Le 20 juillet, les détenus du Rif ont fait savoir que leur grève de la faim, rompue le jour même de la grande marche d'Al Hoceima, se poursuivra après la fête du Trône. Ceux n'ayant pas bénéficié de la grâce royale samedi relanceront-ils cette forme de protestation ? Pour l'instant, leurs avocats ne semblent pas avoir la réponse. Samedi, à l'occasion de la fête du Trône, le roi Mohammed a gracié 1 178 personnes, dont certains détenus du Hirak. Il s'agit de ceux «qui n'ont pas commis de crimes ou d'actes graves» dans les événements ayant secoué la région d'Al Hoceima, a indiqué samedi le ministère de la Justice dans un communiqué. A la prison local Ain Sbâa 1 de Casablanca, seul Salima Ziani, alias Silya, fait partie du groupe des détenus graciés. Le 20 juillet, jour de la grande marche d'Al Hoceima, interdite par les autorités locales de la capitale du Rif, les leaders du Hirak avaient annoncé la rupture de leur grève de la faim entamée quelques jours plus tôt. Ils avaient toutefois promis qu'ils reprendraient leur grève au lendemain du discours de la fête du Trône. Une reprise annoncée avant le discours royal Dimanche, plusieurs médias en ligne, à l'instar d'Al Aoual et Lakome, ont indiqué que la grève de la faim des détenus du Hirak reprendra ce lundi. Contacté par Yabiladi ce lundi, maître Abdessadek El Bouchtaoui, membre du comité de défense, tempère. «Nous ne savons pas encore exactement s'ils poursuivront leur grève de la faim, ni quand, mais ils (les détenus du Hirak, ndlr) nous ont dit qu'ils comptaient reprendre cette forme de protestation après le discours du Roi», nous confie-t-il. «Nous en aurons la confirmation lors de notre prochaine visite aux détenus. Ce n'était pas par rapport au discours du Roi. Ils avaient reporté la grève de la faim. Il faut savoir que le slogan adopté, c'est 'être libéré ou se sacrifier'. Ils l'ont donc reporté en signe de respect à la fête nationale.» Abdessadek El Bouchtaoui affirme aussi que «les détenus du Hirak sont convaincus de leur innocence». «C'est sur cette base qu'ils font une grève de la faim pour appeler à leur libération, soit à travers la grâce royale soit par une autre forme, notamment la fin de l'instruction et l'abandon des charges contre eux.» «Cela ne concerne que les détenus de Casablanca et pas ceux d'Al Hoceima», précise-t-il. Même son de cloche auprès de l'avocat Isaac Charia. «Avant la fête du Trône, les détenus nous avaient dit qu'ils reprendraient leur grève de la faim s'ils ne bénéficiaient pas de la grâce royale. Les avocats ne sont toujours pas au courant parce qu'ils n'ont pas encore rendu visite à leurs clients», nous déclare-t-il. Le Hirak ne s'arrêtera pas Quant à la situation du détenu Rabie Al Ablaq, Me Bouchtaoui affirme, dans une déclaration à Lakome, que sa grève de la faim entame ce lundi son 36e jour. «D'après son frère, sa situation ne cesse de se détériorer. On peut le perdre à n'importe quel moment», regrette-t-il. Isaac Charia affirme que le détenu n'a toujours pas rompu sa grève de la faim. Pour sa part, Naima El Guellaf, également membre du comité de défense, adopte le même ton. «Je ne peux ni confirmer ni infirmer l'information relative à la reprise de la grève de la faim. Les avocats visiteront leurs clients mardi. C'est à ce moment-là qu'on aura une confirmation», nous lance-t-elle avant de raccrocher. Sur le terrain, la fin du mouvement de contestation né fin octobre après la mort de Mohcine Fikri ne semble pas se profiler. Naoual Ben Aissa, figure féminine du Hirak, a indiqué dimanche matin dans une vidéo partagée sur sa page Facebook que les Rifains «s'accrochent à leurs revendications». «Nous tiendrons jusqu'au dernier souffle. Le Hirak existe toujours et continuera d'exister», a-t-elle lancé en rifain mâtiné de quelques mots en darija, insistant sur l'importance de libérer tous les détenus «innocents». «Nous voulons la libération de tous les détenus sans exception», insiste-t-elle. Et Nawal Ben Aissa de réaffirmer l'importance de la «résistance» et du «caractère pacifique du Hirak».