Aux côtés de 26 de ses homologues, la Commission nationale de contrôle de la protection des données a participé à un audit sur les règles et la politique de confidentialité relatives à la protection de la vie privée. Elle déplore l'opacité qui entoure la gestion des données personnelles sur la Toile. Les résultats de l'édition 2017 de la campagne internationale «Internet Sweep Day», menée par la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) et 26 de ses homologues dans le monde, révèlent que «l'information sur l'utilisation faite des données personnelles est insuffisante», indique la MAP. L'audit, porté sur 455 sites web et applications mobiles utilisés dans les secteurs de l'éducation, la santé, la vente en ligne, les voyages, les jeux, les réseaux sociaux, la finance et les banques, note qu'au niveau national, la CNDP a contribué à cette opération en analysant 30 sites web nationaux. Les résultats obtenus au Maroc sont globalement similaires à ceux obtenus à l'échelle internationale. Sur les 30 sites web marocains audités, seulement 37% contiennent des informations précises sur les règles et la politique de confidentialité relatives à la protection de la vie privée, 27% précisent les entités avec lesquelles sont partagées les données, tandis que 33% permettent aux internautes d'exercer leur droit d'accès. De même, 33% des sites procurent aux internautes un moyen pour effacer leurs données personnelles. Sur le plan international, les résultats obtenus aux termes de cette campagne révèlent que «les règles et la politique de confidentialité relatives à la protection de la vie privée dans les divers secteurs audités ont tendance à être vagues, qu'ils manquent de détails et contiennent souvent des clauses génériques». Par ailleurs, la majorité des éditeurs n'informent pas les utilisateurs de ce qu'il adviendra de leurs données personnelles, une fois collectées. «Les organismes audités sont assez clairs quant aux catégories des données collectées auprès des utilisateurs», poursuit l'audit, indiquant toutefois qu'ils «ne précisent pas les entités avec lesquelles ils partagent les données personnelles des utilisateurs». Ainsi, la plupart des éditeurs ne donnent aucune précision, ni sur les mesures de sécurité mises en place, ni sur le pays où les données sont hébergées. Une négligence qui peut avoir des conséquences sur la vie privée des internautes dont les données personnelles peuvent tomber aux mains de hackers ou services de renseignements. Le royaume friand de logiciels espions Or justement au Maroc, la surveillance des internautes va bon train. En octobre 2016, The Intercept, un magazine en ligne spécialisé dans les enquêtes sur la surveillance globale, révélait que la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) figure depuis 2008 sur une liste des clients de l'entreprise privée néo-zélandaise Endace, qui vend des solutions de surveillance de réseau. Ainsi, les renseignements marocains du contre-espionnage auraient bénéficié des services de ce groupe via son fleuron technologique, «The Medusa System» («Système de la méduse», en français). Un programme dont le principal objectif est l'interception et la collection d'une grande quantité de data en un temps record. «Sa technologie permet aux clients de surveiller, d'intercepter et de capturer 100% du trafic sur les réseaux», avait détaillé le magazine. La DGST figurait également parmi les clients de l'entreprise italienne Hacking Team. Elle aurait déboursé 837 000 euros en septembre 2011 suite au séjour d'une équipe de la société au Maroc. Le système italien pour intercepter et collecter des échanges a priori chiffrés sur les messageries s'appelait «Da Vinci». En 2011 également, le gouvernement marocain avait acheté à Amnesty Bull, société française de services en ingénierie informatique, des infrastructures de surveillance lui permettant de censurer et surveiller le trafic internet pour la bagatelle de... 2 millions d'euros, d'après plusieurs ONG, à l'instar de l'Association des droits numériques (ADN). La CNDP appelle les citoyens à la vigilance A l'issue de l'audit de la campagne «Internet Sweep Day», la CNDP notifiera les manquements constatés aux organismes contrôlés afin qu'ils prennent les mesures correctives qui s'imposent. La Commission effectuera aussi des actions de sensibilisation auprès des citoyens afin qu'ils soient vigilants lors de la communication de leurs données personnelles et qu'ils n'hésitent pas à dénoncer auprès d'elle toute utilisation inappropriée de leurs données personnelles, a déclaré la Commission à la MAP. Article modifié le 26/10/2017 à 17h54