Tout est disposé, à la veille du vendredi 25 novembre 2011, pour que les élections législatives refondent le pacte citoyen avec les élites politiques. On le sait, l'élection n'est pas seulement l'expression de l'attachement à la démocratie, mais également une opportunité à saisir pour insuffler un nouveau dynamisme au champ politique à travers, notamment, le redéploiement du personnel politique. Cette vérité vaudrait plus particulièrement pour le Maroc d'aujourd'hui. Ni le constituant de 2011, ni les autorités marocaines, ni encore le législateur, n'ont lésiné sur les moyens afin que les échéances du 25 novembre 2011 soient un rendez-vous pour sceller cet engagement, à savoir le renouvellement et le rajeunissement du personnel politique. Il n'est que de lire soigneusement la nouvelle charte fondamentale du Royaume pour saisir les dispositions constitutionnelles qui visent la recomposition en profondeur du système de production des élites politiques au Maroc. Alors que l'article 7 met en corrélation étroite la fonction partisane et « l'alternance par les moyens démocratiques », l'article 10 consacre le droit de l'opposition parlementaire de contribuer à « l'exercice du pouvoir (...) à travers l'alternance démocratique ». Dans d'autres recoins du texte constitutionnel est notamment soulignée l'exigence d'«étendre et de généraliser la participation de la jeunesse au développement (...) politique du pays» (art. 33) et son droit de « participer à la vie nationale, dans un esprit de citoyenneté responsable » (art. 171). Idem pour les femmes qui se voient reconnaître un acquis majeur et presqu'inédit dans les Constitutions arabes : le mécanisme de la parité destiné à renforcer la représentativité féminine au sein des institutions nationales (art. 19). En aval à la Constitution, une dizaine de dispositifs législatifs et réglementaires sont déjà adoptés – d'autres le seront immédiatement après l'installation des deux nouvelles Chambres du Parlement – pour traduire cet engagement dans la politique électorale ainsi que dans le fonctionnement réel des institutions représentatives. Aujourd'hui, chiffres à l'appui, le message semble être bien passé. Les organisations partisanes ont tenu généralement leurs promesses en présentant des candidatures renouvelées à hauteur de 87,57% ; ce qui signifie que l'électorat marocain a aujourd'hui affaire à des listes électorales où quasi totalité des candidats se présente pour la première fois aux élections. Gage de « virginité politique » d'une nouvelle élite parlementaire, ce taux est en soi un argument suffisant et irréfragable pour que les 13 millions d'électeurs marocains déferlent massivement dans les bureaux du scrutin pour élire les quelques 395 députés de la nouvelle Chambre des représentants. Argument d'autant plus irréfragable que les 1521 listes en compétition comptent un potentiel de candidats aux profils sociodémographiques et dotés de niveaux d'instruction très prometteurs. Là aussi, chiffres à l'appui, le système de production des élites semble à jamais trancher en faveur du renouvellement, appréhendé cette fois-ci en termes de rajeunissement et de compétences intellectuelles des candidats. Sur ce registre, 36,03% des candidats ont moins de 45 ans. Une proportion exactement égale (36,16%) en a entre 45 et 55 ans. Cela fait que la tranche d'âge allant de 25 à 55 ans s'élève à plus de 72% des candidats, soit les trois quarts environ des effectifs en compétition. Ainsi, pour autant qu'on admette que cette tranche d'âge incarne, dans la trajectoire d'une vie humaine, la vitalité, l'ambition, la maturité et bien d'autres vertus sociales, on est tenté de soutenir que l'électorat marocain du 25 novembre 2011 est gratifié de l'offre électorale la plus avantageuse de l'histoire du Royaume. Un dernier argument et non des moindres : le chiffre relatif au niveau d'instruction des candidats accuse une progression spectaculaire jusque-là inégalée dans l'histoire électorale du Maroc. Les trois cinquièmes, soit 59,43% des effectifs en lice, ont un niveau d'enseignement supérieur. Ceci laisse espérer que la majorité la plus large des futurs élus de la Nation jouira d'un capital culturel et d'une compétence technique et politique à la mesure de leurs missions. Il en va de même, évidemment, pour le personnel gouvernemental, puisque la formation du Gouvernement et des cabinets ministériels dépendra étroitement des résultats du prochain scrutin. Crucial rendez-vous avec l'histoire ! Aux Marocains de choisir ! • Professeur à la faculté de droit de Rabat-Agdal et Conseiller auprès du Centre d'Etudes Internationales