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Une première conforme à la nouvelle Constitution : Benkirane répond aux questions des députés : «Je suis fier de ma majorité et je ne veux pas d'une popularité au détriment de la loi»
La Chambre des représentants a vécu, lundi après-midi «un instant historique». Le chef du gouvernement, en application des dispositions de l'article 100 de la Constitution et des articles 157 et 160 du règlement intérieur de la Chambre, a répondu aux questions des députés relatives à quatre axes (le plan législatif, la corruption et l'économie de rente, l'emploi et la gouvernance). Il faudra dire que la présence du chef du gouvernement à l'hémicycle a été unanimement saluée par tous les groupes parlementaires, opposition et majorité confondues. Lors de cette séance, Abdelilah Benkirane a affirmé que les électeurs ont voté pour le PJD, placé en tête des dernières législatives, et pour ses trois alliés au gouvernement dans le but de défendre le droit de tous les diplômés, présents et à venir dans toutes les régions du pays, à l'emploi et non seulement de ceux qui viennent le demander dans la rue et devant le Parlement. Répondant aux députés, qui lui demandaient, lors de son premier passage obligatoire à la Chambre, de recruter directement dans la Fonction publique des diplômés chômeurs et sans concours ou test, M. Benkirane a affirmé que le recrutement sur titre dans la Fonction publique en vertu des dispositions du procès du 20 juillet dernier, signé avec quatre coordinations de diplômés chômeurs est «anticonstitutionnel et non conforme au statut de la fonction publique». «Et si on ouvre cette porte de recrutement direct, va-t-on la laisser ouverte ou la fermer, une fois ce groupe recruté pour imposer aux prochains postulants à des postes d'emploi des concours?», s'est il interrogé. «Ce n'est pas logique, car tous les Marocains sont égaux et jouissent des mêmes droits sans distinction aucune à l'emploi», a-t-il expliqué, proposant à ceux qui défendent la thèse du recrutement direct d'intenter un recours devant le tribunal administratif pour imposer au gouvernement par voie de décision judiciaire de respecter l'accord signé avec les coordinations des diplômés chômeurs. «Le recrutement dans la fonction publique sera effectué sur la base de concours destinés à assurer à tous les candidats l'égalité des chances et à sélectionner les éléments les plus méritants», a souligné M. Benkirane, selon lequel l'administration marocaine souffre déjà d'une pléthore de fonctionnaires, sans parler des fonctionnaires fantômes. «Je ne perds rien si je signe le décret de recrutement, au contraire ma côte de popularité va grimper», a-t-il dit, précisant qu'il «ne veut pas d'une popularité gagnée au détriment du respect de la loi dans le pays». «Si nous ne respectons pas la loi, on est perdu dans ce pays», s'est-il exclamé. Il a en outre estimé que la réflexion sera approfondie pour trouver une issue au problème des diplômés chômeurs, tout en explorant toutes les pistes en présence et en encourageant l'auto-emploi des jeunes et permettre aux personnes à besoins spécifiques de bénéficier du quota qui leur est réservé. Evoquant la volonté du gouvernement de combattre l'économie de rente, le chef de gouvernement a d'emblée précisé que le problème est beaucoup plus complexe qu'on le pensait car il s'agit d'un héritage de plus de 50 ans d'accumulation. C'est «un lourd héritage», bien enraciné dans le pays et qui doit être combattu «selon une approche participative» de la majorité et de l'opposition, pour venir notamment à bout des poches de résistance (diables) qui tirent profit de la situation, a-t-il expliqué. Dans le cadre de cette démarche, le gouvernement doit faire preuve de compréhension et surtout de respect envers la loi qui doit être placée au dessus de tous, a-t-il souligné, rappelant que certaines catégories sociales (chanteurs, artistes, sportifs, etc.) méritent amplement d'être récompensées pour les services rendus à la nation tout au long de leur carrière, en leur accordant par exemple des agréments de transport. D'autres éléments, qui se sont spécialisés dans le domaine d'obtention de tels agréments arrivent parfois à «subtiliser» 4 ou 16 agréments, alors que d'autres qui le méritent rêvent toujours d'en avoir. Auparavant, le chef du gouvernement avait tenu à dissiper les craintes de l'opposition et de la majorité sur la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle constitution, notant que tous les textes de loi requis pour ce faire seront élaborés à temps avec la participation de tout le monde. Conscient de l'importance de l'arsenal juridique nécessaire, le gouvernement, a-t-il dit, s'attèle à la modernisation des lois organiques concernant notamment la consécration de la langue amazighe comme langue officielle, l'organisation des travaux du gouvernement, le droit de grève et la Cour constitutionnelle. Et M. Benkirane de souligner que le Maroc vit un moment historique depuis le discours royal du 9 mars 2011, ayant annoncé la révision de la Constitution. Un passage obligatoire Les travaux de cette séance mensuelle avec le chef du gouvernement se tiennent en application des dispositions de l'article 100 de la Constitution et des articles 157 et 160 du règlement intérieur de la Chambre. L'article 100 de la Constitution stipule que "les réponses aux questions de politique générale sont données par le chef du gouvernement. Une séance par mois est réservée à ces questions et les réponses y afférentes sont présentées devant la Chambre concernée dans les trente jours suivant la date de leur transmission au chef du gouvernement". L'article 157 du règlement intérieur précise pour sa part que la séance se tient "en accord avec le gouvernement", tandis que l'article 160 affirme "qu'une séance mensuelle est consacrée à la présentation des réponses du chef du gouvernement aux questions relatives à la politique générale".