Les marocains bloqués dans la ville espagnole d'Algesiras, à cause de la pandémie Coronavirus, continuent d'exprimer leur colère face à ce qu'ils considèrent comme une «mauvaise gestion» de leur dossier. «Le gouvernement nous traite comme si nous ne sommes pas des marocains. Notre cas est devenu une exception dans le monde, et cela a nui à l'image de notre pays », ont il déclaré lors d'une nouvelle manifestation organisée, mercredi, devant le consulat du royaume, pour protester suite au retard de l'aide hebdomadaire que leur accorde le gouvernement. Le journal « Al Oâmk » (rédaction arabophone) a appris que cette aide, consacrée à leur alimentation, a été finalement débloquée jeudi. Selon notre source, le consulat se charge de l'hébergement et de la nourriture d'environ 160 personnes sur l'ensemble de quelques 800 marocains bloqués dans la ville. Ils ont le choix entre des repas livrés ou 50 euros par semaine et par personne. Le consulat a également distribué un questionnaire pour les recenser et connaitre «l'urgence» qui justifierait leur retour au Maroc. Cela pourrait être un indice que ce dossier serait le troisième à être résolu après celui des centaines de marocains qui étaient bloquées à Ceuta-Melilla et en Algérie. Après les consulats et les ambassades du Royaume à l'étranger, la vague de protestation pourrait s'intensifier avec des sit in programmés prochainement devant les aéroports, si rien n'est fait. « Le gouvernement a mis notre vie en danger» Coincé avec sa femme à Algesiras, Soufiane, un marocain a déclaré au journal « Al Oâmk » que « les marocains vivent des conditions psychologiques difficiles, notamment après l'annonce de morts parmi les personnes bloquées à Melilla, en Angleterre et aux Philippines». Ce qui a aggravé la situation, selon lui, c'est « le manque de communication des autorités ». Et d'ajouter: « le gouvernement semble attendre que les frontières soient ouvertes pour qu'on puisse rentrer. Dans ce cas, on ne pourra plus parler d'un rapatriement. D'ailleurs, c'est l'hypothèse la plus probable vu la manière dont le gouvernement nous traite depuis le début de cette crise». Il a également critiqué « les déclarations provocantes et irresponsables du chef du gouvernement et du ministre de la santé à la Chambre des représentants. Des déclarations qui ont aggravé « le sentiment de désespoir et compliqué notre situation (...) Ils attendent que les conditions appropriées soient remplies, depuis plus de deux mois, ce qui constitue une violation d'un droit constitutionnel et un abus de pouvoir. Nous sommes marocains et ils n'ont pas le droit de nous empêcher de retourner dans notre pays, quelles que soient les circonstances.» Soufiane nous a expliqué que « le gouvernement, nous a laissé à notre sort dans des pays étrangers, et a mis notre vie en danger, notamment au début du mois d'avril, lorsque la situation était catastrophique ici en Espagne ». Il raconte avoir laissé une fille âgée d'un an et demi au Maroc. Et sa voiture, abandonnée dans le garage du port de Tanger, a été endommagée par la chute d'une plaque de fer lors de travaux effectués par la société qui gère le garage. «Le flou» « Malheureusement, le traitement de notre dossier par le gouvernement n'a pas été à la hauteur de notre aspiration à un Maroc moderne et démocratique, notamment, suite aux instructions royales à l'occasion du 18ème anniversaire de la fête du trône, lorsqu'il a déclaré que « le devoir exige que les citoyens reçoivent, dans des délais raisonnables, des réponses convaincantes à leurs interrogations et à leurs plaintes. A cet égard, il est impératif d'expliquer les décisions prises et d'en justifier la teneur, même quand elles sont sanctionnées par un refus. A ce propos, tout refus doit reposer sur un fondement juridique : soit que la demande introduite constitue une infraction à la loi, soit que le citoyen n'a pas rempli toutes les formalités requises». Pour Soufiane, le gouvernement est tenu d'expliciter sa décision d'ouvrir l'espace aérien aux employés de l'une des grandes compagnies et de leur permettre d'entrer au Maroc, «ce qui constitue une discrimination et une violation explicite du principe d'égalité entre les citoyens». Il a rappelé que «les tunisiens ont fixé un calendrier clair pour lever le confinement et ouvrir leurs frontières, alors que le Maroc n'a pas encore fourni d'informations détaillées à ce sujet même si les compagnies aériennes ont annoncé la vente des billets sur leurs sites à partir du 17 juin et du 1er juillet. Notre interlocuteur s'est dit optimiste suite au questionnaire distribué par le consulat pour connaître la liste de tous les marocains bloqués à Algésiras. Leur situation ressemble, d'après lui, à celle de ceux qui étaient bloqués en Algérie. «Nous ne sommes qu'à quelques kilomètres du Maroc, et l'opération d'évacuation pourrait se faire via des croisières peu coûteuses, d'autant plus que la plupart de ceux qui sont ici ont des voitures immatriculées au Maroc».