Le parquet antiterroriste a requis des peines d'un an de prison ferme contre cinq des six anciens détenus de Guantanamo jugés à Paris, tout en condamnant le camp de détention installé par les Américains dans leur base de Cuba. Les prévenus, poursuivis pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste" en raison de séjours en Afghanistan en 2000 et 2001, encourent en théorie jusqu'à dix ans de prison ferme. "Quoi qu'ils aient fait, ces hommes ne méritaient pas le sort qui leur a été réservé, qui est indigne d'une démocratie", a dit le procureur Sonya Djemni-Wagner. Si elle est suivie, les prévenus ne retourneront pas en prison car ils ont déjà purgé la peine demandée à leur retour en France. "Je ne cautionne pas Guantanamo et je ne peux pas ne pas prendre en compte la détention subie là-bas. Mais cette détention n'efface pas la faute qu'ils ont commise", a dit la représentante de l'accusation. Elle a demandé cinq ans de prison, dont quatre ans avec sursis, contre Brahim Yadel, 35 ans, le seul prévenu toujours détenu en France. Elle a requis par ailleurs quatre ans de prison, dont trois avec sursis, contre Khaled ben Mustapha, 34 ans, Mourad Benchellali, 24 ans, Nizar Sassi, 26 ans, Redouane Khalid, 38 ans, jugés libres après avoir purgé entre un an et 18 mois de prison après leur retour en France, les uns en juillet 2004, les autres en mars 2005. PAS DE PEINE REQUISE CONTRE LE SIXIEME HOMME Sonya Djemni-Wagner n'a pas requis de peine contre le sixième prévenu, Imad Achab-Kanouni, 29 ans, estimant que la preuve de sa participation consciente à une organisation terroriste n'était pas rapportée. Proche d'extrémistes armés organisés en Europe, le jeune homme n'a fait que suivre un enseignement religieux intégriste en Afghanistan, où il s'était rendu depuis l'Allemagne par ses propres moyens. En revanche, les cinq autres prévenus se sont rendus en Afghanistan via Londres où ils ont été pris en charge par des adjoints d'Oussama ben Laden, et ils ont pris part à des entraînements militaires d'Al Qaïda en Afghanistan, a-t-elle dit. "Ils se sont intégrés dans une structure dont la finalité était la commission d'actes terroristes", a dit le procureur. Le jugement doit être mis en délibéré mercredi après les plaidoiries de la défense. La défense présente les prévenus comme des victimes et entend demander la relaxe, estimant que le dossier est basé sur des interrogatoires illégaux réalisés par la DST (direction de la surveillance du territoire, le contre-espionnage français), à Guantanamo en dehors de toute procédure judiciaire. Cet épisode a été révélé la semaine dernière par la presse mais le procureur estime qu'il ne change rien au dossier qui repose, dit-il, sur des preuves et des interrogatoires réalisés régulièrement après le retour en France des prévenus.