« Horrible ! pas d'autre mot », lance Larbi sur son blog. « C'est avec incompréhension, effroi et totale consternation que nous avons écouté la sentence condamnant Fouad à 3 ans de prison ferme, peut-on lire dans un communiqué du comité de soutien de Fouad Mourtada. Pour avoir créé un profil sur Facebook, par pure naïveté, parce qu'il se croyait égal aux autres citoyens du monde, Fouad Mourtada est aujourd'hui le fruit d'une des plus grandes injustices que le Maroc ait connues ces dernières années. » Ce site a été ouvert par les amis de ce jeune ingénieur informaticien marocain arrêté début février pour avoir créé sur le site Facebook un compte sous le nom du prince Moulay Rachid, un des frères du souverain Mohammed VI. Pour ce qui passerait pour une blague dans de nombreux pays, le jeune homme a été arrêté le 5 février par la police, puis aurait été torturé plusieurs heures. « J'ai été persécuté, roué de coup, de gifles, crachats et insultes. On m'a aussi frappé pendant des heures avec un appareil sur la tête et sur les jambes » a-t-il confié à sa famille venue lui rendre visite en prison. Une accusation niée par les services de sécurité. Pour Ali Ammar, l'avocat du jeune homme, « la police voulait savoir si il y avait une relation entre Fouad et des groupes terroristes cherchant à faire du mal à la famille royale » . Les médias marocains (non officiels) et la presse internationale ont rapidement pris parti pour l'informaticien, un soutien qui s'est intensifié quand la justice marocaine a refusé sa liberté sous caution. Le 19 février, un certain nombre de blogs marocains (Larbi, Cawaves, Obiter dicta, etc.) se sont mis en grève pour manifester leur solidarité. La situation est jugée rocambolesque, car il n'y pas de plaignant et la police et la justice marocaines ne savent pas comment traiter l'affaire, ni justifier le traitement réservé jusque là à Mourtada. Le procès verbal du 15 février explique que Fouad Mourtada a créé le compte depuis son domicile, sans masquer son adresse IP, mais surtout qu'il n'a entamé aucune discussion avec aucun autre utilisateur de Facebook depuis ce compte. Il aurait reçu plusieurs messages, auxquels il n'aurait pas répondu. Lors du procès Mourtada a dit « regretter son geste » et expliqué : « il y a tellement de profils de célébrités sur Facebook. Je n'ai jamais pensé qu'en créant le profil de SAR [Son Altesse Royale] le prince Moulay Rachid, je lui portais atteinte. (...) C'était juste une plaisanterie, une blague. » Pour la police, l'intention secrète du jeune homme aurait été de séduire des jeunes filles. Une version qui a du mal à convaincre. Le procureur a également estimé que Fouad Mourtada avait porté « atteinte aux valeurs sacrées du royaume en la personne du prince », et il a réclamé « un châtiment exemplaire ». Finalement, vendredi dernier, le Tribunal de grande instance de Casablanca a reconnu Fouad Mourtada coupable pour « utilisation de données informatiques falsifiées et usurpation d'identité ». Il a été condamné à 3 ans de prison et écopé d'une amende de 10000 dirhams (880 euros environ). Sa famille, qui a l'intention de faire appel, a envoyé une lettre de demande de clémence au prince. site de soutien : http://www.helpfouad.com