Alors que plusieurs pays ont annoncé le rapatriement de leurs ressortissants bloqués à Wuhan, mise en quarantaine à cause du coronavirus, les dernières informations de l'ambassade du Maroc à Pékin n'évoquent plus cette option pour les Marocains. Ces derniers ont réitéré leur appel à quitter Wuhan et à rentrer au pays. Alors que l'épidémie s'aggrave en Chine, le nombre de cas infectés par le coronavirus se rapprochant des 2 800 et le nombre de décès à 100, plusieurs pays ont annoncé leur intention de rapatrier leurs ressortissants. C'est le cas notamment de la France, de la Jordanie, des Etats-Unis et du Japon. Au Maroc, le rapatriement, ou l'évacuation des Marocains en dehors de Wuhan et sa province a été, jusqu'à vendredi dernier, une option. Une source au sein de l'ambassade du Maroc à Pékin nous a confié, la semaine dernière, que des discussions étaient en cours avec les autorités chinoises pour vérifier cette possibilité. Dimanche, la représentation diplomatique du Maroc à Pékin s'est contentée de relayer les assurances des autorités chinoises à l'égard des Marocains. «Le gouvernement de la République populaire de Chine a indiqué que suite à l'apparition du coronavirus, tout sera mis en œuvre pour assurer la sécurité, la santé et le bien-être des ressortissants marocains résidant en Chine, notamment dans la ville de Wuhan et dans le province de Hubei», indique dimanche soir l'ambassade dans un communiqué relayé par la MAP. Interrogée à nouveau par Yabiladi sur l'éventualité d'un rapatriement des ressortissants marocains, notre source au sein de l'ambassade n'a pas été en mesure de confirmer cette option, assurant qu'elle a été évoquée avec la partie chinoise. Une situation qui se corse et des denrées de plus en plus chères En attendant, plusieurs étudiants marocains installés dans la province de Hubei ont continué d'appeler, notamment sur les réseaux sociaux, les autorités marocaines à intervenir alors que la situation semble se corser. «La situation est préoccupante. Le virus se propage et le nombre de décès augmente. On pense que le virus devrait se propager encore plus», nous confie Brahim, un étudiant marocain bloqué dans la province de Hubei. «Je suis sorti ce matin pour acheter de la nourriture dans un supermarché. Heureusement je vis tout près des commerces, mais il y a des Marocains et des étudiants étrangers qui vivent loin des supermarchés. Il leur est difficile de s'y rendre car le nombre de taxis en activité dans la ville est très faible», déplore-t-il. De plus, bien que des boutiques aient ouvert depuis vendredi, «les prix ont augmenté et les disponibilités sont très limitées», regrette-t-il encore, faisant part de sa peur et son inquiétude face à cette situation. Son camarade Omar, lui aussi étudiant, partage son inquiétude et sa peur. «La situation est très mauvaise. Nous sortons de chez nous seulement pour nous approvisionner en denrées mais celles-ci deviennent de moins en moins disponibles et même lorsque nous sortons pour aller au supermarché, nous avons peur d'être infectés», déclare-t-il. Il confirme l'augmentation des prix de denrées alimentaires et le risque, pour certains Marocains, d'épuiser bientôt leurs ressources. «Nous avons l'impression d'être emprisonnés. Les cours sont suspendus et nous sommes bloqués chez nous», ajoute-t-il. Les étudiants marocains veulent être rapatriés au Maroc Contrairement à Brahim, Oumayma rappelle que «tout le monde n'a pas l'avantage d'habiter à côté d'un supermarché, d'autant que les moyens de transport sont suspendus». «Ceux qui sont en groupe, dans des campus, ont la chance de rester ensemble. Mais ceux qui sont en dehors du campus sont livrés à eux-mêmes», regrette-t-elle. Elle précise aussi que «certaines universités ont annoncé l'annulation de ce semestre et une reprise prévue fin août». «Il n'y a donc pas de raisons de rester», ajoute-t-elle. «Je suis toute seule. Personne au sein du consulat du Maroc ou de l'ambassade n'a pris contact avec moi», fait-elle savoir, rappelant que les autorités marocaines en Chine «ont appelé ceux qui veulent rentrer à envoyer des mails». Seulement, «il n'y a pas eu de suite». «J'aimerais rentrer au Maroc, comme c'est le cas de la majorité des étudiants», déclare-t-elle. C'est effectivement le cas d'Aya, étudiante marocaine à Wuhan qui déclare vouloir «retourner au Maroc». «Nous attendons toujours la décision de l'ambassade et ce qui est prévu de faire dans les prochains jours. Nous attendons également les réactions des autorités marocaines et ce qu'elles veulent faire concernant notre situation actuelle», confie-t-elle. «Nous aimerions retourner dans notre pays, nous ne voulons pas qu'ils aient peur de nous, nous n'avons rien. Nous voulons juste rentrer chez nous», assure-t-elle. Omar, qui affirme être en compagnie d'un autre compatriote, précise que les étudiants marocains n'ont pas encore reçu les aides ou l'assistance promises par les autorités marocaines. «Ils peuvent nous laisser en quarantaine pendant 14 ou 20 jours le temps d'être sûr de ne pas être porteurs du virus. Nous ne voulons pas rentrer au Maroc sans être sûrs de ne pas porter ce virus, mais nous voulons tout de même rentrer chez nous», lâche-t-il enfin. Le roi Mohammed VI ordonne le rapatriement des Marocains en Chine Le roi Mohammed VI a présidé ce lundi, au Palais royal de Rabat, une séance de travail consacrée à la situation des citoyens marocains se trouvant dans la province chinoise de Wuhan, mise en quarantaine par les autorités chinoises à cause du coronavirus. Un communiqué du Cabinet royal, relayé par la MAP, précise que le souverain a donné ses hautes instructions pour le rapatriement de la centaine de ressortissants marocains, essentiellement des étudiants, se trouvant actuellement dans cette province. Le roi Mohammed VI a également ordonné que les mesures nécessaires soient prises au niveau des moyens de transport aérien, des aéroports appropriés et des infrastructures sanitaires d'accueil spécifiques. Le roi a aussi ordonné au chef du gouvernement et aux différents responsables présents, chacun dans son domaine de compétence, d'assurer le suivi et la coordination adéquats. Cette séance de travail s'est déroulée en présence du chef du gouvernement Saadeddine El Othmani, du conseiller du roi, Fouad Ali El Himma, du ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, du ministre des Affaires étrangères et de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, du ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb et du général de corps d'armée Mohamed Haramou, Commandant la Gendarmerie royale. Article modifié le 2020/01/27 à 20h46 Bilan Coronavirus dans le monde 259 465 151 Contaminations 5 174 661 Décès 235 366 205 Guérisons 53.8% de la population mondiale vaccinée