Le gouverneur de la province de Tinghir a encore fait des siennes ! On s'est bien gardé, pendant un bon bout de temps, de «rabâcher» ses innombrables bourdes pour ne pas être taxé de récidiviste, mais ses impairs sont si intempestifs qu'on n'est pas le droit de les occulter. Mardi dernier, en fin de matinée, sa dernière bavure, il y en aura certainement d'autres tant qu'il persiste à redorer le blason terni de son compagnon, a couvert son auteur de dérision incommensurable. Jugez-en ! Depuis pas moins d'un mois, plus de deux mille ouvriers à la mine d'argent sise à la commune d'Imeder relevant de la province de Tinghir, la première en Afrique du nord, se sont lancé dans un mouvement de protestation contre les agissements impopulaires de la société d'exploitation, pour recouvrer leurs droits légitimes. Ce sit-in illimité qui a paralysé cette unité de production a été également marqué par d'autres actions aussi virulentes touchant plusieurs axes de cette région abandonnée à son sort. Après d'insistants appels auprès des autorités locales afin qu'elles réagissent en faveur de ces doléances à caractère social et humain, le gouverneur a décidé, enfin, de se rendre sur les lieux en vue d'entrer en dialogue avec les manifestants et trouver des solutions équitables à leur calvaire. Seulement voilà ! A son arrivée au siège de la commune d'Imeder où devait se tenir l'entrevue tant attendue, les travailleurs, irrités par l'exclusion et accablés par les affres de l'attente durant le mois du carême et les fêtes de sa rupture, se sont aperçus que leur interlocuteur était accompagné, encore une fois, par son parlementaire habituel du PAM qui ne cesse de le «côtoyer» nuit et jour et le président du conseil provincial du même parti. Cette compagnie a donc suscité un profond agacement au sein des ouvriers qui demandèrent, ipso facto, de congédier ses deux accompagnateurs indésirables. Mais, le gouverneur, apparemment fort embarrassé par cette condition qui porte préjudice à l'image du député tourné en ridicule et qui affecte aussi sa vanité de se voir contrarier, leur tint tête. Intransigeants sur ce principe et conscients de la manœuvre du responsable qui consistait à leur faire avaler cette duperie selon laquelle la résolution de leur malheur passerait aussi par la présence du parlementaire désavoué, les ouvriers ont vivement manifesté leur colère devant l'entêtement et la complaisance du gouverneur envers son compagnon. Face à cette opiniâtreté, ils rebroussent chemin en laissant pantois leurs vis-à-vis, avant même de regagner la salle de la réunion. Désespérément, le gouverneur tenta de poursuivre les réfractaires pour les dissuader en vain. Devant cette pitoyable persistance, les insurgés ont lancé ces propos au nez du gouverneur ridiculisé : « Si vous ne nous laissez pas en paix, on va vous éclabousser d'ordures, comme ont vous a déjà fait nos concitoyens d'Alnif. Vous nous avez préférez votre parlementaire de prédilection, allez vous entretenir avec lui, sans nous ! Notre position est claire: Ou bien lui, ou bien nous ! ». Le gouverneur a bien fait son choix. Celui de plaire au « fidèle » député aux dépens des intérêts de plus de deux mille mineurs, en proie à la répression et l'exploitation vorace. Un choix immonde ! A propos, il y a juste une semaine, ce député qui jouit de tous les égards de son protecteur, avait convié chez lui, à la commune de Taghzout, plus de 150 invités à un festin «généreux», mais, malheureusement, pas plus d'une trentaine avait répondu à son invitation « empoisonnée », bien entendu, synonyme de campagne électorale avant la lettre. Comme sa manœuvre louche a connu un échec cuisant, il récidiva, le lendemain, en se rendant dans la commune rurale d'Aknioun, plus précisément, au douar Tazlaft, où il avait organisé un autre repas et enfilé la bagatelle somme de 20 000 dhs aux «électeurs» pour qu'ils procèdent, soit disant, à l'élargissement de la mosquée. La générosité et la bienfaisance se sont encore déferlées, en ces temps-ci, en abondance comme par enchantement. Quelle mesquinerie ! Et dire que la nouvelle Constitution promet un Maroc nouveau qui rompt, une fois pour toutes, avec les conduites de fraude bien révolues. Les bévues du gouverneur et ses compagnons feront l'objet d'autres livraisons très prochainement. On n'a que nos plumes pour les dénoncer et nos yeux pour les…pleurer !