Une délégation marocaine rencontrera Horst Köhler à Berlin. L'occasion pour le Maroc d'oser une ouverture en direction des élites sahraouies unionistes, et de rompre en conséquence avec un modèle établi depuis des décennies. Horst Köhler a reçu, hier à Berlin, une délégation du Polisario conduite par Brahim Ghali. Ses membres ont été scrupuleusement sélectionnés : aux côtés du chef du mouvement séparatiste, figure Khatri Addouh, le «président du parlement», un élu ainsi que Fatima El Mahdi, présidente de l'Union des femmes sahraouies. A ces deux noms s'ajoutent M'Hamed Khadad, l'inamovible coordinateur avec la Minurso et Mohamed Ali Zerouali, l'ancien représentant du Front en Allemagne, qui officiait en tant qu'interprète. Le Maroc est appelé à innover dans le choix des membres de sa délégation qui va rencontrer l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU. «Envoyer uniquement le ministre des Affaires étrangères ou un autre haut fonctionnaire de ce département ne ferait que servir la machine de communication du Polisario. Celle-ci ne cesse de répéter que le conflit se joue exclusivement entre le royaume et le Front, le seul 'représentant légitime des Sahraouis'», nous confie une source proche du dossier. En finir avec la thèse du conflit opposant le Maroc aux Sahraouis En vue de rompre définitivement avec un ordre établi depuis les années Basri, «une ouverture en direction des élites sahraouies unionistes est plus que souhaitable. C'est même une nécessité», suggère-t-elle. Les personnes à même de remplir cette mission aux côtés du chef de la diplomatie ne manquent pas. Hamdi Ould Errechid et Ynja Khattat (un ancien cadre du Polisario), respectivement présidents des régions de Laâyoune-Smara et Dakhla-Oued Eddahab, pourraient parfaitement assumer cette fonction. Tous deux sont en effet issus des Rguibates et des Oulad Dlim, deux grandes tribus du Sahara. D'autres parlementaires originaires de la province pourraient apporter leurs contributions et défendre le plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007 devant Horst Köhler. Des voix capables de remettre en question les thèses du Polisario ainsi que sa «légitimité», et de présenter le conflit à travers un autre prisme, à savoir une majorité de Sahraouis unionistes contre une minorité de leurs frères et cousins séparatistes à la solde de l'Algérie. Pour contourner l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 21 décembre 2016, le Maroc a proposé de consulter les représentants de la population sahraouie.