Quatre associations appellent les parents d'élèves des établissements conventionnés avec l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger à battre le pavé pour dénoncer la restriction du budget alloué à cet établissement public. A Casablanca, les parents d'élèves des établissements conventionnés avec l'AEFE ne décolèrent pas. La mauvaise nouvelle est arrivée par une lettre du directeur de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, Christophe Bouchard, le 3 octobre dernier, adressée aux chefs d'établissement et directeurs administratifs et financiers de tous les établissements conventionnés dans le monde. Grosso modo, Christophe Bouchard annonce une réduction du budget alloué à l'Agence de 33 millions d'euros pour l'exercice 2017. Une coupe drastique qui s'accompagne de plusieurs mesures, notamment la suppression des subventions accordées aux établissements «sauf sur la sécurité et les protocoles pluriannuels d'investissement», et la suppression des postes d'expatriés et de résidents en 2018 et 2019 «dont le nombre sera arrêté après consultation des instances compétentes en matière de dialogue social». De plus, le courrier indique que la participation financière complémentaire sera portée exceptionnellement à 9% pour l'année 2018 «puis reviendra à 7,5% en 2019». Plus précisément, il est question de la suppression de 80 postes d'expatriés et de 100 postes d'enseignants résidents pour 2018 sur les établissements en gestion directe (74) et ceux qui sont conventionnés (262), a fait savoir l'AEFE au journal Les Echos. En 2019, 160 autres postes seraient susceptibles de disparaître. Quant à 2020, l'Agence n'a «pas de projection de son allocation de budget». Des postes d'enseignants titulaires remplacés par des locaux En réponse au courrier de Christophe Bouchard, quatre associations de parents d'élèves marocains ont rédigé un communiqué dans lequel elles appellent «TOUS [leurs] membres et TOUS les parents d'élèves à participer à la 'Journée d'actions et solidarité' à travers le Maroc le lundi 27 novembre 2017 et qui coïncide avec la tenue du Conseil d'Administration de l'AEFE à Paris». Un sit-in est prévu le même jour à 9 heures devant le lycée Lyautey. Premiers concernés, les professeurs devraient également leur prêter main forte. «Concrètement, cette réduction du budget va se traduire par une diminution des postes d'enseignants titulaires pour faire des économies. Par conséquent, soit le poste sera fermé dans le pire des cas, soit, dans le meilleur des cas, il sera remplacé par des contrats locaux», explique à Yabiladi Mounya Dinar Krisni, présidente de l'association des Parents d'élèves des établissements publics français au Maroc (PEEP), l'une des signataires du communiqué. «Les contrats locaux coûtent certes beaucoup moins cher, mais quid de la pédagogie ? Quid de la qualité de l'enseignement ? Quid de la formation ?», s'inquiète cette responsable associative. «La réduction du budget va également impacter tous les projets qui étaient en cours. Au lycée Lyautey par exemple, il y a des bâtiments préfabriqués, dans d'autres écoles primaires, il n'y a pas de cantine. Sur les dix dernières années, les établissements conventionnés au Maroc n'ont jamais bénéficié d'aucune subvention de l'AEFE pour un quelconque projet de construction ou de réfection de locaux. On s'est toujours appuyé sur nos propres deniers, c'est-à-dire sur les réserves qui ont été constituées dans chaque établissement à travers, principalement, les frais de scolarité», poursuit Mounya Dinar Krisni, qui craint une augmentation de ces frais. Le réseau de l'AEFE, soumis à une forte pression, accepterait de moins en moins d'élèves, qu'il renverrait vers les groupes scolaires rattachés à l'OSUI (Office scolaire universitaire et international) et ceux homologués par le ministère français de l'Education nationale, regrette encore la présidente du PEEP. Article modifié le 24/04/2018 à 12h56