Des milliards d'abeilles meurent chaque année dans le monde à cause des pesticides, un fléau qui touche également le Maroc. Pour mieux échapper aux pesticides, les apiculteurs marocains déposent leurs ruches loin des surfaces agricoles. Les explications. Les pesticides sont bel et bien nocifs pour les abeilles. C'est ce que confirme un article du magazine Science qui a mené deux études distinctes, rapporte le Monde aujourd'hui vendredi 30 mars. Les abeilles désorientées Ces deux études soulignent que les néonicotinoïdes, la famille d'insecticides la plus répandue dans le monde agit sur le système nerveux central des insectes, faisant perdre le sens de l'orientation des abeilles et les empêchant de rejoindre leur ruche. Résultat : des milliards d'abeilles meurent chaque année. Une véritable catastrophe pour l'agriculture puisqu'un tiers de la production agricole mondiale dépend de la pollinisation réalisée gratuitement par les abeilles. 40% de l'alimentation de l'homme, que ce soit fruits ou légumes dépend de ces insectes volants. Loin des champs Le Maroc n'est pas épargné, non plus par la mortalité des abeilles. Pour ainsi échapper aux pesticides, certains apiculteurs ont trouvé la solution. «Il faut éviter de placer les ruches dans des endroits où se trouvent des plantations industrielles. Il faut plutôt privilégier des endroits sauvages», explique Hicham Alami, apiculteur basé à Casablanca, contacté par nos soins. Il insiste sur le fait que le royaume possède une grande diversité de ressources naturelles. Hicham Alami ajoute que sur 100 abeilles, il en perd chaque année une dizaine à cause des pesticides ou des maladies naturelles frappant l'insecte. Au total, il possède une centaine de ruches un peu partout au Maroc de Meknès à Ben Slimane, en passant par l'Atlas et la plaine du Souss. «En changeant la ruche de place régulièrement, on va permettre à l'abeille de se nourrir davantage d'aliments différents et de produire du miel différent», poursuit-il. Ainsi, Hicham a placé ses ruches à la montagne, dans la forêt de Bouskoura mais également dans la région de Berkane où actuellement les fleurs des orangers commencent à fleurir, permettant ainsi aux abeilles de butiner ses fleurs et ainsi de produire du miel de fleur d'oranger. Le débat de la production du miel au Maroc a lieu en mai prochain. Une ruche produit en moyenne 25 kilos de miel par an au Maroc Les ruches de Hicham Alami produisent de 5 à 20 kilos de miels par an chacune. La moyenne marocaine est de 25 kilos par ruche contre 50 à 70 kg pour de grands pays producteurs comme l'Argentine, le Mexique ou l'Inde. Il produit des miels à base de plusieurs fruits et plantes qu'il revend ensuite aux pharmacies, herboristeries et magasins bio. Les miels les plus chers qu'il vent sont ceux le miel de thym et d'euphorbe, un genre de cactus endémique ne poussant que dans le Souss, des miels qui se vendent à 400 dirhams le kilo.