Une trentaine de tombes musulmanes ont été profanées, samedi après midi, à Carcassonne, dans le sud est de la France. Les réactions de solidarité avec les musulmans se sont multipliées depuis l'annonce des faits. Si cet acte rappelle les positions islamophobes du Bloc identitaire, présent dans la ville, aucune piste n'est encore privilégiée. Nouvelle profanation. 28 tombes et une stèle appartenant au carré musulman du cimetière Saint Michel à Carcassone, ont été couvertes d'inscriptions racistes, samedi 17 septembre, dans l'après midi, rapporte la Dépêche. «A mort les musulmans», «A bas les juifs», «La France au Français» ont été écrits au marqueur rouge, noir et bleu sur les sépultures. Croix gammées et inscriptions nazies complètent le triste tableau. Le 19 mai, une mosquée était profanée à Champagnole. Cette fois, plus encore que la profanation elle-même, le fait qu'elle ait été infligée à des tombes d'anciens soldats de l'armée française ayant combattu pendant la première guerre mondiale révolte. C'est la première fois que ce genre d'acte se produit à Carcassonne, a indiqué Jean-Claude Pérez, député-maire de Carcassonne. «Par ces inscriptions haineuses et complètement folles, on s'attaque avec lâcheté à des tombes de soldats morts pour la patrie. Cet acte m'inspire un dégoût profond en tant que citoyen français», confie Abdallah Zekri, président national de l'Observatoire des actes islamophobes, au Conseil français du culte musulman. L'homme tire la sonnette d'alarme. «En 2010, 108 plaintes pour actes racistes ont été recensées. Il y en a déjà deux fois plus en 2011 alors que l'année n'est pas finie», souligne Abdallah Zekri. Dallil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, estime que «ce climat est insupportable et [nous] attendons une prompte réaction des autorités de l'Etat afin de punir les auteurs de tels actes et de tout faire pour empêcher leur renouvellement.» Solidaire, Hubert Allouche, président du Conseil représentatif des institutions juives de France en Languedoc-Roussillon, exprime, au nom du CRIF, «toute [son] indignation pour cette horrible profanation. [...] Le fait de s'en prendre à des tombes de soldats est aussi une insulte à la République car on s'attaque à la mémoire et à une communauté qui a montré l'exemple en s'engageant au côté de la France.» Tous appellent la justice à faire son travail. La mairie a porté plainte. La préfecture a ouvert une enquête et dès 18h45, samedi, «la police technique et scientifique a procédé aux première constatations, photos, relevés d'empreintes et d'indice», a assuré Olivier Delcayrou, le secrétaire général de la préfecture de l'Aude. Pour l'heure, a insisté Jérémie Bosse Platière, le directeur départemental adjoint de la sécurité publique, «aucune piste n'est privilégiée, et aucune piste ne sera laissée au hasard». Pourtant, une piste, au moins, semble évidente pour qui habite Carcassone. Depuis quelques mois, les Carcassonnais ont pu voir proliférer des tracts et des tags réalisés au pochoir sur les murs et les trottoirs de la ville, marquant la présence du Bloc identitaire, indique le journaliste du quotidien régional la Dépêche. Un tract avait, notamment été distribué : «Carcassonne est devenue une véritable cité de non-droit où règnent sans partage les bandes ethniques. Le racisme anti-blanc est bien réel. Mais il n'est pas trop tard car ces rues sont les nôtres et les Identitaires seront là pour rappeler que nous sommes maîtres chez nous !» En attendant les résultats de l'enquête, la municipalité a fait repeindre et restaurer les stèles immédiatement après que la police scientifique et technique ait procédé aux relevés nécessaires à l'enquête, indique le Parisien, «pour ne pas les infliger plus longtemps aux familles», explique le maire de la ville.