LONDRES (Reuters) - Tony Blair a annoncé à la Chambre des communes le début du retrait du contingent britannique déployé dans le sud de l'Irak, dont les effectifs passeront en 2007 de 7.100 à 5.500 soldats environ. Le Premier ministre, qui a vu sa popularité fortement entamée par son soutien inconditionnel à l'intervention militaire décidée par Washington, a souligné toutefois que la présence militaire britannique serait maintenue jusqu'en 2008, au moins, et aussi longtemps qu'elle serait désirée. "Les effectifs réels passeront de 7.100 hommes actuellement - contre 9.000 il y a deux ans et 40.000 au moment du conflit - à environ 5.500", a déclaré le Premier ministre britannique, qui doit quitter le 10, Downing Street avant la fin de l'année. "La présence militaire britannique sera maintenue en 2008, et aussi longtemps qu'elle sera désirée, et qu'il y aura une mission à remplir." Cette annonce coïncide avec un accroissement important des effectifs militaires américains à Bagdad et une vaste opération contre les insurgés. Mardi, les soldats britanniques ont transféré à l'état-major irakien le commandement de la division irakienne cantonnée à Bassorah, dans le Sud chiite. UNE BONNE NOUVELLE, SELON WASHINGTON Pour le vice-président américain Dick Cheney, le calendrier de retrait britannique traduit les progrès réalisés dans cette région. "J'y vois le signe que dans certaines parties de l'Irak (...) la situation est plutôt bonne", a-t-il déclaré dans un entretien accordé au Japon à la chaîne ABC News. Malgré l'hostilité de l'opinion et du Congrès, désormais aux mains des démocrates, le président américain George Bush a opté pour le déploiement de 21.500 hommes supplémentaires pour garantir le succès de la vaste opération de pacification entamée récemment à Bagdad et dans la province occidentale de l'Anbar. Blair a déclaré que le projet de retrait britannique reflétait la différence entre la capitale, encore très instable, et le Sud. "Cela ne signifie pas que Bassorah est exactement comme nous le souhaitons, mais que le prochain chapitre de son histoire peut être écrit par les Irakiens", a-t-il dit. Le chef du gouvernement britannique a assuré que la Grande-Bretagne conserverait des capacités de combat pour appuyer les forces irakiennes autour de Bassorah, deuxième ville du pays et son principal centre de production pétrolière. Les soldats britanniques assumeront un rôle de soutien et de formation auprès des forces irakiennes, a-t-il précisé, laissant entendre qu'à la fin de l'été le retrait pourrait se poursuivre pour faire passer les effectifs militaires britanniques sous la barre des 5.000 hommes. Depuis l'invasion de l'Irak en 2003 par une coalition sous commandement américain, les forces britanniques, qui ont perdu 132 hommes depuis 2003, ont été chargées de quatre des provinces du sud de l'Irak, majoritairement chiites et moins touchées par la violence que les zones mixtes ou sunnites quadrillées par les forces américaines. RICE ASSURE QUE LA COALITION DEMEURE "INTACTE" A Copenhague, le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen a annoncé quant à lui le remplacement d'ici août du contingent terrestre danois par une petite unité héliportée. Le Danemark compte environ 470 soldats en Irak, placés sous commandement britannique. Selon Rasmussen, ils vont être remplacés par une unité de 55 soldats dotée de quatre hélicoptères de surveillance. Cinq soldats danois ont été tués au combat en Irak. La Lituanie a annoncé ensuite, à son tour, qu'elle retirerait d'Irak ses 53 soldats. "Nous comptons retirer nos troupes parce que les Britanniques et les Danois le font", a déclaré son ministre de la Défense, Juozas Olekas, à Reuters. A Berlin, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a estimé cependant que la coalition internationale sous commandement américain demeurait "intacte". "Les Britanniques disposeront encore de milliers de soldats dans le sud de l'Irak", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. "Il était prévu que si un transfert de responsabilité aux Irakiens devenait possible les forces de la coalition ne seraient plus indispensables." L'Australie, proche alliée de Washington en Irak, a exclu un retrait de son contingent malgré les appels répétés au Premier ministre John Howard pour qu'il fixe un calendrier du départ des troupes. Elle compte dans la région 1.400 militaires, dont un groupe de combat de 550 hommes. De son côté, le parlement bulgare a approuvé la prolongation d'un an de la mission de son contingent militaire en Irak. La Bulgarie, membre de l'Otan, va envoyer 155 soldats en Irak pour remplacer les 120 militaires et 35 membres du personnel de soutien actuellement déployés dans ce pays.