La série noire du Raja de Casablanca continue. Le naufrage a commencé depuis le premier match de la saison face à Coton Sport en phase des groupes de la Ligue des Champions. C'est à ce moment là que les responsables du club devaient tirer la sonnette d'alarme, après le semi-échec attendu à domicile face au club camerounais. Cette contreperformance allait s'aggraver par deux défaites successives au Soudan et Nigeria devant respectivement Al Hilal (1-0) et Enyimba (2-0) pour que le Raja se trouve lanterne rouge de son groupe avec seulement un petit point. Le Raja, techniquement déstabilisé et moralement décimé, après le principal stage préparatif pour la nouvelle saison qui a été raté à Agadir, stage également bouleversé par le départ inopportun de M'hamed Fakhir à quelques jours seulement du premier match décisif de la phase des groupes en Ligue des Champions, a besoin du temps pour que le nouvel entraîneur, le Roumain Ilie Balaci, puisse colmater les brèches au sein d'un groupe qui ne tourne pas bien. L'effectif du club laisse beaucoup à désirer. Il n'est pas du tout confiant ni stable, il parait incapable de rebondir en compétition africaine après la nouvelle défaite au Nigeria. Au niveau national, après la raclée en Coupe du Trône en quittant tôt la compétition devant l'Olympique Safi qui l'a dominé dans son fief (2-3), on se demande comment le Raja va pouvoir relever la tête afin de défendre son titre du championnat national face à des équipes bien rodées comme le WAC, le MAS, l'OCK... D'ailleurs et au départ, le Raja a perdu environ 60% des objectifs à réaliser pendant la saison (50% en Ligue des Champions et 10% en Coupe du Trône. Les 40% qui lui restent sont divisés entre la Coupe de l'UNAF, coupe des clubs champions du nord d'Afrique (10%) et le championnat national (30%). C'est comme ça qu'il faut faire ses calculs et compter ses forces. Et le fait d'être éliminé dans une phase décisive des compétitions africaines ou sortir précocement d'une compétition nationale de la Coupe n'est d'ailleurs pas la fin du monde. A condition que l'hémorragie s'arrête là. Récupérer le temps perdu est encore possible pour l'équipe des Verts qui a les moyens de rebondir, certes pas pour aujourd'hui mais dans l'avenir non lointain. Le Raja, en crise de résultats, peut compter sur les moyens de bord, les joueurs de son terroir surtout les jeunes dont le quatuor Mohamed Chibi, Yassine Tahoune, Soufiane Talal et Zakaria Chaabani qui viennent d'être sollicités pour renforcer l'équipe première en compétition africaine même. Ils auront certainement leur mot à dire dans l'avenir s'ils arrivent à continuer sur le même rythme encourageant au sein de leurs équipes des jeunes, chacun dans sa catégorie. Mais cela ne doit pas passer inaperçu les responsabilités et les failles de la direction du club qui a choisi ces moments là pour faire la politique de la fuite en avant et se cacher derrière le rajeunissement de l'équipe comme objectif à atteindre afin de pouvoir assurer et rassurer pendant l'avenir. Rajeunir le groupe est toujours chose appréciable pour tout club qui respecte ses engagements. Rajeunir l'effectif se passe dans des périodes précises, bien choisies et par des clubs qui ne sont pas en pleines compétitions africaines, internationales ou nationales. Ce qui n'est absolument pas le cas du Raja qui se trouve en mi-chemin de la Ligue des Champions et qui est appelé à honorer non seulement sa mission mais aussi et surtout celle du Maroc qu'il doit dignement représenter. Une mission tellement difficile pour un club qui manque d'effectif aguerri ou du moins de véritables joueurs pouvant assurer l'essentiel et faire la différence dans n'importe quel moment et face aux gros morceaux de l'Afrique… Le vide laissé après le départ des deux pièces maîtresses du club, Omar Nejdi juste après la fin des matches « aller » du championnat national et Mohcine Metoualli en fin de la saison écoulée, n'a pas été rempli par les joueurs qu'il faut. Tous les deux ont quitté l'équipe des Verts sur de bonnes notes, Nejdi était derrière la victoire à Khouribga devant l'OCK (2-1) lors de la 15e journée avant de rejoindre le club égyptien d'Al Makassa et Metoualli parti au Koweït, a contribué au sacre final de ses coéquipiers en championnat national avant de laisser ses traces sur la victoire, difficile, au détriment de l'ASEC Abidjan, dernière victoire du Raja en Ligue des champions qui lui a permis de continuer en phase de groupes. Libérer ces deux joueurs, l'un buteur-maison et l'autre meneur, dans une même saison et qui, eux aussi, voulaient changer d'air, est tout à fait normal, au vu du mouvement des transferts que connaissent tous les clubs, ici et ailleurs. Mais ce qui est anormal c'est de n'avoir guère recruté de bons éléments ou seulement les remplacer par d'autres ayant les mêmes qualités. Ce qu'on peut également reprocher aux décideurs du Raja c'est qu'ils se sont contentés seulement de trois nouveaux joueurs (un en défense, un au milieu de terrain et un pseudo attaquant). Ces joueurs qui sont loin d'être de la trempe et de la valeur de ceux transférés n'ont tout simplement pas ajouté le plus que le Raja cherche, comme ce fut d'ailleurs le cas lors de la précédente année quand le club a gaspillé une somme colossale pour recruter une bonne douzaine de joueurs dont la plupart est limitée si ce n'est faible. Aujourd'hui, le Raja ne tournait plus comme avant. Les attaquants du club sont toujours aux abonnés absents. En six matches de la Ligue des Champions, la ligne d'attaque est restée muette face à trois équipes, Coton Sport camerounais, Al Hilal soudanais et Enyimba nigérian. Elle ne s'est manifestée que trois fois lors des deux premiers matches, deux buts contre le Stade malien en « aller et retour », et un sur penalty contre l'ASEC. Ce qui est l'équivalent d'une moyenne « d'un demi-but par match ». Vraiment misérable et largement insuffisant pour un club rajaoui en lice en Ligue des Champions et qui pense défendre son titre de champion du Maroc…