Le Maroc connaîtra à l'horizon 2030 des mutations profondes inhérentes au climat, à la démographie et à la globalisation, a affirmé mardi à Rabat le Haut commissaire au plan, M. Ahmed Lahlimi Alami. Animant une conférence sur le thème ""Maroc 2030"" dans le cadre d'une série de conférences initiées par le Club diplomatique marocain, M. Lahlimi a indiqué que ""le Maroc doit se mobiliser afin de pouvoir faire face à la situation résultant de ces grands changements"" qu'il a appelés ""tendances lourdes des changements"". S'agissant des changements climatiques, a-t-il dit, ils seront caractérisés à l'échelle mondiale par l'augmentation de la température moyenne de 1,4 à 5,8 C d'ici la fin du siècle, la récurrence des sécheresses et la pénurie de l'eau particulièrement en Méditerranée et en Afrique, l'accentuation de la vulnérabilité naturelle des écosystèmes. Le Maroc connaîtra, quant à lui, une hausse de la température de 0,6 à 1,1 C par décennie, une augmentation de la fréquence de la sécheresse, une réduction de 4 pc des précipitations à l'horizon 2020, ainsi qu'une baisse de 10 à 15 pc des ressources en eau pour la même période. Les tendances lourdes des changements climatiques au Maroc se manifesteront également par une menace d'envasement des barrages, une dégradation du couvert végétal et des conditions de vie des populations des zones arides et semi-arides, ainsi que part un risque d'aggravation de la pauvreté et de l'exode rural. Au volet démographique, le conférencier a expliqué qu'on assistera à une stagnation de la population des pays du Nord, voire une baisse en Europe de 730 à 700 millions, une augmentation de l'espérance de vie en Europe de 74 ans en 2005 à 79 ans en 2030, précisant que l'Europe va recourir à l'immigration en tant que réponse à l'érosion de la productivité dans ses pays. Pour maintenir leur compétitivité, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie auraient besoin de 700 mille migrants par an au lieu de 230 mille aujourd'hui, a dit M. Lahlimi à titre d'exemple. Après avoir souligné que la population de l'Afrique passerait de 0,92 à 1,52 milliard d'âmes, soit l'équivalent de la Chine actuelle, il a fait savoir que cela engendrerait le risque d'une exacerbation de la pression sur les pays de la Rive sud de la Méditerranée comme lieu de passage obligé. Le Maroc, poursuit-il, est situé dans une zone de transit entre une Europe vieillissante, en perte d'effectifs et adoptant une politique d'immigration sélective, et une Afrique pauvre en explosion démographique.