Quand un simple couvre-feu prolongé de deux heures nous paraît un grand pas vers la liberté, c'est que la pandémie Covid est passée par là. Pour fêter ce couvre-feu, rien de mieux que ... de revoir Dune une deuxième fois ! Même pour une amatrice invétérée de science-fiction comme moi, c'est une première d'aller revoir le même film à deux semaines d'intervalle. Et rebelote .. re-plongée dans l'univers incroyable né des prouesses du trio amoureux Herbert (Ecrivain)-Villeneuve (Réalisateur)-Chalamet (Acteur). Un univers visuel et sonore très particulier d'un 111 ème siècle qui résonne bizarrement d'actualité... Spoiler Alert à part, voici le binge en 10 étapes : Primo, sur Dune, le masque est de rigueur, les lunettes nasales qui alimentent en air aussi et le couvre-feu est diurne pour éviter la chaleur du soleil... ce à quoi la Covid et le réchauffement climatique nous préparent Deuxio, un décalage déconcertant entre une technologie avancée et hautement intégrée, puces-com directement implantées derrière les oreilles, yeux qui se révulsent en mode connexion au web, homeschooling super pédagogique en 3D … et des scènes de combat au corps à corps avec épées aux lames aiguisées … permettant des scènes de décapitation en chaîne rappelant étrangement des vidéos de revendications d'une actualité encore récente. Tertio, l'arabe, le bédouin, les voiles, les burqas sont partout ... et même un Mahdiet montadar en plus...signe que le zemmourisme finirait par s'éteindre. Pourtant j'ai lu une critique française parler d'inspiration grecque et space-opéra ... il peut aller loin le déni chez le francaoui. , Quarto, le ratio homme-femme est offusquant d'inégalité! L'unique ordre féminin, a développé, en réaction au mutisme et effacement subis, un langage des signes, une voix interne qui permet d'avoir totale emprise sur les gens et une gestion stratégique du pouvoir en coulisses... situation très proche de nos sociétés, télépathie à part. Quinto, les paysages et les ambiances du désert sont magnifiquement bien filmés et mobilisent tous les sens… la chaleur sèche, la lumière violente du soleil, le vent transportant le sable … qui traverse les voiles, les vêtements, pénètre les pores, emmêle les cheveux, craquèle les peaux... les dunes de sable qui s'affaissent lors des escalades, l'effort en plus pour courir dans le sable...le souffle profond qu'on reprend après la énième pause lors d'une infinie et silencieuse marche solitaire ... Rajouter un peu d'orangé aux dunes de Dune (Jordanie en l'occurrence) et vous êtes à Zagora. Sexto, les décors sont grandioses, les bâtiments rappellent les tons, les dimensions et les couleurs de l'Europe de l'est dans son apogée communiste... Aussi imaginatif qu'il eut été, Herbert n'a pas imaginé la chute du mur de Berlin et ce qui s'en est suivi. Septimo, Dune est une planète désertique, riche en une substance (épice) convoitée par tout l'empire connu. Cet empire désigne un protecteur responsable de l'extraction de ladite épice en se passant (bien sûr) de l'accord des autochtones. Ces derniers subissent dans une espèce de fatalisme séculaire l'éviscération de leur planète et se replient dans des zones protégées. Remplacez épices par : pétrole, iridium, or, diamants, cacao... et Dune par moult pays d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique latine ... et l'Empire par Europe ou Amérique du nord ... et vous avez de quoi alimenter l'actualité de CNN, BFM et bien d'autres acronymes. Octavo, les scènes du débarquement et de retrait des flottes impériales et leurs vassaux et vaisseaux, rappellent étrangement de récentes scènes de retrait de troupes d'un supposé détenteur de l'ordre mondial, d'un certain pays montagneux réputé pour sa fameuse plante. Nono, les personnages clés et figurants des ordres dirigeants sont (presque) exclusivement représentés par des acteurs blancs, le seul peuple où on retrouve des acteurs noirs et basanés est celui de la planète dominée ... même le sauveur a subi une bonne dose de whitewashing avec juste une petite touche résiduelle d'exotisme pour le surnom "El Mahdi" et "Lissan Al Gaib » … ça prend deux minutes pour que la sonorité arabe des mots s'impose, entre prononciation anglaise, transcription sous-titrée et quête identitaire du spectateur. Decimo, le médecin .. eh oui .. il faut toujours un médecin... est chinois, manie avec dextérité les aiguilles et les poisons, a une IRM intégrée au bout des doigts ... etsurprise, est un véritable médecin de famille, il soigne le papa, la maman, le fils, est toujours disponible, fait des visites à domicile, rassure, diagnostique, traite ... la totale quoi ! Occasion de faire de la promotion à la Médecine Générale ! Ceci dit, le médecin en question, et ce qui va suivre n'a rien à voir avec la Médecine de Famille, finit par être le traître qui indirectement, cause tous les malheurs de l'empire ... point de départ, une aiguille empoisonnée (infectée ?) et du poison diffusé en petit comité ... Toute ressemblance avec des circonstances récentes où des faits relatés à des asiatiquesqui auraient causé un problème mondial, sont pure coïncidence et fiction scientifique. Pour conclure, un joli moment cinématographique à passer, si vous êtes amateur.e de science fiction d'auteur et fan des adaptations des œuvres épiques au grand écran... encore mieux si c'est en dernière séance pour un simili de retour à la normale... entre troisième dose de vaccin en perspective et rues (encore) dépeuplées malgré le couvre-feu prolongé.