Le dirigeant nationaliste tchétchène Chamil Bassaïev, considéré comme l'homme le plus recherché par les autorités russes, a été tué lundi, à quelques jours de l'ouverture du sommet de G8 à Saint-Pétersbourg. Selon le chef des services de sécurité russes (FSB), Nikolaï Patrouchev, Bassaïev préparait une attaque terroriste dans le sud du pays, prévue pour la fin de semaine, soit au moment même où le pays doit accueillir pour la première fois le sommet du G8. Bassaïev s'était attribué l'organisation de la prise d'otages de Beslan en septembre 2004, qui avait abouti à la mort de 331 personnes, dont la moitié d'enfants. Il était également à l'origine de la sanglante prise d'otages dans un hôpital de Boudennovsk, dans le sud de la Russie, qui avait fait plus de 100 morts en juin 1995. Le président russe Vladimir Poutine, dont la cote de popularité devrait encore grimper grâce à cette nouvelle, s'est réjoui de la mort du rebelle tchétchène. "C'est une punition méritée à l'encontre de ces bandits, pour tout ce qu'ils ont fait à l'encontre de nos enfants à Beslan,(...) pour tous ces actes de terrorisme commis à Moscou et dans d'autres régions russes", a-t-il affirmé à la télévision. D'après Nikolaï Patrouchev, Bassaïev a été abattu avec d'autres rebelles tchétchènes lors d'une opération spéciale menée par les forces russes en Ingouchie, région voisine de la Tchétchénie. Dans un communiqué mis en ligne sur le site utilisé par la rébellion tchétchène, les séparatistes ont confirmé la mort de leur dirigeant, affirmant qu'il était devenu "un saint martyr". En revanche, ils affirment que les forces russes ne sont pas responsables de son décès. "Le commandant tchétchène est mort lorsqu'un camion chargé d'explosifs a explosé accidentellement", précise le texte qui dément "toutes les déclarations émanant du camp russe sur une opération spéciale contre Bassaïev qui lui aurait été fatale". EXPLOSION D'UN CAMION CHARGE D'EXPLOSIFS La télévision d'Etat assure que le dirigeant tchétchène a péri dans l'explosion d'un camion, que des rebelles étaient en train de charger en explosifs, dans le village d'Ekajevo. Bassaïev était assis dans une voiture, à côté du camion. "Il y a eu une énorme explosion. Tous ceux qui se trouvaient dans le rayon de l'explosion ont été réduits en miettes", a affirmé Beslan Khamkhoïev, ministre de l'Intérieur de l'Ingouchie, cité par l'agence de presse Interfax. D'après un autre haut responsable d'Ingouchie cité par la même agence, le corps de Bassaïev a été identifié notamment grâce à sa prothèse au pied gauche, mais aussi grâce à des fragments retrouvés de sa tête. Bassaïev est le sixième dirigeant de la rébellion tchétchène à mourir dans des conditions brutales. Le président russe, arrivé au pouvoir il y a six ans en promettant que les rebelles tchétchènes seraient "éliminés dans leur tanière", avait fait de son élimination une affaire personnelle. Mais pendant longtemps, le chef de guerre avait nargué le chef du Kremlin en échappant aux forces russes et en envoyant des messages internet et vidéos. Selon des analystes, sa mort va porter un coup sévère à la rébellion tchétchène. "Avec la mort de Bassaïev, la direction de cette organisation a été détruite. C'est comme si Ben Laden avait été éliminé en Afghanistan", estime Alexander Rahr, spécialiste de la Russie au Conseil allemand des Relations étrangères. "Vous pouvez être sûr que Bush et Merkel vont féliciter Poutine pour Bassaïev", ajoute-t-il. Dans une interview télévisée en 2005, le chef de guerre avait justifié la prise d'otage de Beslan en expliquant que les civils russes, y compris les enfants, constituaient des cibles légitimes pour gagner la bataille de l'indépendance de la Tchétchénie. "Nous sommes en guerre. Les Russes (...) paient des impôts pour financer cette guerre, envoient leurs soldats", avait estimé ce fervent musulman né en 1965.