Ces dernières semaines, les relations israélo-palestiniennes semblaient en bonne voie. Les rencontres entre Olmert et Abbas redonnaient l'espoir d'une véritable reprise du dialogue et Condoleezza Rice, à Ramallah, promettait pour bientôt un Etat palestinien. Sur le terrain, la réalité est tout autre. Ce mardi 14 juin, plusieurs opérations simultanées ont été menées par l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Elles sont se sont soldées par la mort de 6 palestiniens dont deux civils. 32 autres ont été blessés. Deux rapports, l'un publié par le Centre national palestinien d'information, l'autre par une ONG palestinienne de défense des droits de l'Homme dénoncent les violations israéliennes. Depuis le début du mois de juillet, plus de 2.200 violations des droits palestiniens ont été répertoriées, ayant pour conséquences 160 blessés et 52 morts. Environ 500 palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les confiscations de terres, les barrières militaires, les incursions dans les villes et villages du territoire ne cessent de se développer. Les accès à certains lieux de culte sont difficiles, comme la mosquée d'Abraham à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, où repose le corps du Patriarche. «Lundi, les forces israéliennes ont fermé l'accès à la mosquée car c'est un jour de fête pour les colons», explique Azzedine Farrah, ministre assistant des Affaires religieuses. «Durant l'année, il y a dix jours de fêtes juives. Cinq de ces dates tombent durant le mois de Ramadan», précise-t-il. Ces restrictions ont été imposées suite au massacre, en 1994, par un colon, de 29 musulmans alors qu'ils faisaient leurs prières dans cette mosquée. Le lieu de culte a été scindé en deux parties, l'une juive, l'autre musulmane. Pourtant, trois check points militaires subsistent du côté musulman et les fermetures pour les fêtes juives ou autres raisons sont courantes. Les colons installés en plein centre de la vieille ville d'Hébron continuent leurs attaques contre la population palestinienne. Une mosquée a été incendiée la semaine dernière par des colons armés, et des affrontements ont éclaté entre ceux-ci et les combattants palestiniens de la ville. À Bethlehem, le gouverneur Salah Al Taamari s'indigne de l'augmentation du nombre de check points militaires autour de sa ville. «Lorsque Olmert annonce une baisse du nombre de barrières militaires en Cisjordanie, à Bethlehem, nous constatons exactement le contraire. Notre ville est sous siège et le développement de check points mobiles est incessant. Ils s'installent ici ou là à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et bloquent le passage des gens. Nous ne croirons les Israéliens que quand on verra un effet sur le terrain», insiste le gouverneur, joint par téléphone. «De plus, nous sommes régulièrement menacés par les colons. La colonie d'Afrat se développe dangereusement et personne ne peut arrêter cela. Les colons font des attaques régulières contre les manifestations pacifiques», s'inquiète-t-il. Dans le nord de la Cisjordanie, les habitants souffrent des invasions nocturnes de l'armée. «Il y a quelques jours, les soldats sont entrés dans ma maison. Ils nous ont tous enfermés durant quatre heures dans une petite pièce et se sont servis dans le frigo», témoigne une habitante du camp de l'Ein, à Naplouse. L'entrée de sa maison a été marquée par le «T» hébreu de Tsahal. Tant que les Palestiniens subiront le harcèlement des soldats et des colons, l'espoir de paix restera lointain et les négociations des mots sur du papier.