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Mehdy Mariouch expose ses photos dans les villages des «gueules noires» [Interview]
Publié dans Yabiladi le 04 - 09 - 2017

Passionné de photographie depuis toujours et du street art (art urbain), Mehdy Mariouch a choisi d'amener son exposition dans le village d'Ahoulli et Mibladen où il a photographié les mineurs marocains dans leur quotidien.
Mehdy Mariouch, 31 ans est un photographe à l'avenir prometteur. Il a eu l'idée d'amener l'exposition «Bribes de vie, de Balima à Jerada» auprès des «gueules noires» qu'il a photographiées dans le village d'Ahoulli et Mibladen (respectivement à 25 et 15 km de Midelt, dans la région de Draâ-Tafilalet). Une exposition à ciel ouvert au plus près de ses muses. Interview.
Comment avez-vous eu l'idée d'exposer dans les villages ?
L'idée est venue le jour de l'exposition «Bribes de vie, de Balima à Jerada» à l'Uzine, en février dernier, en discutant avec la commissaire d'expo. Ca a commencé à germer dans mon esprit. Je me suis dit que les personnes que j'ai photographiées vivent au jour le jour. Quand ils vont à la mine, ils gagnent leur salaire de la journée. Ils n'ont pas un salaire en fin de mois, ou en fin de semaine. Pour les déplacer et qu'ils viennent à Casablanca voir leurs photos ça va coûter. Pour eux ce sont des dépenses supplémentaires.
Petit à petit, on a vu comment on pouvait faire parce que c'était de l'auto production et l'impression ça coûte. Il fallait louer une voiture et se déplacer sur place. En plus de ça, je ne pouvais pas voyager vu que je travaillais. Il fallait que j'attende de prendre des vacances. J'ai donc pris une semaine de congé pour aller sur place en compagnie de deux amis à moi. C'est les mêmes photos que j'ai exposé à l'Uzine et j'en ai rajouté quelques unes que j'ai imprimé en grand format. Puis on a fait le collage sur place.
L'exposition à Ahoulli. / Ph. © Mehdy Mariouch
Comment était la réaction des villageois quand vous êtes partis faire cette exposition sur place et que vous avez collé les photographies sur le mur du village ?
Ahoulli est un village presque abandonné. Les mineurs viennent à Ahoulli depuis Midelt pour travailler et squattent les petites maisons pendant la semaine. Lors des deux jours où nous avons effectué les collages, ils se sont déplacés pour le plaisir. J'avais peur de leur réaction, vu que ce sont des personnes très pudiques. En fin de compte c'était complètement l'inverse, les gens étaient curieux. Quand ils ont vu que nous collions des visages sur les murs, ils reconnaissaient les personnes sur les photos et ils rigolaient entre eux. Après ils ont commencé à nous aider et à nous conseiller. Par exemple, ils me disaient «viens colle ma photo à coté de chez moi». Il suffisait de peu pour les engager dans notre action. On a eu un très bon feedback.
Combien de temps va durer cette exposition à ciel ouvert ?
Elle va durer jusqu'à ce que la pluie arrive. J'espère que personne ne va déchirer les photos. C'est vraiment une exposition de rue. L'intention est d'avoir plus de moyens logistiques pour pouvoir faire la même chose à Jerada par exemple, dans d'autres villages, dans les coins où je suis allé prendre des photo. A Ahoulli, l'architecture se prêtait à l'exercice, les photos se fondent dans le paysage.
Ph. © Mehdy Mariouch
Avez-vous eu des difficultés à approcher les mineurs marocains de l'exposition ?
Non. Beaucoup de personnes me posent cette question. Au contraire, c'était très facile. Il y avait une certaine alchimie, tu vas vers eux et tu leur expliques que le seul moyen que t'as pour les aider c'est de prendre des photos avec cet appareil. J'essaie de partager votre vécu et votre quotidien quel qu'il soit. Je commençais à parler avec eux, ils se sont livrés à moi et m'ont raconté petit à petit leurs difficultés et leur quotidien. Après les photos étaient très spontanées.
Est-ce que vous avez eu un soutien de la part des autorités ?
Non, pas du tout. J'ai eu un soutien de ma famille et des amis. Un ami m'a dit un jour : «Les meilleurs sponsors c'est les amis». Je pense qu'il a parfaitement raison. J'ai certains amis qui m'ont aidé avec le collage et qui se sont déplacés avec moi avec leurs propres moyens. La famille c'était un soutien moral. Mais sincèrement, je n'ai même pas demandé aux autorités de m'aider. Si c'était le cas je n'aurai pas pu faire cette exposition avant l'année prochaine.
Quels sont vos projets futurs ?
Mon but c'est de me donner à fond dans le collage dans la rue, démocratiser la photo et l'imposer aux gens. Rares sont les personnes qui vont dans les galeries. Après j'ai d'autres projets personnels qui sont encore au stade de l'idée, je préfère m'abstenir d'en parler maintenant.
Ph. © Mehdy Mariouch


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