocaines où l'artisanat n'est pas seulement un métier, mais un art et une forme d'expression qui en dit long sur les affluents andalous de la "Colombe Blanche". Le visiteur est en droit donc de s'émerveiller par l'architecture hispano-mauresque qui confirme la vocation de la ville où le métier d'artisan ne cesse de se développer et de s'améliorer. Et c'est justement dans cette optique que la ville sera dotée d'un nouveau centre de formation par apprentissage dans les métiers d'artisanat dont le lancement des travaux a été donné ce dimanche par SM le Roi Mohammed VI au quartier Boujarrah à Tétouan. Ce centre destiné à la formation des jeunes de la région Tanger-Tétouan, et à la formation continue des artisans en activité, est doté d'une capacité de 500 stagiaires qui viendront ainsi renforcer le potentiel dont dispose cette ville où l'artisanat tourné principalement au commerce se distingue notamment par le travail du bois, la menuiserie, la maroquinerie, la tannerie et la poterie. Ainsi, l'artisanat est omniprésent dans la cité de la Colombe blanche en raison de sa perpétuation de génération en génération, grâce notamment à l'école des métiers et arts traditionnels, créée en 1929, et qui continue à transmettre le savoir-faire artisanal tétouanais à ses élèves. Communément connue sous le nom de Dar Sanâa, cette merveille de l'artisanat tétouanais est incontestablement un des joyaux architecturaux de la ville, contribuant grandement à la préservation du patrimoine artisanal local. Ce prestigieux édifice témoigne d'une époque faste de l'artisanat tétouanais où coexistaient des artisans marocains et espagnols. Sa création avait pour objet la préservation du patrimoine artistique andalou-mauresque qui a réussi au fil du temps à s'imposer à l'échelle nationale et à se développer sous l'impulsion de personnalités tétouanaises et espagnoles, tels Haj Abdeslam Bennouna et le grand artiste-peintre espagnol Mariano Bertuchi. L'école qui compte une centaine d'élèves continue ainsi à transmettre le savoir-faire artisanal tétouanais aux nouvelles générations, explique le directeur de l'Ecole des arts et métiers de Tétouan, Anas Sourdou. Son emplacement à l'extérieur des remparts en face de la célèbre Bab Okla, l'une des sept portes de la médina, et près du Musée ethnologique de Tétouan, lui procure plus de valeur sur les plans architectural et civilisationnel. L'Ecole des arts et métiers dispose de dix ateliers d'artisanat qui permettent aux élèves, originaires de la ville de Tétouan et de régions avoisinantes, de bénéficier de ce savoir-faire, notamment en poterie, fer forgé, broderie, bois incrusté et sculpté et cuir brodé, grâce à un encadrement assuré par de grands artisans tétouanais tels El Mfedel Roro, Mustapha El Younsi, Mohamed El Khanchouf, Ilyass Toub, Mohamed Amghouz et Rahma El Ouardani. Nul doute qu'avec la construction du nouveau centre de formation par apprentissage dans les métiers d'artisanat, ce secteur connaîtra un accroissement du nombre d'artisans de la ville estimés à 5.271, selon des chiffres fournis par la Direction de l'artisanat. Quant au nombre de coopératives, il s'élève à 25 unités comptant près de 900 membres, alors que celui des associations professionnelles se situe à 29 avec plus de 800 adhérents.