La consolidation des liens de coopération avec les pays du Sud a toujours occupé une place majeure dans les options économiques choisies par le Maroc. Le marché africain peut s'avérer porteur pour les entreprises exportatrices nationales pourvu que celles-ci adoptent une stratégie d'adaptation à la demande d'importation de cette région. Mais, compte tenu de la faiblesse du pouvoir d'achat des consommateurs africains, les entreprises marocaines, ciblant le marché africain, devraient privilégier une stratégie de pénétration basée sur des considérations de coûts que permettrait le recours à la production de masse de produits de faible ou de moyenne qualité, notamment au niveau de la filière textile et des produits de consommation courante. Dans le cas d'espèce, sont surtout concernées les entreprises opérant dans le textile qui pourraient être appelées à mieux se positionner sur les débouchés africains pour compenser toute perte éventuelle liée au démantèlement de l'accord multifibres. C'est une démarche qui a déjà donné ses preuves pour la Chine. En effet, ce pays a élaboré une stratégie dans ce sens et les résultats se sont avérés très concluants. L'on est conscient qu'il serait difficile de le concurrencer sur le bas de gamme. Toutefois, les entreprises nationales peuvent tirer profit de l'image positive dont dispose le Maroc de ces pays et fonder leurs opérations commerciales sur un rapport qualité-prix plus conséquent que l'offre concurrente, souligne-t-on dans une analyse émanant de la Direction des études et des prévisions financières. Sans conteste, les marchés de l'Afrique subsaharienne recèlent d'importantes opportunités dont la concrétisation suppose la mise en place d'une stratégie cohérente d'accompagnement des entreprises marocaines tant sur les plans institutionnel et informationnel que sur les plans financier et logistique. Un effort d'accompagnement serait nécessaire pour renforcer l'éligibilité des entreprises (PME-PMI) à prendre part aux projets financés par l'initiative internationale. Dans cette optique, le Maroc peut jouer un rôle important en matière d'assistance technique et scientifique et partant, échanger ses expériences dans d'autres secteurs d'activité, tels le transport, l'eau… Notons que cette coopération technique doit être mise en œuvre par l'Agence internationale marocaine de coopération dont la mission essentielle serait la mise à disponibilité d'experts et l'accueil de stagiaires. Autre constat et non des moindres : le rôle de la diplomatie au niveau des pays partenaires africains se révèle être d'une importance indéniable. Pour ce faire, les efforts de rapprochement économique, politique et culturel, engagés suite aux différentes visites royales aux pays africains, devraient être fructifiés et ce, à travers une activation des cellules de veille économique au niveau des ambassades et missions consulaires. Il n'en demeure pas moins qu'en dépit de l'intérêt de plus en plus croissant porté par les opérateurs nationaux pour le marché africain, les investissements privés marocains y sont encore faibles alors que paradoxalement, ces marchés sont plus accessibles que d'autres destinations et ne reflètent guère le crédit en termes d'image de marque dont jouit le Royaume. En admettant que les obstacles entravant le développement du commerce soient atténués, l'accroissement de l'intensité bilatérale des échanges entre le Maroc et les pays africains à un niveau comparable à celui observé dans certains pays du Sud, notamment entre le Brésil et les pays d'Amérique latine, occasionnerait, toutes choses égales par ailleurs, un gain d'échange substantiel entre les deux partenaires. Et au regard des perspectives d'évolution des économies de l'Afrique subsaharienne et compte tenu des pressions qui pèsent sur un certain nombre de secteur d'activité orientés à l'export, une redéfinition du positionnement économique du Maroc sur les marchés de l'Afrique revêt une importance critique.