Après Tétouan et Mohammedia, c'est autour de la faculté des sciences de l'éducation de l'Université Mohammed V de Rabat d'être secouée par un nouveau scandale sur fond de harcèlement sexuel présumé, dénoncé par deux étudiantes qui accusent leur professeur. L'affaire, datant du février 2018, vient d'être révélée au grand jour cette semaine. Elle a, d'ailleurs, fait l'objet d'une correspondance adressé le 17 janvier 2019 par l'association marocaine des droits de l'Homme au procureur du roi près le tribunal de première instance de Rabat, le département de l'Enseignement supérieur et la présidence de l'Université Mohammed V de Rabat. Tout commence à la Faculté des sciences de l'éducation de la capitale. Deux étudiantes inscrites dans un master s'adressent à l'AMDH pour dénoncer un «harcèlement sexuel» d'un professeur. Elles se disent aussi, avec d'autres collègues, victimes présumées d'abus de pouvoir. Dans sa lettre, l'association affirme avoir pris connaissance d'un enregistrement audio attestant d'une conversation entre l'une des étudiantes et son professeur. Ce dernier «semble tenter de s'approcher d'elle pour l'embrasser et la toucher puis exercerait une sorte de chantage pour la pousser à prendre l'initiative». «Dans cet enregistrement, l'individu tenterait aussi de présenter la situation comme un avantage offert à l'étudiante qui doit, selon lui, en profiter», poursuit la lettre. L'autre étudiante dit, pour sa part, avoir «reçu un appel téléphonique du même professeur où ce dernier lui aurait fait des avances à connotation sexuelle». L'ONG a ainsi appelé les autorités compétentes à l'ouverture d'une enquête indépendante pour «permette de réparer les victimes et de les protéger de toute injustice pouvant les priver de leur droit de poursuivre leurs études». Les autorités de la faculté déjà au courant ? Contacté ce jeudi par Yabiladi, le secrétaire général de l'AMDH, Taib Madmad nous déclare que «les étudiantes, leurs familles et l'association constatent que le dossier n'a pas connu d'avancées depuis la lettre déposée en janvier». Il nous informe également que «trois ou quatre copines sont également concernés par le bras de fer entre les deux étudiantes et le professeur». «Avant de s'adresser à l'AMDH, les parents de l'une des filles se sont déjà adressés au doyen de la faculté pour l'informer de cet harcèlement présumé. Il leur a assuré que des mesures seront mises en place et que le problème sera réglé», poursuit notre interlocuteur. Tout en rappelant que l'une des deux filles a été victime d'une crise ayant nécessité la consultation d'un psychologue, il rappelle que les étudiantes ont été entendues en janvier par la police et ont déposé plainte. «Le doyen et la présidence de l'université ont également tenté de prendre contact avec le père» de l'une des filles pour régler le problème. «Seulement, le dossier ne semble pas avancer», conclut Taib Madmad. Cette affaire n'est pas un cas isolé. Déjà en octobre dernier, une étudiante, mariée et maman de trois enfants, avait déposé plainte contre un professeur de la Faculté de Mohammedia l'accusant de harcèlement sexuel. En avril 2017, l'Université Abdelmalek Essaadi a été secouée par un autre scandale, lorsqu'une page Facebook avait commencé à dénoncer le harcèlement sexuel d'un professeur d'algèbre vis-à-vis de plusieurs étudiantes.