BURAS, Louisiane (Reuters) - A 6h10, ce matin du 29 août 2005, l'ouragan Katrina a atteint les côtes américaines à Buras, une petite localité située sur une avancée de terre coincée entre le Mississippi et le Golfe du Mexique. Mardi à 6h10, un an jour pour jour après la catastrophe, la ville s'est tue pour commémorer le passage meurtrier de l'ouragan. A une centaine de kilomètres plus au nord, à La Nouvelle-Orléans, les cloches ont sonné à 9h38 (14h38 GMT), l'heure exacte à laquelle, un an plus tôt, la première digue la protégeant des eaux avait cédé, bientôt imitée par d'autres, inondant jusqu'à 80% de la ville. Le président George Bush, dont la gestion initiale de la catastrophe a été la cible de très vives critiques, devait assister à une cérémonie religieuse en hommage aux victimes et rencontrer des habitants revenus dans la ville. A Buras, une centaine de personnes se sont rassemblées dans la caserne des sapeurs pompiers volontaires, dont une partie des murs emportés par la violence des bourrasques n'ont toujours pas été reconstruits. Il reste même quelque bateaux de pêche à la crevette que la violence de l'ouragan a traînés à terre et qui gisent encore sur une pelouse de la ville. Quelque 3.000 âmes vivaient à Buras avant la catastrophe et le repeuplement de cette ville vivant de la pêche tarde en dépit de la présence des caravanes financées sur fonds fédéraux pour reloger les sans abris. "Ma femme voulait rentrer. Moi, je ne le veux pas, pas encore. Mais j'espère qu'avec le temps, la situation s'améliorera et que je pourrais retourner à la pêche avant longtemps", explique Donald Parker, un ancien ostréiculteur de Buras qui s'est réfugié à Jackson, au Mississippi. LENTE RECONSTRUCTION Katrina a fait quelque 1.500 morts sur son passage, frappant le plus durement la Louisiane et le Mississippi. D'après le Centre national des ouragans des Etats-Unis, elle constitue la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire du pays (80 milliards de dollars). Symbole des destructions, La Nouvelle-Orléans a programmé des cérémonies fidèles à l'image pré-Katrina de cette ville unique, berceau du jazz et havre pour les musiciens. Des "brass bands", ces orchestres de cuivre qui ont contribué à la renommée de la ville, se produiront dans les rues. Certaines parades musicales passeront devant le Superdome, la gigantesque enceinte sportive où des milliers de personnes s'étaient réfugiées et avaient attendu leur évacuation pendant des jours entiers. Avant le passage de Katrina, la population de La Nouvelle-Orléans comptait quelque 485.000 habitants. Elle oscille aujourd'hui entre 220.000 et 235.000 habitants. Lundi soir, pour la première des deux soirées musicales d'"anti-versaire" visant à réunir des fonds pour aider au retour des musiciens, Jeff Beninato, l'organisateur, a déploré que la solidarité financière se soit aussi rapidement effilochée. "Etre oublié aussi rapidement que cela s'est produit, j'espère que cela n'arrivera à personne d'autre", a-t-il dit. La reconstruction sera longue, a admis George Bush lundi soir à Gulfport, dans le Mississippi. "C'est un anniversaire, mais cela ne veut pas dire que c'est une fin. Franchement, c'est juste le début de ce qui va être une longue reconstruction", a-t-il dit.