Quelque 531 personnes ont péri dans l'île principale d'Indonésie, soulignant la faiblesse du système d'alerte élaboré après le terrible séisme de décembre 2004. ANDRES est un miraculé. Ce touriste hollandais somnolait sur une plage de Pangandaran, la station balnéaire la plus touchée par le tsunami qui a frappé lundi la côte ouest de Java. «J'ai été réveillé par des cris. Je me suis levé et j'ai vu la mer qui s'était retirée sur plusieurs centaines de mètres. Des gens couraient en direction des collines ; je les ai suivis. Quelques minutes plus tard, je me suis retourné et j'ai vu un mur d'eau qui s'abattait sur les côtes.» Les vagues de deux mètres de haut ont pénétré jusqu'à un kilomètre à l'intérieur des terres. Elles ont pulvérisé plusieurs hôtels très fréquentés en cette saison touristique. Le bilan est lourd : 342 morts, dont une dizaine d'étrangers, 431 blessés et plusieurs centaines de disparus. «Certaines images – telles ce bateau encastré dans un toit ou cette voiture gisant au fond d'une piscine – me rappellent les destructions causées par le raz de marée du 26 décembre 2004», affirme Frank Lavigne, un chercheur français, spécialiste des tsunamis, arrivé rapidement sur les lieux. Selon lui, le tsunami à Java-Ouest n'est pas un «petit tsunami». «Des vagues de deux mètres peuvent être aussi destructrices que des vagues de 10 mètres ; tout dépend de leur vitesse.» Le centre-ville de Pangandaran témoigne de la violence du choc. Les petites maisons sont entièrement détruites et les murs des bâtiments plus élevés sont éventrés. Les rues sont jonchées de blocs de béton, d'arbres arrachés et de quelques cadavres. Les secours s'activent pour retrouver des survivants sous les décombres. Leurs moyens sont rudimentaires. Ils travaillent avec des tiges de bambous, des pelles ou à mains nues. Les bulldozers de la police indonésienne ont déblayé les routes d'accès à la zone, permettant ainsi aux ambulances de circuler plus rapidement. Les blessés, souvent victimes de fractures, sont évacués vers les hôpitaux mais des mosquées sont aussi réquisitionnées. Système d'alerte déficient «Nous manquons de personnels soignants», déplore un imam local. Les Nations unies et les organisations non gouvernementales (ONG), déployés à Yogjakarta après le séisme du 27 mai dernier, attendent le feu vert du gouvernement indonésien pour intervenir. Mais Jakarta affirme que «la situation est presque sous contrôle». La moitié des 50 000 personnes qui s'étaient réfugiées dans les collines seraient déjà redescendues vers le bord de mer. Les rescapés arpentent les ruines de leur maison ou cherchent des membres disparus de leur famille. Les hélicoptères de l'armée indonésienne survolent la région, partant à la découverte d'autres zones sinistrées. Des villages côtiers, plus isolés, pourraient avoir été touchés. Ce nouveau raz de marée montre que le système d'alerte promis après le tsunami de décembre 2004, qui avait tué 220 000 personnes, aux trois quarts indonésiennes, est encore loin d'être au point. En décembre 2005, une simulation d'alerte au raz de marée a été effectuée au sud de Sumatra. Le système est le suivant : le centre météorologique de Jakarta, qui enregistre tous les séismes de l'archipel, relaye immédiatement l'information par téléphone et par fax au chef de la sécurité civile des régions concernées. En moins de cinq minutes, l'alerte au tsunami est donnée sur les côtes grâce à des sirènes. Mais aucune sirène n'a encore été installée à Java. Le système d'alerte de l'océan Indien, financé par la communauté internationale, n'en est lui aussi qu'à ses balbutiements. Quinze bouées munies de capteurs de pression et une centaine de sismographes doivent être opérationnels en Indonésie d'ici à 2009. Deux capteurs ont déjà été installés au large de Sumatra, mais ils ne fonctionnent pas. «Ils sont en panne et hors de l'eau», a expliqué Edi Prihantoro, un responsable du ministère indonésien des Sciences et des Technologies.